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Mise en ligne : 1er juin 2004

Texte de l'article :

Cette étude s’inscrit dans un contexte personnel spécifique. Recherche de fin d’études universitaires, ce travail aura en effet pris place dans mon investissement professionnel au sein du secteur associatif.

Aussi le choix du sujet s’est-il fait naturellement. Contraint dans mon exercice professionnel de constater l’errance et la détresse carcérale, et sensible d’un point de vue plus personnel aux problèmes sanitaires, j’ai souhaité m’arrêter à l’examen de ce que peut être la santé en prison.

Comment le soin est-il assuré ? Quels sont les soins disponibles ? Comment le soignant ménage-t-il sa pratique compte tenu du milieu visiblement hostile dans lequel il intervient ?

L’impression première qu’il est en effet possible de se faire du milieu carcéral et de la prise en charge sanitaire - c’est-à-dire non seulement thérapeutique, somatique, mais aussi préventive - en son sein, est de fait négative : alors que le but affiché de la sanction pénale moderne se veut être la réinsertion, l’appréhension première de l’opinion est que la prison, qui regroupe les « criminels », ne doit surtout pas être « quatre étoiles ». La priorité en est l’enfermement, la punition, la sanction, et certainement pas la reconstruction, le soin ou l’attention.

Ainsi ai-je décidé de m’intéresser à la question sanitaire en détention, au travers de la question de la prise en charge et du traitement de pathologies spécifiques, le sida et les hépatites - et notamment l’hépatite C.

Pathologies spécifiques du fait d’abord de leur caractère hautement invalidant et mortifère, mais aussi très symbolique : puisque renvoyant tant à la sexualité qu’à la toxicomanie, ces infections virales n’intéressent pas le seul champs thérapeutique, que ce soit en milieu libre ou, à plus forte raison, en détention.

De la seule question du traitement somatique, thérapeutique au sens strict, c’est en effet le problème de la prise en charge des infections, de leur prévention et de la « réduction des risques » qui est abordé. Et ce n’est alors pas la seule réalité carcérale qui est intéressée, mais plus globalement la question pénale en elle-même puisque sont alors en jeu les représentations sociales de ces pathologies au travers des réponses qui y sont données.

Quoi qu’il en soit, l’enjeu du présent travail semble devoir être d’envisager les réalités actuelles de la relation entre santé et prison ? Si la confrontation des notions semble d’emblée pour le moins difficilement compatible, qu’en est-il en pratique ?

Il m’a ainsi paru nécessaire de replacer cette question dans un cadre juridique et historique qui permette d’en appréhender l’essence actuelle. Que disent les textes français, européens, internationaux ? Quelle évolution a connu la question sanitaire dans les établissements pénitentiaires français ?

S’il est en effet évidemment nécessaire de s’attacher à décrire le système de soins en détention, il convient pour autant de la mettre en perspective par rapport aux normes édictées qui sont censées le réglementer.

Et alors, quel constat ? Quelles perspectives ?

De fait, et sans souhaiter pêcher par prétention, l’enjeu est ici tant de constater que de comprendre, afin de mieux appréhender les points de blocage et donc les voies possibles d’amélioration.

Car en effet, sauf à considérer que la prison et la santé sont intrinsèquement et définitivement exclusives l’une à l’autre, comment peut-on ménager ces deux notions de façon satisfaisante au regard des principes fondamentaux ?

C’est donc au gré tant de mon expérience personnelle et de mes lectures que grâce aux divers entretiens dont j’ai pu bénéficier que j’ai peu à peu pu comprendre et appréhender les enjeux du sujet.

Qu’il me soit donc permis de remercier, pour le temps et l’intérêt qu’ils ont bien voulu m’accorder, Mesdames DAHEL, médecin à Fleury Mérogis, et TRABUT, magistrate alors en poste à la Mission Interministérielle de la Lutte contre les Drogues et la Toxicomanie (MILDT) ; ainsi que Messieurs BES de l’Observatoire International des Prisons section française (OIP), LASTENET d’Act Up Paris, FEUILLERAT de la Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins - Ministère de l’emploi et de la solidarité (DHOS) et le Docteur DURAND, ancien médecin-chef des maison d’arrêt de Fleury Mérogis, et expert auprès du Comité européen de Prévention de la Torture (CPT).

Mes remerciements vont de façon plus générale aux divers intervenants, qu’ils soient chercheurs, membres du secteur associatif, politiques ou médecins, qui peuvent ou ont pu s’intéresser à la question carcérale - on verra en effet que c’est en premier lieu de ce manque d’intérêt, passé le prononcé de la sanction, dont souffrent les personnes sous main de justice.

Je tiens enfin à exprimer ma reconnaissance, en espérant ne pas les décevoir, à Danièle LOCHAK et Pierrette PONCELA pour leur patience et leur encouragement ; ainsi que, d’un point de vue tout à fait personnel, à Florence, Mélanie et François-Xavier pour leur aide et leur soutien, et enfin à Yacine qui m’aura à la fois supporté, encouragé et soutenu en ces jours difficiles.

Je dédie enfin ce laborieux travail à ma mère, sans qui je n’en saurais - évidemment - pas là....

Cette étude n’est pas, loin s’en faut, exhaustive ni donc close.
« Un travail, on ne le termine jamais, on l’abandonne » m’a-t-on dit récemment.
Telle est effectivement ma situation.
Ce document mérite approfondissement, compléments et réécriture - peut être même correction ; en tous cas élargissement à d’autres points de vue, et notamment à celui des personnels de surveillance, à la parole des détenus...
En fin de trajet universitaire et au début de ma vie professionnel, sans pour autant avoir atteint l’ambition que je m’étais fixée, il me faut clore cette recherche, que j’espère malgré tout pas trop éloignée des attentes que certains auront pu y placer.
J’aurai souhaité en être bien plus fier - mais il paraît que je ne suis jamais satisfait...

Paris le 29 août 2002