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Date : 7-10-2003

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Date : 7-10-2003

(2001) AIDES Lorraine Nord - Prévention VIH et hépatites en milieu carcéral

Mise en ligne : 5 novembre 2003

Dernière modification : 19 août 2006

Texte de l'article :


Notre présence en détention

Tout au long de l’année 2001 nous avons été présents en détention grâce à nos jolies volontaires Marie-line, qui est partie pour Mulhouse et qui travaille maintenant à Aides Mulhouse, et à Isabelle qui à démarré des études d’infirmière et qui n’est pas disponible pour l’instant.
Heureusement l’action prison a bénéficié du renfort de l’équipe de la prévention généraliste et les objectifs ont été atteints.

Quatre établissements sont concernés en 2001,
- un à Metz : c’est la maison d’arrêt de Metz Queuleu,
- un en Alsace à Oermingen . : c’est un centre de détention,
- et deux centres de détention en Meuse : l’un à Montmédy et l’autre à St Mihiel.

I. ACTION DE PREVENTION

Un nouvel établissement

Depuis le mois de septembre 2001 nous intervenons dans le cadre de nos actions de prévention au sein du centre de détention d’Oermingen (Bas-Rhin). Le centre de détention reçoit les condamnés dont le reliquat de peine est en principe inférieur à cinq ans à l’issue du procès, et pour lesquels on estime qu’ils ont une bonne chance de réinsertion. C’est un établissement qui dispose de 190 places pour environ 180 détenus. Il est situé à mi-chemin entre Metz (82 km) et Strasbourg.
Nous sommes intervenus à Oermingen suite à la demande de trois détenus séropositifs, qui sollicitaient notre présence au sein de cet établissement pour un accompagnement durant leur détention. En accord avec le comité Aides Alsace nous avons décidé de répondre favorablement à la demande de soutien, sous réserve de l’accord du chef d’établissement.
Une première réunion a eu lieu au centre de détention d’Oermingen, avec les principaux acteurs de l’établissement - Mme la directrice
- Le responsable du service d’insertion et de probation - Les éducateurs du service social.
La directrice a présenté son établissement en indiquant les points forts mais également les carences où il y a matière à travailler, en précisant que l’établissement n’était pas préparé au partenariat avec les intervenants extérieurs, car contrairement aux autres établissements, il y a peu d’échanges avec l’extérieur (structures ou personnes extérieures à l’établissement).
Il est important de souligner que le service médical de l’établissement était convié à la réunion, mais qu’il n’a pas souhaité y participer.
Après avoir fait le tour des questions sur la prise en charge des détenus du centre de détention d’Oermingen, nous avons décidé de collaborer pour l’amélioration de cette prise en charge.

Pour cette année le suivi à été régulier jusqu’au départ de notre ancien délégué d’action qui, ayant réussi son diplôme de Moniteur éducateur, a souhaité s’en aller vers d’autres horizons ...

Quand quelqu’un s’en va, il y a forcément toujours un petit décalage dans les actions, et les choses bougent, enrichies de la nouveauté, mais aussi avec un peu de pertes qu’il faut accepter.

Nous lui sommes reconnaissants du travail fournit pendant ces années, et nous accueillons le nouveau délégué d’action en la personne de Raphaël qui a bien vite mis le pied à l’étrier.

Ne t’inquiètes pas Rachid, les détenus grâce à ta présence ces dernières années auprès d’eux savent qu’AIDES c’est du sérieux et le relais se fait bien.

Le suivi individuel

Il est important de souligner qu’un suivi se fait toujours à la demande de la personne séropositive qui écrit directement à l’association ou se fait connaître lors de manifestations organisées par le groupe au sein de la prison. Nous les rencontrons dans des parloirs à des fréquences plus ou moins rapprochées selon leurs demandes et les besoins du moment. Un parloir se déroule dans une pièce fermée où l’intervenant et le détenu sont seuls.

La confiance et la convivialité sont des éléments primordiaux pour le bon déroulement des suivis. Il permet aux usagers de venir sans demande précise (souvent dans un premier temps), il s’agit d’un lieu de contact permettant à terme de faciliter l’accès aux informations.

En général nous relevons que l’incarcération n’est pas facile à assumer et il est fréquent d’observer soit un comportement de révolte par rapport au système carcéral, soit un repli sur soi pouvant aller jusqu’à la dépression, voire même des idées de suicide.

Au cours des entretiens avec les détenus ou à la lecture du courrier, nous observons de nombreuses difficultés qui touchent les personnes séropositives :

- Du fait de leur état de santé certains détenus ne peuvent pas travailler durant leur détention. Pourtant les ressources du détenu déterminent en partie les conditions dans lesquelles va se dérouler sa peine d’emprisonnement. Ils ont besoin d’argent pour leurs achats en cantine (tabac, produits d’hygiène... ), pour louer la télévision, pour compenser par-fois la mauvaise qualité de la nourriture distribuée. Aussi avoir des proches ou une association à l’extérieur qui peuvent envoyer des mandats devient un élément déterminant qui conditionne aussi les rapports avec les autres détenus. Les détenus indigents sont plus vulnérables dans les rapports de force et ils dépendent entièrement de l’administration pour obtenir vêtements et produits de première nécessité.

L’aide aux malades

Trois catégories de personnes peuvent envoyer de l’argent au détenu : les titulaires d’un permis de visite permanent, les personnes qui en ont demandé l’autorisation au directeur de l’établissement et les associations caritatives accréditées auprès de l’établissement. L’argent est envoyé par "mandat cash", où doit figurer le numéro d’écrou du détenu sur le titre envoyé. Le montant n’est pas limité pour les prévenus. Il est limité à 1 200 francs par mois pour les condamnés.

L’aide vestimentaire

Depuis le mois de janvier 1983, les prévenus et les condamnés peuvent conserver leurs vêtements personnels. Encore faut-il qu’on leur laisse le temps de préparer leurs effets personnels avant l’incarcération, car .[ors d’une comparution directe le détenu est emmené directement du tribunal à la maison d’arrêt.
Ainsi nous recevons de la part des détenus qui n’ont pas eu le temps de préparer leurs affaires, des demandes de vêtements. Dans ce cas le détenu nous fait parvenir une demande d’entrée de linge où il indique au détail les vêtements qu’il souhaite obtenir (taille, nombre). Ce document est visé par la direction qui en conserve un exemplaire et en donne un à la personne demandeur (voir annexe). Il faut savoir que les détenus n’ont pas le droit d’échanger ou de donner leurs vêtements en prison. Cette année nous avons fourni des vêtements à sept personnes. C’est important car en prison l’habit fait le moine, et nous avons vite fait de stigmatiser les plus démunis.

Le parloir (entretiens individuels)

Le parloir est un lieu où le détenu peut rencontrer une personne ou plusieurs de l’extérieur (membre de sa famille, avocat, éducateur, visiteur de prison, ... ).
Les parloirs se font sur rendez-vous, par téléphone ou à la porte d’entrée de l’établissement, selon le règlement intérieur de chaque prison. Le nombre maximum de personnes autorisées à visiter ensemble un détenu est fixé par le règlement intérieur.
Généralement, il est de trois adultes, ou deux adultes et un enfant, ou d’un adulte et trois enfants. Dans les maisons d’arrêt les visites se déroulent dans un parloir sans dispositif de séparation ou en cas d’impossibilité dans un local qui comporte un dispositif permettant la séparation des détenus et de leurs interlocuteurs. Dans les établissements pour peine, les condamnés communiquent avec leurs visiteurs dans un parloir sans dispositif de séparation.
La fréquence des parloirs diffère selon le statut du détenu : au moins trois fois par semaine pour les prévenus, à l’appréciation du magistrat en charge de leur dossier, au moins une fois par semaine pour les condamnés, à l’appréciation du directeur de l’établissement. Le règlement intérieur fixe la durée maximale d’un parloir selon l’établissement. La durée minimale est de trente minutes pour les détenus.

LA NOUVEAUTE 2001 : LE GROUPE DE PAROLES

De façon assez spontanée et pour suffire à la demande, cette année 2001 voit un nouveau fonctionnement au centre de détention de St Mihiel : afin de répondre à un maximum de demandes, l’Unité de soins a facilité la rencontre du délégué d’actions avec plusieurs détenus en même temps. C’est un nouveau mode de fonctionnement qui permet ainsi de construire un dialogue entre des personnes malades ou pas, qui vivent la détention et qui se posent des questions sur les risques d’exposition aux maladies, mais aussi qui peuvent ainsi engager un esprit de solidarité et d’information interne et en quelque sorte identitaire lié a la condition de détenu.
Ce fonctionnement est plus souple qu’un groupe de paroles, plus formel, car il échappe à la lourdeur administrative pénitentiaire qui est souvent un frein dans l’organisation de groupes réguliers de paroles.
De plus cette forme paraît plus spontanée et donne à ces réunions un caractère plus convivial et intime.

Cette année 7 groupes ont ainsi fonctionné à raison de trois séances par groupe, soit 21 séances.

Le travail individuel avec les personnes détenues.

Lorsque la demande des personnes s’oriente particulièrement sur un objectif précis, il convient de faire avec elle l’état des lieux de sa situation.

Quelles sont ses ressources ? Quelle est sa situation familiale ? A-t-il un lieu d’accueil à sa sortie ? Peut-il travailler ? Quel est son projet ? Est-ce qu’on l’attend dehors ?
Comment est sa santé, son moral quelles sont ses appréhensions ? Ce qui alourdit souvent la situation à la sortie c’est ce que les détenus appellent « l’ardoise ». En effet, bien des choses restent à régler, et les délits d’avant se comptabilisent souvent au moment de la sortie, y compris les dettes et contraintes par corps.

Si on rajoute à ces suites d’incarcération toute la problématique des relations familiale et de couple, il est aisé de comprendre dans quelles difficultés va se trouver la personne qui sort de détention.
Certains détenus sont complètement isolés et n’ont aucun soutien des familles, des épouses ou amies. Notre présence et notre soutien représentent un vrai trait d’union entre le monde clos de la prison et le monde extérieur,

Nous préparons avec eux leur sortie et étudions les solutions les mieux adaptées pour leur réinsertion (en concertation avec nos partenaires).
Nous intervenons régulièrement auprès des travailleurs sociaux pour que les situations se débloquent rapidement et que les aides apportées ne répondent pas seulement à l’urgence de la sortie mais que nous puissions travailler ensemble sur un projet individuel qui tient compte des aspirations de la personne.

Détail des demandes

Accès aux droits
2 - allocation adulte handicapé (A.A.H.)
5 - revenu minimum d’insertion (R.M.I.)

Accueil et suivi lors de la sortie
8 - suivi de la sortie à l’autonomie

Logements
3 - accueil à la sortie (faute d’hébergement)
8 - hébergement en CHRS (préparation accompagnement)

Juridique
3 - obtention de conditionnelle (travail -logement -suivi)
6 - aide juridictionnelle
2 - confusion de peines
10 - entretien d’information et de soutien

Insertion
4 - recherches chantier ou formation
3 - stages ou immersion en entreprise
3 - chantier extérieur

Transfert
2 - pour rapprochement familial

Soutien approfondi en détention
11 - maladie + dépression
4 - accès aux traitements de substitution
7 - abandonniques liens à renouer ou à créer

Toutes ces actions sont rendues plus difficiles en fonction de la situation d’incarcération .
Les démarches administratives, souvent condition sine qua non d’une réinsertion ou de la préparation pour de nouveaux projets, rebutent les détenus les privant ainsi des aides auxquelles ils peuvent prétendre .
Les détenus eux-mêmes, sous-informés ou en manque de moyens (expression - découragement - information - fatigabilité - confusion mentale due à la maladie ou au choc de la détention) ont besoin de retrouver des repères, et ces démarches administratives représentent pour eux le premier pas vers l’insertion.

Démarches administratives

Les démarches administratives représentent une part de plus -en plus importante de notre travail. Mais souvent ces démarches sont le fruit d’un long travail, car il faut qu’il y ait une prise de conscience sur l’utilité des démarches par les personnes concernées. L’amélioration de leurs conditions de ’\lie passe souvent par une bonne connaissance de leur environnement (informations sur leurs droits et leurs devoirs). Cela leur permet de retrouver confiance en eux et d’autre part de changer le regard de l’administration à leur encontre.

Démarches entreprises

- renouvellement des papiers d’identité
- recours auprès du tribunal administratif
- recours auprès de la Cour administrative d’Appel
- recours en cassation auprès du Conseil d’Etat contre un arrêt de la cour administrative
- présence lors des jugements
- travail avec les avocats pour préparer la défense

L’aide juridictionnelle

L’aide juridictionnelle est destinée à aider financièrement les personnes en payant les frais du procès, quand leurs ressources ne dépassent pas un certain seuil.
Les personnes pouvant bénéficier de l’aide juridictionnelle sont les suivantes
- personnes de nationalité française
- ressortissants d’un Etat membre de la Communauté européenne
- personnes de nationalité étrangère et résidant habituellement et régulièrement en France.
Les personnes qui ne remplissent pas ces conditions peuvent cependant bénéficier de l’aide quand leur situation apparaît particulièrement digne d’intérêt au regard de l’objet du litige ou des charges financières prévisibles du procès. D’autre part, l’aide est accordée sans condition de résidence aux étrangers quand ils sont mineurs, qu’ils soient prévenus, accusés ou condamnés.
L’aide n’est accordée que si les ressources de la personne qui la demande sont inférieures à un certain seuil révisé annuellement et adapté selon le nombre de personnes à charge (conjoint, concubin, ascendant, descendant). Elle peut être partielle ou totale.
Une de nos fonctions est d’informer le détenu en fonction de ses ressources sur son droit à l’assistance d’un avocat dont la procédure requiert le concours. Ainsi au cours de cette année cinq détenus ont pu bénéficier de cette mesure pour défendre au mieux leurs intérêts.

II. La journée Mondiale de lutte contre le Sida

Une grande partie des détenus incarcérés en centre de détention sont condamnés, soit pour trafic ou consommation de stupéfiants, soit pour des affaires de mœurs. Il s’agit donc d’une population à risque.
En effet, certains connaissent ou ont connu un problème de toxicodépendance. D’autres ont pu s’exposer à des conduites sexuelles à risques en terme de contamination virale.
Par conséquent, les actions d’information et de prévention peuvent permettre l’émergence d’une demande plus approfondie en terme d’éducation de la santé, ainsi qu’un maintien de la vigilance tout autour des questions liées à la réalité de l’épidémie du virus V 1 H et aux hépatites.
Par ailleurs, il a été découvert à l’échelle mondiale que les populations incarcérées sont exposées à des risques élevés de contamination par le VIH, dont la plus grande partie semble liée aux comportements toxicomanes d’avant l’incarcération.
Toutefois, la très sensible diminution du nombre de ces malades, relatif aux progrès apportés par les traitements récents, n’empêchent nullement que le SIDA reste un objet de souci très présent, très prégnant. Il reste une maladie emblématique, une menace ressentie par l’ensemble de notre société, et plus encore par la population carcérale toute entière.

A la maison d’arrêt de Metz Queuleu cette journée d’action a été réalisée le 15 décembre 2001 avec le concours des groupes musicaux partenaires. Cette action est toujours très bien reçue par les détenus et même par le personnel pénitencier.

Centre de détention de Montmédy

Dans le cadre de la journée Mondiale de lutte contre le Sida, nous avons utilisé les locaux qui nous sont confiés pour la tenue de notre permanence mensuelle.
Une information a été portée sur la situation de l’épidémie en France et dans le monde, sur l’impact des traitements, sur les tests de dépistage et sur la recherche de vaccins.

Centre de détention de Saint Mihiel

Action d’information et de prévention en milieu carcéral
* Sensibilisation des détenus sur les problèmes liés aux maladies sexuellement transmissibles notamment le SIDA et les Hépatites.
* Mise en place d’un stand d’information, atelier animé par un médecin
* Organisation d’un concert afin de mobiliser les détenus (avec le délégué d’action).

Déroulement de l’action de la même manière que l’année précédente

L’information a commencé à partir de 9 heures, le 1er décembre 2001 sur le centre de détention régional de Saint-Mihiel.
Cette journée a mobilisé 150 détenus dont 80 sur le stand d’information, 10 à l’atelier hépatite encadré par un spécialiste de l’association, et 60 au concert qui a clôturé cette journée. De plus une couverture médiatique de l’événement a été assurée par l’Est Républicain.

Cette journée mondiale de lutte contre le sida a permis :

- de renforcer le partenariat avec les services de santé
- une information sur les modes de contamination (HIV, VHB, VHG)
- information sur l’accès aux soins
- un soutien par rapport aux conditions de détention
- alerter les détenus sur les comportements à risques
- sensibilisation de leurs familles (parloirs) notamment pour ceux qui ont des enfants.

Une des difficultés rencontrée est le manque de mobilisation des détenus à cette journée. Cette difficulté résulte dans la peur de l’exclusion et la stigmatisation.

Cette journée a renforcé le partenariat avec le service médical et social. Cela permet d’envisager la mise en place d’autres actions de prévention en utilisant d’autres supports (manifestation sportive ou arts plastiques).

ORIENTATIONS [DU GROUPE EN 2002

Le groupe prison doit continuer à se mobiliser et à s’investir en milieu carcéral. Du fait du reformatage nous serons donc amenés à intervenir en Moselle Est.
- Un projet commun au niveau régional pour la prise en charge des détenus.
- recherche de nouveaux partenaires régionaux pour faciliter l’accompagnement et le suivi des détenus, ainsi que la préparation à la sortie.
- consolider notre réseau de partenaires
- travailler en partenariat avec le groupe local de l’Observatoire international des prisons, afin de garantir les droits des détenus.

Nos Principaux partenaires sont

ASUD LORRAINE
Les centres de soins pour toxicomanes
Les familles et conjoints des détenus
Le groupe prostitution
Les UCSA
Les AS de secteur
Les services sociaux des centres de détention
Les Avocats
Les associations CIMADE,CADA et autres associations spécialisés migrants.
Les CHRS, FOMAL, AIEM Logements et certains Hôtels
Les familles d’accueil du réseau AIDES
Les centres spécialisés d’accueil de long et moyens séjours.