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(2004) Incarcérée, une jeune femme se suicide

Mise en ligne : 15 février 2005

Dernière modification : 15 février 2005

Texte de l'article :

Incarcérée, une jeune femme se suicide
Après une tentative de suicide le matin, sa mise en examen l’après-midi et sa mise sous écrou en fin de journée, une détenue s’est pendue le soir même dans sa cellule.

Correspondance particulière.

Marie-José avait trente-neuf ans et était mère de deux enfants. Jeudi dernier vers 21 heures, à la maison d’arrêt de Metz-Queuleu (Moselle), elle a été retrouvée sans vie dans sa cellule. Elle s’était donnée la mort avec une rallonge électrique. Le matin même, dans les couloirs du tribunal de Thionville où elle venait d’être admise pour une mise en examen pour homicide volontaire, cette femme particulièrement affectée avait déjà tenté de se suicider en absorbant des médicaments. Le médecin, appelé au palais de justice, a pourtant estimé que son état était compatible avec une nouvelle audition. Une de trop certainement et malgré les demandes appuyées de son avocate pour une prise en charge médicale plus importante, le juge des détentions a préféré suivre les réquisitions du parquet et la faire incarcérer.

« Ma cliente avait surtout besoin de soins, tout le monde en avait conscience », déclare Me Estelle Perioli. L’administration pénitentiaire ne dément d’ailleurs pas qu’elle était prévenue des tendances suicidaires de Marie-José : « Toutes les dispositions ont été prises au niveau de l’établissement, avec les moyens dont nous disposons. Des rondes supplémentaires ont été effectuées, la victime n’a pas été placée seule en cellule et elle a vu un médecin du service médico-psychiatrique régional moins d’une heure après son arrivée. »

Pour les rondes, une seule surveillante était, cette nuit-là, en poste au quartier des femmes, où sont enfermées une vingtaine de détenues. Alors comment peut-on mettre fin à ses jours quand les mondes judiciaire, médical et pénitentiaire admettent, en choeur, qu’ils étaient conscients du risque ? Dominique Boh-Petit, présidente de la section messine de l’Observatoire international des prisons, a sa réponse : « Ils le disent aujourd’hui mais en fait, une fois de plus, chacun se renvoie la responsabilité ou fait part de sa non-responsabilité. C’est purement scandaleux. L’état de cette femme nécessitait une autre réponse que l’incarcération. Nous savons, depuis le rapport Terra, l’impact que le "choc carcéral" peut avoir sur les détenus après leur arrivée en prison. Mais l’administration pénitentiaire n’en a cure, et laisse les suicides se multiplier. » Une enquête a été ouverte.

Alain Cwiklinski