Rosine Réat retrace l’histoire de Clovis [1] qui a commencé à fréquenter Sida Paroles en août 2001 après un passage en prison.
« Très vite, la situation de Clovis se dégrade : rupture familiale, perte de son hébergement, clochardisation. Apparaissent des troubles du comportement et des passages à l’acte violents, contre les autres et contre lui-même, de plus en plus fréquents. L’année 2002 est émaillée par plusieurs hospitalisations, notamment psychiatriques. Pour autant, Clovis ne réussit pas à intégrer le réseau de soins. L’équipe, impuissante, assiste à la dégradation de son état somatique et psychique. Clovis est alors polytoxicomane. Il a une consommation abusive d’alcool, de benzodiazépines et de cocaïne, et éprouve des difficultés à prendre régulièrement son traitement de substitution aux opiacés. Malgré, ou à cause, d’une situation de détresse importante, il semble avoir perdu la capacité à s’appuyer sur ses ressources et sur les dispositifs de soins, dépassés par la situation. Il se retrouve plusieurs fois en garde à vue. En janvier 2003, il est à nouveau incarcéré. Il ressort en août, puis retourne en prison en octobre, où il reste jusqu’en mai 2004. À ces occasions, un soutien est mis en place. Peu à peu, au fil des entretiens, un lien de confiance s’instaure. Clovis commence à oser porter un regard sur lui, sur son parcours, sur ses comportements violents. Il s’engage pas à pas dans un travail de prise en compte de ses conduites d’abus d’alcool et de cocaïne. Émergent aussi un désir d’accès aux soins et un projet de traitement pour son hépatite C.
Pendant son incarcération, Clovis consulte un médecin-hépatologue, un travail est mené en lien avec son conseiller d’insertion et de probation (CIP), un accompagnement est réalisé par Sida Paroles durant sa détention et un rendez-vous est pris avec un lieu d’accueil spécialisé en vue d’une admission à sa sortie. En mai 2004, Clovis se retrouve ainsi dans cette structure d’hébergement, est suivi dans un centre spécialisé de soins aux toxicomanes (CSST) parisien pour son traitement de substitution et, en lien avec le médecin consulté en prison, est mis en place celui pour le VHC. Malgré diverses difficultés (effets secondaires, conflits avec la structure hébergeante), il réussit à le poursuivre. Au début de 2005, Clovis bénéficie d’un appartement de coordination thérapeutique (ACT) et commence un travail à mi-temps.
Originaire des Hauts-de-Seine, Clovis passe régulièrement à la Boutique pour donner de ses nouvelles et partager avec nous ses interrogations. Lors de sa dernière visite en mai 2006, il est venu nous annoncer qu’il avait emménagé dans un appartement dont il était locataire, nous parler de ses projets professionnels et partager son questionnement sur son couple. Il travaillait toujours, avait mené à bien son traitement et n’avait plus eu de problèmes avec la justice. Très récemment, nous avons appris qu’il vient d’avoir un enfant avec sa compagne. »