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(2002) L’OIP demande une enquête parlementaire sur les suicides en prison

Mise en ligne : 30 octobre 2002

Dernière modification : 2 juin 2007

Texte de l'article :

lundi 28 octobre 2002, 19h14

L’OIP demande une enquête parlementaire sur les suicides en prison

L’Observatoire international des prisons (OIP) réclame la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les suicides dans les prisons françaises après avoir constaté une tendance alarmante à la hausse au cours de l’année 2002, a-t-on appris lundi auprès du délégué pour la France, Patrick Marest.

Cent-six personnes se sont données la mort dans les prisons françaises depuis le 1er janvier 2002 contre 104 sur l’ensemble de l’année 2001. "On s’oriente vers une hausse inquiétante", a déclaré M. Marest à l’Associated Press.

Le taux de suicide dans les établissements pénitentiaires est sept fois plus élevé que dans la population globale en France, selon les chiffres de l’OIP qui a dénombré 1.500 suicides ces quinze dernières années dans le milieu carcéral.

"La France reste au sixième rang, en partant du bas, dans le classement des pays membres du Conseil de l’Europe. En revanche elle est dans les meilleures pour l’évasion", a noté Patrick Marest qui constate "qu’on se suicide plus dans les prisons qu’on n’y meurt de mort naturelle" (104 suicides sur 203 décès en 2001).

L’OIP a observé un basculement depuis 1992 : avant cette date le nombre de suicides se situait autour de 60 par an ; depuis dix ans il a toujours dépassé les 100. Or depuis 1992, l’Observatoire est en possession du rapport d’un socio-démographe "qui explique pourquoi et comment on se suicide en prison" : De préférence par pendaison, la nuit dans la cellule.

"Depuis dix ans, alors qu’on nous affirme que c’est la priorité des priorités de l’administration pénitentiaire, les variations saisonnières sont toujours aussi alarmantes", s’insurge Patrick Marest rappelant que l’administration pénitentiaire est garante de "l’intégrité physique et psychique des personnes que la justice lui confie".

Par conséquent l’OIP a commencé à rappeler les membres des dernières commissions d’enquête sur les prisons françaises - parmi lesquels Christine Boutin ou Noël Mamère - afin d’obtenir leur adhésion au projet d’une enquête spécifiquement dédiée aux suicides. "Ils sont tous partants", a souligné Patrick Marest.