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14 Synthèse des ateliers : Recommandations

Mise en ligne : 9 avril 2008

Texte de l'article :

Synthèse des ateliers
Quel parcours pour le sortant de prison
atteint par le VIH et/ou le VHC ?

Recommandations

1. Améliorer le suivi médical
« Il faut mettre en place un suivi direct dès l’annonce de la pathologie et assurer la continuité des soins sur le long terme, explique le rapporteur du groupe UCSA. Dans le cas d’une femme enceinte et séropositive, par exemple, il est nécessaire de procéder à un suivi correct de la grossesse, de prendre en charge du VIH de la mère, et d’assurer la prévention de la transmission materno-fœtale. Dans le cas d’un diagnostic de VHC, il est indispensable de faire un bilan complet sans pré requis. Et quand on prend en charge une toxicomanie, il faut veiller à ne pas en créer une nouvelle, notamment aux benzodiazépines. Il faut aussi corriger des facteurs de risques, et plus généralement, assurer le counselling nécessaire, préparer la personne aux effets secondaires des traitements.  » Nathalie Vallet souligne par ailleurs que la prise en charge doit être proposée quelque soit la durée de l’incarcération. « Certains patients dont on découvre la séropositivité pour le VIH ne sont pas traités au prétexte d’une peine considérée comme courte par l’administration.  »
 
2. Accroître la formation
Un effort est nécessaire sur la formation continue, afin d’améliorer le travail de diagnostic et d’orientation. Au sein de l’atelier SPIP, certains ont suggéré la création d’un poste de travailleur social spécialisé (sur les questions de droits et de santé) au sein des UCSA pour pallier au fait que la mission des SPIP soit trop généraliste.

3. Favoriser la coordination
Pour le SPIP, il est indispensable de favoriser et d’institutionnaliser les réunions et les rencontres entre les différents intervenants. « Il faut favoriser trois niveaux de coordination, déclare Noëlle Ballay. Entre le SPIP et l’UCSA, d’une part, entre le SPIP et les milieux fermé et ouvert, et enfin entre le SPIP et les partenaires associatifs et judiciaires. Des conventions ou des protocoles locaux sont nécessaires pour formaliser ces rapports. » Nathalie Vallet estime également nécessaire une coordination de l’action des différentes associations et une amélioration la connaissance du réseau. Pour le SPIP, il faut faire connaître les missions et cadres d’intervention de chacun. « Il y a un gros défaut de communication. Nous nous connaissons mal, chacun défend son pré carré alors qu’il faudrait travailler ensemble, relaye Noëlle Ballay. Il faut poursuivre le travail avec les préfectures. »
 « Il faudrait aussi améliorer la connaissance des ressources locales, en listant celles qui sont disponibles, ont estimé les participants à l’atelier UCSA. Pour une personne en situation irrégulière par exemple, il faut identifier un interlocuteur de référence adapté et assurer des liens avec les associations (Cimade, associations communautaires...).  »

4. Mieux impliquer les associations
Pour Nathalie Vallet, « il faut créer une synergie entre les différents intervenants et améliorer la présence des associations dans les prisons  ». Elle voudrait que ces dernières soient impliquées mieux et plus tôt et leur présence officialisée (au moyen de conventions par exemple). Elle voudrait que leur soit reconnu un rôle de vigilance et d’intervention en cas de dysfonctionnement.

5. Préparer et accompagner la sortie
Préparer la sortie très en amont, voire dès l’entrée, est indispensable. « Les lois sur les aménagements et les suspensions de peine devraient être mieux appliquées », note Nathalie Vallet.
En ce qui concerne la santé, il faut établir un dossier médical, des ordonnances, identifier un médecin traitant, mettre en route un traitement de substitution, des traitements antiviraux. Les structures d’accueil et les détenus doivent se rencontrer avant la sortie - soit dans le cadre d’une permission de sortie, soit en invitant les structures. La politique d’aménagement de peines doit être développée pour éviter les sorties sèches. Les membres de l’atelier UCSA estime nécessaire de « créer et maintenir les liens entre les structures à l’intérieur et à l’extérieur. En quelque sorte, assurer le suivi social et juridique, prévenir et réduire les risques, avant et après la sortie. » Pour Nathalie Vallet, c’est au CCAS, le service social de secteur, que revient la charge de relais administratif, pour toutes les démarches administratives à la sortie de prison. Il devrait aussi pleinement assurer son rôle de lieu de domiciliation.

6. Développer l’information des détenus en renforçant le lien avec extérieur
« Il faut développer l’information à destination des détenus  », affirme Nathalie Vallet. De l’avis de tous, il faut faire entrer l’extérieur à l’intérieur des prisons. En premier lieu, par la mise en place systématique de permanences (CSST, CPAM, CAF, préfecture et associations) au sein des établissements pénitentiaires. « Des permanences de la CPAM existent déjà dans certains centres, ont rappelé les participants à l’atelier SPIP. Il faudrait les généraliser. »

7. Préserver le travail
« Il faut préserver le contrat de travail du détenu aussi longtemps que cela est possible  », exhorte Nathalie Vallet. La responsable associative voudrait que soient identifiées et mises à disposition des travailleurs sociaux toutes les possibilités de suspension légale d’un contrat (congés sabbatique, dispositif de congés longue maladie, mise en disponibilité...).

8. Faciliter l’hébergement
« Il faut sensibiliser le secteur de l’hébergement  », affirment de concert les rapporteurs des trois ateliers. Nathalie Vallet propose quelques pistes concrètes. « Si la personne est seule avant son incarcération, dans le cas d’un bailleur « classique », il faut se mettre en contact avec lui afin d’éviter l’expulsion. Dans le cas d’un hébergement associatif, il faut maintenir le lien afin de permettre le relogement à la sortie de prison. Enfin, dans le cas de bailleurs sociaux, il est possible de garder le logement pendant deux ans au maximum, et de mettre en place un fonds de solidarité logement (FSL) à la sortie pour aider au paiement des arriérés. Pour rappel, si la personne est locataire en titre, il faut à la sortie, demander un accompagnement social lié au logement (ASL) dans le cadre du FSL.  »