Introduction
Comme le souligne M.F. Hirigoyen (1998), les conséquences individuelles du stress ne sont pas reconnues parmi les maladies professionnelles mais une prise en charge se révèle de plus en plus nécessaire. Dans l’Administration Pénitentiaire, le stress est reconnu dans le cadre de la gestion des risques professionnels, on recommande aux agents d’identifier les facteurs professionnels sur lesquels ils peuvent agir, de se former aux stratégies de gestion du stress.
Dans le sens commun, on entend le stress comme un ensemble de perturbations biologiques et psychiques provoquées par une agression quelconque sur un organisme et des réponses de celui-ci (Larousse). En psychologie de la santé, (Soulimani, 2002) donne la définition suivante. « Etymologiquement le stress est un terme anglo-saxon, appliqué à l’origine dans le domaine de la mécanique pour désigner la tension que peuvent supporter des pièces métalliques de taille importante. Depuis le XIVème siècle, il prend le sens d’épreuve ou d’affliction. Le stress est un phénomène complexe qui implique des dimensions biologiques, psychologiques et comportementales. Contrairement à l’aspect négatif que laisse apparaître généralement cette notion de stress, il faut rappeler qu’un certain niveau de stress est naturel et même indispensable à la vie.
Néanmoins, comme le précise le rapport du Docteur Tardieu (98) et de son équipe, plus le stress est intense et prolongé et plus il risque d’entraîner l’épuisement de la personne et avoir des effets négatifs. Ces effets concernent non seulement l’individu mais le groupe social et l’organisation. En effet les difficultés rencontrées au niveau individuel peuvent se répercuter sur l’entourage professionnel mais également sur l’organisation sous forme d’absentéisme, de turn over et d’accidents de travail. A ce titre, si l’on semble aujourd’hui en mesure d’identifier les éléments qui génèrent du stress, il semble alors important de se tourner vers la question des ressources dont dispose l’individu pour faire face aux contraintes de travail. Par ressources on entend l’ensemble des moyens, des possibilités d’action dont dispose la personne pour réduire la tension générée par la situation stressante.
Le but de cette étude est donc d’identifier et d’analyser les stratégies mises en place par la population des surveillants du Centre Pénitentiaire de Marseille (CPM) pour faire face aux situations stressantes. Il s’agit plus précisément de saisir le sens de ces modes d’adaptation et la façon dont ils se traduisent dans la pratique. L’objectif est d’une part d’apporter des connaissances précises sur les stratégies développées par les surveillants du CPM. Nous répondrions ainsi aux recommandations faites dans le cadre de la gestion des risques professionnels. D’autres part, nous tâcherons de dégager des pistes de réflexion que nous mettrions à disposition de la structure de façon à ce qu’elle puisse envisager, le cas échéant, la mise en place d’interventions ou de dispositifs favorisant la prévention et la prise en charge de l’usure professionnelle.
Dans un premier temps nous explorerons les connaissances disponibles sur la question des modes d’adaptation au stress, en général et chez les surveillants. Ces recherches nous permettrons de dégager des axes d’analyses ou hypothèses qui guideront notre réflexion tout au long de l’étude. Nous présenterons ensuite les méthodes de recueil des données que nous avons utilisées et les résultats que nous en retirons. Nous tâcherons ensuite d’interpréter ces résultats en les reliant à des dimensions théoriques plus élargies. Alors seulement nous approcherons la question de ce qui peut être mis en place comme prolongement pratique des analyses retenues. Nos préconisations seront mises à la disposition de l’établissement, elles seront orientées vers la prévention et la prise en charge de l’usure professionnelle et viseront à s’adapter aux dispositifs actuellement en place au sein de la structure.