14600 articles - 12260 brèves

Jean-Michel Treuvey (décédé le 27 avril 2004)

(2000) Santé en prison ou mourir pour une douche

Mise en ligne : 10 août 2004

Dernière modification : 23 octobre 2004

Texte de l'article :

2000 Communiqué Interassociatif
 
Des détenus malades du sida risquent leur vie pour accéder à l’hygiène élémentaire.
L’égalité des soins entre l’intérieur et l’extérieur reste un mythe.
Le gouvernement se réunit le 11 mai, dans l’ignorance de la réalité de la vie quotidienne des détenus.
Act Up-Paris, Migrants contre le sida et l’OIP réclament la libération des détenus atteints de pathologies graves.

1994. La circulaire du 8 décembre, circulaire interministérielle d’application de la loi du 18 janvier 1994, fixe comme objectif "d’assurer aux détenus une qualité et une continuité de soins équivalente à ceux offerts à l’ensemble de la population".

1999. Jean-Michel Treuvey est détenu à la Maison d’Arrêt de Douai. Il est séropositif. Dans le cadre de son traitement, l’unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) de la prison lui prescrit une douche quotidienne. Ce qu’un gardien lui refuse régulièrement. Faute de recours, il se coupe les veines pour protester.

1999. Alain Lièvre est incarcéré à la Maison d’Arrêt de Fresnes. Egalement atteint par le VIH, il fait 28 jours de grève de la faim pour avoir droit aux trois douches hebdomadaires prévues par la réforme du code de procédure pénale de décembre 1998.

Aujourd’hui, en France, des détenus malades sont obligés de mettre leur vie en péril pour accéder aux soins et à l’hygiène élémentaires auxquels ils ont droit. Les cas de Jean-Michel Treuvey et d’Alain Lièvre ne sont pas isolés. Si nous en faisons part, c’est parce qu’ils désirent la médiatisation de leur situation quand d’autres préfèrent rester anonymes.

Un gouffre sépare les objectifs d’égalité minimale fixés par la circulaire de décembre 1994 et la réalité ordinaire des détenus. L’accès des détenus aux soins communs ne peut pas dépendre de l’arbitraire d’une administration autonome et du bon vouloir de surveillants, en l’absence de recours efficaces et rapide. Tout le monde le sait : la vie en prison est pénible ; quand on est malade, elle devient dangereuse.

C’est pourquoi, en soutien aux détenus mobilisés, et dans la perspective de la réunion de la Commission interministérielle sur la santé en prison qui se tiendra le 11 mai prochain, nous demandons la libération des personnes atteintes de pathologies graves, pour lesquelles des alternatives à l’incarcération doivent enfin être pensées et appliquées.

Act-Up Paris, Migrants contre le sida, Observatoire International des Prisons.