Michel Gosse conseille mais surtout écoute les détenus qui viennent à l’atelier d’arts plastiques, créé en 1988 par Loïk Guiloux, président de l’association socio-culturelle et sportive de la maison d’arrêt d’Alençon.
Derrière les murs de la maison d’arrêt d’Alençon, un atelier d’arts plastiques est ouvert aux volontaires depuis 16 ans. Chaque année, les détenus exposent leurs toiles. Le public pourra les acheter à partir de vendredi à la halle au Blé. Une vente gratifiante pour des artistes qui élargissent ainsi leur horizon quotidien.
S’évader grâce à la peinture. Des détenus ont découvert ce mode d’expression à la prison d’Alençon. De vendredi à dimanche, ils resteront cependant derrière leurs barreaux. Seuls leurs tableaux passeront la lourde porte. Direction la halle au Blé, à l’occasion de la 16 exposition-vente organisée par l’association socio-culturelle et sportive de la maison d’arrêt.
Figuratives ou abstraites, huiles sur toile ou cartons toilés, ces 200 oeuvres originales aux couleurs souvent vives n’évoquent pas l’univers carcéral. L’inspiration permet de s’échapper vers des paysages sans limite. « C’est classique, frais », sourit Michel Gosse.
Le professeur d’école au collège Balzac intervient 5 heures par semaine dans l’atelier d’arts plastiques depuis sa création en 1988, au dernier étage de la prison. « Cette salle, c’est d’abord un lieu de paroles et d’écoute. Un endroit neutre qui accueille des personnes cassées. Il permet de se reconstruire. Je leur répète souvent que l’atelier doit les aider à vivre l’instant présent difficile. »
L’atelier est ouvert à une dizaine de volontaires, en priorité les longues peines de la maison d’arrêt, c’est-à-dire entre 3 et 4 ans. « Avant d’arriver ici, ils n’ont jamais touché de pinceau. Mais la plupart sont doués d’un talent manuel. Ils découvrent eux-mêmes les solutions aux questions techniques propres à la peinture. Cela donne des oeuvres très différentes. »
« Pas de sélection par l’argent »
Les tableaux plaisent. Et se vendent bien. Les prix sont sages. Cette année, ils s’étalent de 10 € à 60 €. « La vente nous permet de couvrir les deux tiers de notre budget », explique Loïk Guilloux, surveillant à la maison d’arrêt, à l’origine de la création de l’atelier d’arts plastiques. « Ici, pas de sélection par l’argent. Tout le matériel est mis gracieusement à la disposition des détenus. Mais cela coûte cher. »
Certains acquéreurs ne cachent pas qu’ils achètent une toile comme ils feraient un don « à une bonne oeuvre... » Mais d’autres agissent en véritables amateurs d’art. « Quand je reviens de la vente, c’est toujours un temps fort, assure Michel Gosse. Les détenus sont impatients de savoir si leurs toiles, qu’ils signent, ont trouvé preneurs. Pour eux, c’est la plus belle des reconnaissances. »