L’UCSA de Perpignan assure le traitement des détenus atteints par l’hépatite C. Pour leur permettre de le mener à bien, une consultation infirmière spécifique a été mise en place. Ses missions : informer le patient sur sa pathologie et les effets secondaires, répondre à ses questions, gérer les conséquences au quotidien et favoriser l’observance.
Explications de Jérémy Hervet, infirmier.
Au centre pénitentiaire de Perpignan, qui compte entre 650 et 700 détenus [1], la prévalence de l’hépatite C est de 7 %. Par son importance, ce taux a incité l’équipe à mettre en place une consultation spécifique VHC intégrant la présence quotidienne à mi-temps d’une infirmière référente.
Première étape : le dépistage. « Tout détenu arrivant rencontre un médecin avec un personnel infirmier et se voit proposer de faire le point sur sa sérologie quant au VIH, au VHB, au VHC et à la syphilis, insi que, pour les femmes, de rechercher la présence éventuelle de chlamydiae », explique Jérémy Hervet. Par ailleurs, des dépistages sont proposés aux personnes ayant pris des risques, au cours de leur incarcération ou d’une permission de sortie et qui le souhaitent. Les résultats des prélèvements sanguins sont remis 15 jours plus tard par un médecin généraliste. Lorsque la personne est séropositive pour le VHC, un bilan biologique complémentaire, préthérapeutique, est réalisé. Le détenu rencontre trois semaines plus tard l’un des deux gastro-entérologues qui consultent à tour de rôle chaque semaine à l’UCSA, en présence d’un personnel infirmier.
En fonction du bilan biologique, du stade de la fibrose hépatique, de l’avis du psychiatre - l’établissement dispose d’un service médico-psychologique régional ou SMPR - et de la motivation du patient, une mise sous traitement par bithérapie est proposée. « Depuis 2004, nous avons recours au Fibrotest et, depuis mai 2006, nous disposons au sein de l’unité d’un FibroScan, toutes les quatre à six semaines, au sein de l’unité, explique Jérémy Hervet. Ce moyen, indolore et rapide, ne nécessite ni préparation ni hospitalisation et permet d’évaluer la fibrose dans le cadre du VHC, mais aussi du VHB ou encore d’hépatopathies alcooliques. »
Une approche globale. Le suivi infirmier se divise en deux temps. D’une part, l’équipe infirmière assure la distribution de médicaments, l’injection hebdomadaire, la surveillance biologique et une présence lors de la consultation mensuelle avec le spécialiste ; de l’autre, l’infirmière référente pour le VHC mène un suivi spécifique et régulier tout au long du traitement. « Cette consultation infirmière spécialisée a été conçue pour offrir une réponse à toutes les questions sur la maladie, le traitement ou la vie quotidienne que peuvent se poser les patients. Elle a également vocation à limiter le risque d’inobservance dû au découragement que peuvent provoquer les effets secondaires, à soutenir la motivation de la personne. Enfin, elle permet d’alléger la charge de travail de l’équipe », souligne l’infirmier.
Outre informer, encourager et accompagner le détenu afin de lui donner toutes ses chances de guérison, l’infirmière a également à gérer et limiter les conséquences de la pathologie au quotidien. Par exemple, il peut s’agir de faciliter la vie en communauté lorsque le détenu n’est pas seul en cellule, de régler les difficultés qui peuvent survenir lors des permissions (telle la poursuite des injections), de permettre l’annonce éventuelle au conjoint voire de lui suggérer un dépistage...
Un accompagnement étroit. Ce suivi débute par un entretien individualisé d’une heure environ, un jour avant le début du traitement. Durant celui-ci, l’infirmière recueille des informations sur l’histoire du patient (habitudes de vie, environnement...), de la maladie (antécédents, mode de contamination...), cherche à estimer ses connaissances et lui remet un livret de suivi du traitement. Le premier mois, elle voit le patient chaque semaine pour évaluer les effets secondaires et les connaissances acquises. Les rendez-vous ont ensuite lieu une fois par mois. Le patient est suivi jusqu’au deuxième contrôle de post-traitement, soit six mois après la fin du traitement. « Si l’ARN est négative, on considère la personne guérie, on lui rappelle les modes de (re)contamination possibles et on lui donne des conseils d’hygiène de vie. Si elle se révèle positive, rendez-vous est pris avec le gastro-entérologue et un entretien a lieu avec l’infirmière en vue de rassurer la personne », observe Jérémy Hervet. Lorsqu’un détenu est transféré vers un autre établissement pénitentiaire, la continuité est assurée. En cas de libération avant la fin du traitement, deux scénarios sont possibles. Soit la personne est établie dans la région de Perpignan et est alors suivie par l’un des deux gastro-entérologues exerçant en prison - l’un consulte à l’hôpital, l’autre en ville - ; soit elle réside ailleurs et la jonction est assurée avec le médecin-traitant. Quelques jours de traitement sont en outre remis au patient pour attendre la consultation. « Notre principale difficulté concerne les détenus résidant hors région et dont on ne connaît pas le médecin, témoigne l’infirmier. De plus, il arrive que l’on sache trop tardivement la date de libération du patient pour organiser sa sortie. »