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16èmes Journées Nationales Prison

Mise en ligne : 22 novembre 2010

Dernière modification : 22 novembre 2010

Texte de l'article :

« Les citoyens d’un même Etat, les habitants d’une même ville ne sauraient vivre toujours seuls et séparés. »
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social

 

 

La prison interroge la société qui se trouve, en elle, confrontée à sa propre marginalité. Du fait de la transgression des règles établies par le délit ou le crime, la prison représente un point de rupture. Rupture entre la société et les sujets dont elle est composée, rupture du contrat social, rupture de l’expression d’une citoyenneté. Il convient alors de s’interroger sur l’appartenance des personnes détenues à la collectivité.


Jusqu’en 1854, « la mort civile » pouvait être prononcée comme une peine supplémentaire pour les personnes condamnées à la perpétuité ou à l’exécution capitale, elle consistait en l’extinction générale des droits civils.


En 1885, la loi sur la relégation crée « l’internement perpétuel sur le territoire des colonies ou possessions françaises » des délinquants et criminels multirécidivistes : ils ne pouvaient plus jouir de leurs droits civiques et étaient forcés de quitter le territoire. Un siècle plus tard, en 1970, la relégation est supprimée et est instituée la tutelle pénale pour les récidivistes, qui sera abrogée par Robert Badinter en 1981.


De cette évolution historique émerge un questionnement empreint d’actualité : les personnes détenues peuvent-elles être des citoyens à part entière ?


La prison doit donner un autre sens, une autre direction à la peine, un horizon tourné vers la collectivité.

 

Jadis lieu de passage vers le châtiment réel, symbole de rupture entre l’Homme et la Cité, la prison nécessite aujourd’hui le maintien du lien vital qui unit ces hommes à la Cité. La prison doit donner un autre sens, une autre direction à la peine, un horizon tourné vers la collectivité.

Parce qu’on naît citoyen et parce que chaque individu est lié de par son existence même à la société, il faut penser la prison, la nécessité de sanction, sans détacher les personnes des autres citoyens qu’elles seront amenées à retrouver. Depuis 1981 et l’abolition de la peine de mort, toute personne condamnée est destinée un jour à sortir de prison. Toute personne détenue est donc, comme toute autre, une personne en devenir. Ainsi il est dans l’intérêt de tous de préparer cette sortie et de faire en sorte que « chaque détention [soit] gérée de manière à faciliter la réintégration dans la société libre des personnes privées de liberté ».

De nombreuses personnes détenues vivent 22h sur 24 dans l’oisiveté la plus totale. Aujourd’hui, près de 54% des personnes détenues sont sans diplôme, plus de 85 000 personnes sortent de prison chaque année parmi lesquelles10% ne disposent pas de solution d’hébergement pérenne, 35 % de la population mise sous écrou vit sans ressources suffisantes, de nombreuses personnes détenues vivent 22 heures sur 24 en cellule, dans l’oisiveté la plus totale. Face à ces réalités, comment maintenir ou développer le lien entre la société et les personnes détenues ? Comment faire de la prison un temps utile et non un temps mort ?


La prison interpelle notre société, lui rappelle ses valeurs fondatrices. Elle est un reflet altéré mais nécessaire des différentes évolutions constitutives de nos mœurs et de nos institutions. Ce sont ces interrogations qu’il nous faut saisir et révéler, c’est ce lien perdu pourtant évident que nous devons créer et cultiver. La citoyenneté ne s’arrête pas aux portes des prisons !

Les Evènements
Mercredi 25 novembre 2009 à 18h00 une table ronde sur le thème La citoyenneté s’arrête-t-elle aux portes des prisons ? Avec Pascal Faucher (Juge d’application des peines), Jacques Faget (chercheur au CNRS sur les politiques pénales et judiciaires), un représentant des services d’insertion et de probation bibliothèque municipale de Mériadeck 85 cours du Maréchal Juin 33000 Bordeaux

Jeudi 26 novembre 2009 à 20H30 conférence sur le thème : Le contrôle des lieux de privation de liberté avec Monsieur Cédric de Torcy (Contrôleur des lieux de privation de liberté) Centre Hâ 32 32 rue du commandant Arnould 33000 Bordeaux