Confrontée à un taux important de personnes contaminées par le VIH et/ou le VHC, l’UCSA de la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone a adapté sa prise en charge. Aujourd’hui, l’équipe du Dr Fadi Meroueh propose aux patients infectés par le VHC d’initialiser un traitement en prison et mise sur la pluridisciplinarité et le travail en réseau.
À la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, le taux de prévalence du VIH s’élevait à 2,4 % en 2005. Sur 750 détenus, 13 personnes étaient ainsi contaminées. Parmi elles, 9 étaient coïnfectées par le VHC, dont une également par le VHB. Sur ces 13 détenus, 6 n’étaient pas suivis avant leur incarcération. Jusqu’en 2002, aucun traitement du VHC n’était mis en œuvre à la maison d’arrêt. Partant du principe que les critères d’inclusion au traitement du VHC n’étaient pas remplis en prison, l’équipe a alors cherché à savoir si les patients honoreraient un premier rendez-vous à la sortie de prison. Une enquête a ainsi permis tout d’abord de constater que le taux de prévalence du VHC était important, puisque le virus concerne 13 % de la population de la maison d’arrêt, mais aussi que l’observance se révélait mauvaise en post-carcéral puisque seuls 3 % des patients se rendaient au rendez-vous prévu. « Nous nous sommes alors interrogés sur la pertinence de l’initialisation d’un traitement en détention et sur les conditions de sa mise en œuvre », résume Fadi Meroueh.
Assurer « l’après ». Aujourd’hui, un dépistage des hépatites A, B et C, du VIH et de la syphilis est systématiquement proposé à tous les entrants et plus de 80 % des patients connaissent leur sérologie. Une équipe pluridisciplinaire (médecin généraliste, infirmière, psychologue, éducatrice spécialisée...) a été mise en place ainsi qu’un réseau extérieur (CSST, médecins généralistes et spécialistes...). « Ces partenaires acceptent de recevoir les patients sortant de prison sans solution, pour assurer la continuité du traitement », souligne le Dr Fadi Meroueh. En outre, poursuit-il « un courrier est remis au patient dès le début du traitement, un contact établi avec le médecin qui le suivra, l’ordonnance est déposée au greffe dans le paquetage de sortie et nous délivrons parfois une à deux semaines de traitement. » L’équipe a également créé en son sein un poste spécifique d’animatrice sociale, dont le rôle est de suivre les patients atteints du VIH et/ou du VHC pour préparer la mise à jour des droits sociaux.
De mi-2003 à mi-2007, 365 patients ont ainsi été vus. Parmi eux, 152 bénéficient ou ont bénéficié d’un traitement, soit 65 % des 234 personnes chez lesquelles avait été décelée la présence de l’ARN du VHC. Pour mieux évaluer l’intérêt de débuter le traitement en milieu carcéral, deux enquêtes « un jour donné » ont été réalisées, l’une en 2003, avant le lancement de l’opération, l’autre en 2007. Les résultats sont des plus probants et vont en faveur de l’initialisation. Ainsi, conclut le Dr Fadi Meroueh, « la prise en charge du VHC aujourd’hui n’a pas la même ampleur que celle du VIH, mais les freins sont en fait davantage à chercher du côté des professionnels que de celui des patients ».