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10 * Réapprendre le quotidien en gérant la maladie

Mise en ligne : 5 avril 2008

Texte de l'article :

Réapprendre le quotidien en gérant la maladie

« Dans le cadre d’aménagements ou de suspensions de peine, beaucoup de personnes sont dans le déni de leur maladie, notamment après une longue incarcération. La détention a souvent été perçue comme un temps de mort. Elles veulent donc rattraper les années perdues. Elles arrêtent alors leurs traitements pour se lancer dans une nouvelle vie, affichent leur envie de travailler, d’avoir une maison, une femme, un chien... À l’inverse, d’autres sont dans une surmédicalisation : la vie à l’extérieur leur paraît si dure que leur seul refuge est leur maladie. Elles se sentent mieux à l’hôpital où elles retrouvent une sorte de cocon. Bien sûr, la prison n’était pas un cocon, mais certains y ont vécu tellement longtemps qu’ils se disent “ fondus dans les murs ”. En prison, on est infantilisé. À la sortie, on n’a plus de repères ni dans le temps, ni dans l’espace, ni dans sa relation aux autres. Il faut réussir à réapprendre le quotidien - certains après une longue détention ne parviennent même plus à ouvrir une porte, à traverser une rue - tout en gérant la maladie. »
Nathalie Vallet, travailleuse sociale à l’Arapej