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(2005) Rapport d’activité

Mise en ligne : 27 août 2007

Texte de l'article :

Rapport d’activité 2005 de l’ANVP
présenté par Marie-Paule Héraud, secrétaire générale

Assemblée générale 2006 à Strasbourg - 20 mai 2006

Le rapport d’activité qui vous est présenté aujourd’hui, sans vouloir ni pouvoir être exhaustif, vise à refléter l’activité pendant l’année 2005 de tous ceux et celles qui contribuent à la vie de l’ANVP : membres élus, salariés, bénévoles, délégués régionaux, correspondants et visiteurs ainsi que les intervenants en maisons d’accueil.

Je tiens à remercier tout particulièrement les correspondants qui, malgré la profusion de questionnaires qui leur ont été soumis (4 dans l’année !), ont répondu très nombreux à celui qui a permis d’alimenter une grande partie de ce rapport.

En effet, sur 125 correspondants, 88 ont pris le temps de recueillir des renseignements qu’il fallait parfois demander aux services de l’Administration Pénitentiaire, ce qui n’a pas été évident pour certains. La richesse des contributions ne permet pas de tout relater dans ce rapport, et il faudra en tirer profit par une exploitation qui nécessitera un travail en groupe. Nous souhaitons tenir compte des suggestions de nos membres et faire en sorte que chacun trouve dans l’association ce qu’il est en droit d’attendre d’elle. L’association est l’affaire de chacun ; chacun doit s’y sentir écouté, entendu et considéré.

Ce rapport témoigne d’une activité qui, à tous les niveaux, a été soutenue durant l’année 2005.

I - Les réunions statutaires :
Elles sont le reflet du fonctionnement démocratique de notre association.
• Les 20, 21 et 22 mai 2005, s’est tenu le Congrès de l’ANVP.123 adhérents se sont retrouvés à Écully, près de Lyon pour participer à l’Assemblée Générale du 21 mai et assister au Colloque. Suite à la démission du Président Philippe FRETIGNE, le Vice-Président Jean VENET a assuré la présidence de cette Assemblée Générale. Malgré un contexte difficile, il a permis la tenue de débats dans un climat serein et le déroulement du Congrès dans les meilleures conditions. Qu’il en soit remercié, ainsi que toute son équipe.Le thème du colloque, « La loi du 9 mars 2004, dite « Perben 2 », nous a permis de comprendre l’analyse du texte, sous l’angle de l’aménagement des peines avec le concours de Pierre-Victor TOURNIER, Directeur de recherches au CNRS et Président du Collectif Octobre 2001. Le compte-rendu de cette magistrale intervention est paru dans le n°191 de Jéricho.Concernant la fréquence des congrès à venir, à la question : « Seriez-vous favorable à la tenue d’un congrès tous les 2 ans ? », 79 % des correspondants consultés ont répondu « oui », 18 % « non ». 2 correspondants souhaitent un congrès tous les 3 ans, 2 n’en souhaitent pas.La raison première invoquée est avec 37 % le coût du déplacement et les frais annexes, viennent ensuite avec 18 % l’éloignement puis le manque de disponibilité 15 %, (10 % ne donnent pas de raison). Parfois sont associées plusieurs raisons : coût et éloignement principalement.Le Conseil d’Administration en a tiré les conclusions ; elles vous seront communiquées à un autre moment de la matinée.

• Le Conseil d’Administration s’est réuni 6 fois (23 avril, 12 mai, 21 mai, 2 juillet, 9 octobre, 3 décembre).Lors du renouvellement du Conseil d’Administration, le nombre de candidats n’a pas permis de pourvoir les 21 sièges.Jusqu’à ce jour, le Conseil d’Administration est donc composé de 19 membres : 5 sont issus de la région pénitentiaire Paris - Île de France - Centre, 3 de chacune des régions pénitentiaires de Lille et de Lyon, 2 de chacune des régions pénitentiaires de Bordeaux, Dijon, et Marseille et 1 pour chacune des régions pénitentiaires de Rennes et de Strasbourg.Les réunions, sauf celle qui a suivi l’AG à Ecully, ont eu lieu au siège de l’association et ont été précédées de réunions des délégués régionaux.

• Le Bureau, composé de 7 membres, s’est réuni 5 fois (17 février, 29 avril, 10 juin, 9 septembre, 4 novembre).Pour répondre aux exigences du Conseil d’État en matière de statut type des associations reconnues d’utilité publique, chaque membre a un titre.Une répartition des responsabilités (approuvée par le Conseil d’Administration du 2 juillet) a été définie et une délégation de représentation a fait l’objet d’une lettre personnelle adressée par le Président Raphaël BONTE à chacun des membres.A noter que nous sommes toujours dans l’attente de l’accord du Conseil d’État sur les nouveaux statuts que nous avons adoptés en 2004.

II - Les principales actions, représentations, interventions.
1 - Réunion DAP inter-associative.
• L’ANVP a signé en décembre 2004 une convention nationale pluriannuelle avec l’Administration Pénitentiaire. Par cette convention, l’administration s’engage à soutenir financièrement la réalisation des objectifs que l’association s’engage à réaliser. Le 22 avril, 3 responsables de la DAP ont reçu 18 représentants de 12 associations conventionnées. Catherine COEROLI, déléguée générale, représentait l’ANVP.Les responsables de la DAP ont annoncé que le texte de toutes les conventions a été adressé aux Directeurs Régionaux des Services Pénitentiaires en leur demandant de les diffuser très largement et qu’un article est paru dans ETAPES (lettre d’information du personnel de l’AP) ainsi que dans la lettre des cadres de l’AP.
La DAP a proposé une réunion annuelle avec chacune des associations afin d’évaluer la mise en oeuvre des conventions.Au cours de cette rencontre, le module ATF (Activités - Travail - Formation) a été présenté . Il s’agit d’un logiciel informatique « au service de la réinsertion ». Toutes les activités des personnes détenues y seraient inscrites, celles effectivement suivies et celles demandées mais non satisfaites. Les données seraient accessibles aux personnels de l’AP, aux JAP, aux enseignants, aux formateurs, aux correspondants ANPE ...A ce jour, la mise en place ayant pris du retard, le logiciel n’est pas opérationnel.

2 - Rencontre d’évaluation annuelle de la convention ANVP/AP
• Dans le cadre de l’évaluation annuelle de la convention, le Président Raphaël BONTE a rencontré, le 14 octobre, des représentants de l’AP. Durant la matinée, ont été évoquées la question des délais d’agrément qui dans certains établissements, atteignent un an voire plus, ainsi que la tenue des réunions trimestrielles que certains DSPIP n’organisent pas, malgré les rappels des correspondants. Tous les cas de figure existent : de la réunion régulière chaque trimestre à l’absence totale de rencontres : l’AP s’est proposé de rappeler au SPIP l’importance des ses réunions au sens du Code de Procédure Pénale.
Raphaël BONTE a rapporté l’idée du CUASE de BORDEAUX qui propose que le candidat-visiteur adresse copie de sa demande à la DRSP, afin d’éviter que certaines demandes « ne dorment » dans les bureaux des SPIP.
Si ces 2 points ont reçu une écoute bienveillante, les représentants de l’AP se sont montrés plus réservés sur un agrément provisoire que les candidats-visiteurs pourraient obtenir avant le retour de l’enquête des Renseignements Généraux. Les indicateurs d’évaluation annexés à la convention ont été ensuite étudiés.
L’après-midi, une réunion avec les associations intervenant dans et autour de la prison a permis à l’AP d’informer sur ses orientations. La préparation à la sortie, une enquête de la DR de Lille sur l’hébergement des personnes sortant de prison, les unités expérimentales de vie familiale et une étude sur la récidive ont fait l’objet d’exposés de haut niveau.
Les correspondants, lors de la rencontre annuelle, ont manifesté leur souhait d’avoir en leur possession l’intégralité de la convention signée afin de pouvoir en faire référence et d’être plus crédibles auprès des SPIP et des chefs d’établissement.

3 - Interventions à l’ENAP.
• Comme les années précédentes, l’École Nationale de l’Administration Pénitentiaire nous a sollicités afin que nous intervenions auprès des stagiaires surveillants, des élèves CIP et des élèves directeurs.
Ont été réalisées 4 interventions chacune devant 250 stagiaires surveillants, 2 interventions devant 345 élèves CIP et 1 devant 29 élèves directeurs.Au cours de leur formation, ces personnels sont amenés à rencontrer les principaux partenaires de l’Administration pénitentiaire. La connaissance des visiteurs de prison s’inscrit dans ce cadre.
Les objectifs de ces formations sont de permettre aux élèves de repérer l’action des visiteurs et d’identifier et de situer leur fonction dans cette action.A l’issue de notre prestation, les élèves doivent être capables de connaître clairement les modalités et les conditions d’intervention des visiteurs, leur cadre déontologique, leur champ de compétences, leurs relations avec les personnels pénitentiaires.
Chaque formation a été assurée par deux membres de l’ANVP, essentiellement visiteurs de la région de Bordeaux. Le passage d’une cassette vidéo et la présentation commentée d’un diaporama permettent d’établir le dialogue et suscitent de nombreuses questions, notamment sur nos motivations, le type de relation qui peut se nouer avec les personnes visitées, ce que nous leur apportons et ce que nous recevons.
Au fil des années, nous avons constaté une évolution, passant de comportements de méfiance et de réactions hostiles à une écoute et à un questionnement relevant parfois d’une curiosité sceptique. Les rencontres sont maintenant sereines, et les notions de complémentarité et de partenariat y trouvent une bonne place.

4 - dans le cadre de groupements associatifs ou de collectif.
• Après une période de non participation aux réunions du Groupe National Concertation Prison, l’ANVP a de nouveau été très active au cours du second semestre en participant à toutes les rencontres. Notre représentation est assurée par Dominique FIELD, administratrice, accompagnée du chargé de communication. Ce groupe, composé de différents acteurs qui interviennent autour de l’univers carcéral, échange et se positionne sur certains sujets d’actualité et organise les Journées Nationales Prison.
En 2005 le thème était « La prison, ça n’arrive pas qu’aux autres ». Des manifestations se sont déroulées dans 39 villes (recensées par le GENEPI). Grâce à la création de GLCP (groupes locaux), les initiatives devraient se multiplier. Il nous semble particulièrement important que présidents de sections et correspondants encouragent le création des GLCP. Il est fort probable que d’autres manifestations, à l’initiative de l’ANVP, aient eu lieu sans que l’information soit remontée au siège. Il est essentiel que toute initiative soit rapportée pour être diffusée dans « La lettre », Jéricho ou sur notre site. Si, grâce au développement de nos moyens de communication, la transmission d’information s’améliore, il n’en est pas de même des initiatives de terrain que nous savons nombreuses mais qui ne sont pas répercutées, d’où notre difficulté à satisfaire votre demande d’échange d’expérience.

• Membre du Collectif 2001, l’ANVP y est représentée au sein de son bureau national par Marie-Paule MAUGIS, administratrice. En 2005, ce collectif s’est engagé dans une réflexion de fond sur le traitement de la récidive et a travaillé sur de nouvelles orientations à apporter au texte fondateur de 2001. L’ANVP, par l’intermédiaire de son représentant, a proposé un certain nombre d’amendements.

• L’ANVP est membre du Conseil National de la Vie Associative (CNVA), organisme qui a pour mission d’étudier et de suivre les questions intéressant la vie associative, de donner un avis sur les projets de textes législatifs ou réglementaires et de proposer des mesures utiles au développement de la vie associative. J’ai participé aux deux séances plénières.

III - Activités générales.l’implication dans la Société
• A plusieurs reprises, le Conseil d’Administration a été amené à prendre position ou à s’engager dans le débat public. Parmi ces engagements, on peut citer la co-signature d’une lettre à Hervé MORIN, Président du groupe UDF à l’Assemblée Nationale sur le thème de la prévention de la récidive ; La signature de « l’appel des 200 » du « Nouvel Observateur » pour la mise en oeuvre d’une politique de modernisation et d’humanisation des prisons dans le cadre du « Collectif 2001 », la signature d’une lettre au Président de la République demandant la ratification du Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture.Par contre, le Conseil d’Administration n’a pas souhaité s’associer à un projet de campagne sur le « numerus clausus », cette décision ne nous empêchant pas de nous exprimer sur la surpopulation carcérale et les conditions de détention.

La participation à des débats, réunions, conférences a été assurée par des administrateurs en fonction de leur situation géographique et de leur disponibilité. Si nous sommes souvent sollicités pour des événements qui se déroulent en région parisienne, des administrateurs, délégués régionaux ou visiteurs ont été amenés à représenter l’association sur tout le territoire. La délégation de responsabilités et la logique de collégialité voulues par le Président et partagées par beaucoup a permis à l’association d’être plus présente auprès des associations partenaires et des élus. Localement, des adhérents rencontrent les élus de leur niveau géographique et contribuent à faire connaître et reconnaître notre rôle de visiteur ainsi que la crédibilité de l’ANVP. La Journée Nationale Prison est citée par les correspondants comme étant un événement favorable à la rencontre avec les élus.
Je citerai Christian LECOQ, président de la section Marnes-Ardennes et les membres de son équipe qui, en fin d’année, ont rencontré des députés de leur région ainsi que Madame Adeline HAZAN, députée européenne. De même Jeannine RAHIER, correspondante de Charleville qui a rencontré Monsieur Jean-Luc WARSMANN, député et auteur de plusieurs rapports sur Justice et Prison.
Les parlementaires leur ont réservé un accueil très favorable.Saisissons l’occasion de remettre en main propre, à nos parlementaires, la motion que nous voterons au cours de ce congrès.Nous avons assisté à l’assemblée générale du GENEPI, à celle de l’UOF Saint Vincent de Paul, ainsi qu’aux rencontres nationales de l’UFRAMA à Bordeaux, sur le thème « Les liens à l’épreuve de la prison ».
Un administrateur a rencontré le Directeur de l’Administration Pénitentiaire du Sénégal.
Le Président a participé à une table ronde à l’occasion des 2èmes rencontres parlementaires sur les prisons organisées par Christine BOUTIN le 7 décembre sur le thème : « Après la prison, quelle réinsertion ? ».
En 2005, par des prises de position, une réflexion à plus long terme, un développement du partenariat associatif, l’ANVP a participé davantage au débat et à l’engagement publics, comme l’avait souhaité une majorité des correspondants l’année dernière.

Les salariés et les bénévoles
Les 2 salariés du siège ont apporté accueil et information aux adhérents. L’important travail administratif a été assuré avec rigueur et compétence par Catherine COEROLI, déléguée générale.
Nicolas LOEB, chargé de communication s’est attaché à améliorer nos outils de communication et à rendre plus efficace la diffusion des informations. Affiches, dépliants, banderoles ont été créés ou réactualisés et sont à disposition de chacun. Des améliorations dans la fréquence de diffusion de Jéricho et de La lettre sont encore à apporter (seulement 2 publications chacune en 2005) ainsi que sur les informations à diffuser. Le site Internet s’est considérablement amélioré ; même s’il est encore perfectible, sa fréquentation, en constante augmentation, témoigne d’un intérêt certain (parmi les 125 correspondants, 67 possèdent une adresse courriel).L’information interne peut contribuer à créer une réelle mobilisation des adhérents. Dans le choix des moyens, il est essentiel d’avoir à l’esprit que les adhérents recherchent à la fois l’information, c’est à dire du contenu mais également de la communication, c’est à dire du contact. Cela implique de trouver l’équilibre entre la diffusion de message sans contact et une diffusion d’information par une communication inter-personnelle et des échanges chaleureux.
Un grand merci à nos deux bénévoles, Raymond POIRIER et Michel LEFEBVRE, pour l’aide à la comptabilité qu’ils ont apportée au Trésorier et à la Déléguée générale.

• La journée des correspondants est depuis 4 ans l’un des temps forts de l’année.
Plus de 80 participants se sont réunis le 8 octobre dans les locaux de l’École Nationale de la Magistrature. Répartis en plusieurs groupes de travail, les correspondants ont apporté durant toute la matinée une précieuse contribution à la réflexion sur le projet associatif.
L’après-midi, des échanges d’expériences ont permis à chacun de connaître les difficultés rencontrées pour recruter de nouveaux visiteurs, et d’être informés des méthodes que certains utilisent, et qui font appel essentiellement aux outils de communication que l’ANVP a développés durant l’année.
Cette journée a été également l’occasion de rappeler aux correspondants l’importance de leur réponse aux questionnaires sur les Associations SocioCulturelles et Sportives, ainsi que sur la formation.
Elle a été le point de départ d’un recensement des visiteurs engagés dans les Associations SocioCulturelles et Sportives des établissements et d’un état des lieux de ces associations. En effet, de nombreux visiteurs sont engagés dans ces associations. Elles ont des fonctionnements très différents les unes des autres selon la « qualité » selon les actions qu’elles soutiennent.
Plusieurs membres du CA ont souhaité que l’ANVP offre aux visiteurs la possibilité d’échanger informations et expériences sur ce sujet.
Un questionnaire réalisé par Jean-Paul RAVET, Vice Président, a été remis à chaque correspondant et à l’occasion de l’analyse des réponses, un annuaire des visiteurs a été constitué.La synthèse des réponses est maintenant consultable sur notre site Internet.Interrogés sur le sujet : « la journée des correspondants est-elle indispensable, utile ou sans intérêt ? », les correspondants ont répondu « indispensable » ou « utile » à 80 %.
A noter plusieurs demandes de réunions régionales de correspondants.
Depuis plusieurs années, l’ANVP appuie financièrement des projets de personnes détenues.
Le Conseil d’administration a décidé de mettre en place un fonds d’intervention complémentaire de 10 000 euros, financé par le legs Brun. Ce fonds est destiné à soutenir des opérations d’aide aux personnes incarcérées ou à leur famille, ou à l’occasion de leur libération. Les projets bien définis individuels ou collectifs étaient jusqu’à présent les seuls retenus. Dorénavant des actions d’aide à des personnes indigentes peuvent être prises en compte, en particulier lorsqu’elles s’effectuent dans le cadre de la Commission d’indigence.

• L’association n’a d’existence que par ses membres, et en particulier les visiteurs. C’est pour répondre toujours mieux à leurs attentes que le Conseil d’Administration a souhaité la poursuite d’actions mises en place ou décidées les années précédentes en les adaptant aux évolutions des besoins.

IV - Les prioritésla formation
Une des priorités de l’association est la formation de ses membres. Un membre du Bureau, Marie-Paule MAUGIS, est plus particulièrement en charge de ce dossier. Afin de relancer la dynamique de formation, un questionnaire a été adressé aux correspondants ou à un visiteur d’établissement en l’absence de correspondant. La synthèse des réponses est parue dans la « Lettre » n°19.Depuis plusieurs années, le siège de l’ANVP finance des formations sur des crédits du Conseil National du Développement de la Vie Associative, assurées pour la plupart par l’Institut Astrée.
En 2005, 77 visiteurs ont suivi une formation à l’écoute (48 en 2004), 48 sur la prévention des suicides (92 en 2004). Il est fort probable que d’autres formations aient eu lieu sur moyen propre des régions ou des sections, sans que le siège en ait été informé.
Quant aux groupes de parole, leur utilité est avérée là où ils existent.
Il est a noter que des correspondants attendent de l’association qu’elle organise la formation initiale des nouveaux visiteurs, là où celle-ci n’est pas assurée par l’Administration Pénitentiaire.

le projet associatif
Je me contenterai de dire quelques mots sur un projet qui me tenait à coeur : que l’ANVP se dote d’un projet associatif, fédérateur et stimulant, véritable fil conducteur pour les années à venir. La préparation du projet associatif a été l’un des axes prioritaires en 2005 et début 2006.Durant l’année 2005 un groupe de travail de 8 à 9 personnes s’est réuni 3 fois. La méthode retenue a permis de conjuguer à la fois la réflexion, alimentée par le groupe de travail, et les contributions des 80 participants à la journée des correspondants, auxquelles se sont ajoutées les contributions adressées ultérieurement par 14 sections à l’instigation des correspondants.
Sur le site Internet de l’ANVP une invitation à participer à la réflexion sur le projet associatif a eu peu d’écho, en effet un seul adhérent a répondu.
L’élaboration du projet associatif s’est achevée durant le 1er trimestre 2006 et le texte définitif sera soumis à l’approbation des membres de cette assemblée générale.
Le rapport moral et d’orientation que vous présentera Raphaël BONTE fera le bilan du programme annuel d’actions tel que les membres du Conseil d’Administration l’ont approuvé le 2 juillet 2005.

V - Les délégués régionaux
9 délégations régionales, une mission d’Outre-mer, 63 sections et 125 correspondants constituent actuellement le maillage du territoire.
Le travail initié par le Conseil d’Administration est relayé dans chaque région pénitentiaire par le délégué régional.
Jusqu’en juillet 2005, 6 régions étaient pourvues de délégué. Avec la nomination de Jean-Yves HENRY, comme délégué régional de la région de RENNES, il reste 2 régions à pourvoir. La région de TOULOUSE sera pourvue en 2006, grâce à la candidature de Jean-Louis Grenié. Quant à la grande région PARIS-ILE DE FRANCE-CENTRE, Yannick LE CORRE s’emploie à la re dynamiser.
Les délégués ont tout au long de l’année accompagné, encouragé les membres et représenté l’ANVP par une activité dense et soutenue.

4 - Bruno ALEFSEN, région de BORDEAUX.
État des lieux : 20 établissements - 19 correspondants - 74 visiteurs.
Constitués en équipe régionale, 5 membres représentent les 5 régions économiques ; ils se sont réunis 5 fois.Le délégué s’est déplacé 17 fois sur le terrain et a rencontré 2 fois le DRSP et ses collaborateurs.
Une réunion régionale, sur le thème de la prévention du suicide, a rassemblé une cinquantaine de personnes dont des visiteurs de Toulouse.

5 - Robert CHERE, région de DIJON.
État des lieux : 18 établissements - 17 correspondants - 89 visiteurs.
3 rencontres de correspondants ont eu lieu, 1 réunion régionale pour débattre des questions que se posent les visiteurs, 1 journée de formation.
Le délégué a rencontré 2 fois le DRSP et a participé à un forum des associations ainsi qu’à une table ronde à l’occasion de la Journée Nationale Prison.

6 - Jacques DEBRAY, région de LILLE.
État des lieux : 21 établissements - 17 correspondants - 190 visiteurs.1 réunion régionale sur le thème de la loi dite Perben 2.
Plusieurs formations à l’écoute et des groupes de paroles qui fonctionnent bien. Le délégué a eu une importante activité de représentation et s’est beaucoup déplacé sur le terrain.

7 - Jean VENET, région de LYON.
État des lieux : 17 établissements - 12 correspondants - 94 visiteurs.
L’année a été principalement marquée par l’organisation et le tenue du congrès. Toute l’équipe s’est fortement mobilisée pour cet événement soit réussi.3 formations à l’écoute ont eu lieu et plusieurs groupes de parole fonctionnent.Le délégué a une forte activité d’animation et de dynamisation des sections.

8 - Georges AUDIBERT, région de MARSEILLE.
État des lieux : 15 établissements - 11 correspondants - 101 visiteurs.L’activité du délégué est articulée autour de l’action de coordination, d’animation, de recrutement et de formation, ainsi que de représentation de l’ANVP auprès de la DRSP, des SPIP et des directeurs d’établissements.
1 réunion régionale (65 participants) et 1 en Corse.
3 réunions de correspondants.
5 interventions avec pour objectif le recrutement.
5 formations dont 3 sur la détection et la prévention du suicide.

9 - Jean-Yves HENRY, région de RENNES.
État des lieux : 17 établissements - 17 correspondants - 150 visiteurs.
Participation à la JNP et interventions dans des établissements scolaires.
Délégué depuis juillet 2005, l’activité se développera en 2006.

10 - André DEYBER, région de STRASBOURG.
État des lieux : 14 établissements - 11 correspondants - 54 visiteurs.
1 réunion régionale (38 participants)
4 réunions de sections pour préparer le congrès. Articles dans la presse.
Projet de création de section en Lorraine.

11 - Région de TOULOUSE.
État des lieux : 16 établissements - 9 correspondants - 47 visiteurs.

12 - Région PARIS-ILE DE FRANCE-CENTRE.
État des lieux : 19 établissements : 16 correspondants - 223 visiteurs.

13 - OUTRE-MER
État des lieux : 14 établissements - 1 correspondant - 15 visiteurs.

VI - Les centres d’accueil.
L’ANVP gère trois centres d’accueil des familles, situés à Amiens, Béthune et Perpignan.
- La maison d’accueil d’Amiens fonctionne avec le concours d’un salarié et de quinze bénévoles. Elle est ouverte 5 jours par semaine et reçoit en moyenne 60 adultes et 15 enfants. Les locaux sont trop exigus pour répondre dans de bonnes conditions à la demande.
- L’accueil des familles de Béthune bénéficie de subventions modestes mais reçoit des dons importants.
En 2005, 5 401 personnes ont été reçues dont 4 103 adultes et 1 298 enfants. La maison est ouverte 5 jours sur 7 et fonctionne avec une équipe de 20 bénévoles. La population est essentiellement féminine, de nationalité française d’origine ou issue de pays du Maghreb. Les locaux sont satisfaisants.
- Ces deux accueils offrent des boissons, des biscuits, des friandises, gardent les enfants et sont des lieux d’écoute et de soutien moral.
- L’accueil des familles de détenus « Le Mas Grando » à Perpignan a connu une année de travaux pour la mise en conformité des locaux.
Les familles les plus démunies, surtout des femmes avec enfants, sont accueillies pour hébergement. Elles viennent souvent de l’étranger, et restent donc plusieurs jours sur place. La maison est ouverte 24 h sur 24 h sauf le week-end et fonctionne avec 4 salariés et 4 bénévoles. Une participation financière est demandée aux accueillis et adaptée aux possibilités de chacun.
- Dans les trois maisons d’accueil, les familles et proches apprécient d’y trouver un accompagnement et un réconfort moral en plus de l’accueil matériel qui améliore les conditions d’attente de parloir.

VII - Les membres - Les visiteurs
En 2005, qui sont les membres de l’ANVP ?En mai 2005, nous étions 1 296 membres dont 941 visiteurs. Au 1er janvier 2006, 1 242 membres dont 926 visiteurs, 316 membres associés (304 personnes physiques et 12 personnes morales).
Le nombre de visiteurs au 1er mars 2006 a légèrement diminué pour passer à 922. Après une légère hausse fin 2004 et début 2005, de nouveau cette baisse est inquiétante. Non pas parce que nous ne recrutons pas - 141 nouveaux adhérents en 2005 - mais parce que nous ne recrutons pas assez. En effet, le nombre de départs : démission, décès, radiation pour non paiement de la cotisation étant supérieur au nombre d’arrivées, le solde est négatif. S’il est un sujet qui nécessite la mobilisation de tous, c’est certainement celui du recrutement.
D’autant plus que le nombre de personnes incarcérées, reste à un niveau élevé :au 1er mai 2005 : 59 563, au 1er janvier 2006 : 58 344, au 1er mai 2006 : 59 035.
Nous intervenons dans 140 établissements sur 188. Si nous ne tenons pas compte des 13 centres de semi-liberté, des 4 établissements d’outre-mer dont la capacité est inférieure à 20 détenus, il nous reste à être représentés dans 31 établissements dont 6 en outre-mer et 25 en métropole. A partir des derniers chiffres ANVP recensés, le ratio par région pénitentiaire est par ordre décroissant :
RENNES : 1 visiteur pour 34 détenus
DIJON : 1 pour 41 LILLE : 1 pour 45
LYON : 1 pour 53PARIS : 1 pour 58
BORDEAUX : 1 pour 63
MARSEILLE : 1 pour 69
STRASBOURG : 1 pour 79
TOULOUSE : 1 pour 90
Soit un ratio global de 1 visiteur ANVP pour 64 détenus.
Sur les 14 établissements d’outre-mer, nous sommes présents dans 4 d’entre eux en particulier en GUADELOUPE, au centre pénitentiaire de BAIE MAHAULT, avec 10 visiteurs et un ratio de 1 visiteur pour 56 détenus.
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre le ratio de 1 visiteur pour 20 personnes incarcérées et ce n’est pas la création de 2 156 places en 2005 qui peut nous laisser espérer une diminution du nombre d’incarcérations.
Les correspondants constatent que la moyenne d’âge des visiteurs est élevée et qu’il est difficile de sensibiliser les jeunes qui ne sont pas encore stabilisés dans leur vie familiale ou professionnelle.
Plusieurs ont dépassé l’âge limite d’agrément et continuent d’exercer avec la bienveillance de l’Administration Pénitentiaire. Faute de successeur, des correspondants poursuivent leur action mais attendent avec impatience la relève.

VIII - L’enquête auprès des correspondants
Les réponses au questionnaire.L’enquête a été menée à l’aide d’un questionnaire interrogeant sur :
- des données chiffrées,
- l’activité du correspondant, et ses relations avec le milieu environnant,
- les rapports entretenus avec les différents personnels et intervenants de l’établissement,
- les conditions de détention,
- les souhaits et propositions. Cette dernière partie sera évoquée par le Président dans son rapport moral et d’orientation et devra faire l’objet d’une analyse spécifique.
Le dépouillement des 88 réponses qui m’ont été retournées témoigne de l’activité « de terrain », au plus près de la personne incarcérée et de ceux qui, bénévoles et professionnels, côtoient au quotidien les détenus.
La synthèse qui suit, en raison de l’aspect fragmentaire des réponses, ne permet pas d’en tirer des conclusions statistiques mathématiquement exactes ; on en déduit cependant des tendances relatives aux éléments qui ont été transmis.
La densité et la richesse du nombre de réponses nécessiterait un travail d’analyse en groupe pour exploiter toutes les idées exprimées.
On peut féliciter les correspondants de la région de Dijon qui ont répondu à 93% (13 sur 14), suivis de près par ceux de Lille à 88% (14 sur 16) !
« bâillonnées » par l’AP.
• Parmi les relations avec d’autres intervenants dans l’établissement, l’Aumônerie Catholique arrive en tête (citée 18 fois), puis les enseignants, le personnel médical (infirmière), le GENEPI, les Alcooliques Anonymes.
• Il ressort des contributions sur le thème des conditions de détention que les correspondants sont très attentifs à ce sujet (73 citations).
• Si 23 d’entre eux estiment les conditions matérielles bonnes, « sans problème », 41 correspondants déplorent le manque de travail proposé aux détenus. Les délais pour en obtenir un peuvent atteindre 12 mois. Quand il y en a, il est sous payé, irrégulier, peu valorisant et en inadéquation avec l’expérience que pouvait avoir le détenu avant son incarcération et aussi avec ce qu’il pourra trouver à sa sortie.
Le travail est considéré comme un moyen d’obtenir de quoi cantiner mais pas comme une activité contribuant à la réinsertion.
Dans certains cas, il est donné « à la tête du client » ou en récompense d’un bon comportement. Dans d’autres, il est recherché une équité de traitement comme à la MA de CHARLEVILLE-MEZIERES où, pour que chacun ait du travail, un atelier de conditionnement occupe la moitié des détenus pendant 15 jours et l’autre moitié la deuxième quinzaine. A de rares exceptions près, l’offre de travail est insuffisante et l’AP a parfois des difficultés à trouver des concessionnaires sérieux.
• Il en est de même pour l’accès à la formation des détenus, ni assez développée ni diversifiée (cité 35 fois). Les places pour accéder aux formations qualifiantes ne sont pas assez nombreuses.
• Dans 2 établissements, il y aurait du travail pour tous mais généralement il existe des listes d’attente pour le travail comme pour la formation ; et il n’est pas rare qu’en MA la personne soit libérée avant d’avoir obtenu satisfaction.Dans certains établissements, travail et formation sont limités par l’exiguïté ou le manque de salles adaptées.
• La surpopulation est citée en 3ème position (14 fois). Elle engendre des problèmes dus à la promiscuité (non-fumeurs qui doivent partager la cellule avec des fumeurs - non respect de l’intimité) et d’accès aux activités ; elle ne concerne que les MA.
3 correspondants de MA estiment les conditions de détention « bonnes » malgré le surnombre.
• La vétusté des locaux est souvent associée à la surpopulation puisqu’elle concerne essentiellement les MA. Les deux facteurs ont des conséquences néfastes sur la salubrité des locaux, et l’hygiène des personnes.
L’humidité, l’insuffisance de lumière (problèmes de vue), le manque de propreté (les détenus n’ont pas envie d’entretenir la cellule) sont signalés dans 13 établissements. Il y a un problème d’acariens à la MA de NIORT.
L’accès aux douches est encore globalement trop limité ; par manque de buanderie, des détenus, sans visite, doivent laver leur linge dans le lavabo à l’eau froide (cité 5 fois).
A noter qu’en quelques années, un effort important a été fait pour séparer, là où cela était possible, le coin toilettes du reste de la cellule.
• La quantité et la qualité de l’alimentation ont beaucoup diminué depuis que des sociétés privées ont repris la gestion (cité 5 fois). Globalement, beaucoup de détenus se plaignent de la nourriture, mais plusieurs correspondants soulignent la difficulté de se faire une opinion objective sur ce sujet.Le prix des cantines est jugé trop élevé.
• 62 correspondants sur les 88 déclarent avoir eu connaissance de cas de tentatives de suicides ou de suicides, et ont relevé (non exhaustifs) 59 suicides et 335 tentatives. Les suicides se seraient produits essentiellement dans les Maisons d’Arrêt, alors que les tentatives concerneraient tous les types d’établissements.
• L’indigence est faible dans les établissements pour peines, par contre dans les Maisons d’Arrêt, on relève des taux déclarés allant jusqu’à 50% de la population carcérale. On peut estimer que 12% de la population tous types d’établissements confondus, est considérée comme indigente.
• L’accès aux soins est globalement convenable hormis les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous.Par contre dans 13 établissements, les soins dentaires ne sont pas satisfaisants ; à la MA de NIORT, en 2006 il n’y aura plus de cabinet dentaire. On estime à 50 % le nombre de personnes entrées en détention qui nécessiteraient des soins dentaires.Les correspondants sont 21 à constater le manque de moyens en psychologues et en psychiatres et le peu de prise en charge des problèmes d’addiction.
• Les activités culturelles et sportives sont très variables d’un établissement à l’autre. Elles peuvent être limitées par manque de locaux ou de moyens, ou mal adaptées aux détenus (dans 26 établissements). Elles manquent là où les ASCS sont peu actives ou ont disparu. Les établissements « extra-muros » bénéficient généralement d’espace ou d’équipement sportif de bonne qualité. Mais la correspondante du CD d’UZERCHE déplore qu’il n’y ait pas de sport le week-end.
• Les conditions de visite des familles ne semblent pas poser de problème particulier sauf ceux liés à l’éloignement et aux difficultés financières. Quelques cas particuliers, par exemple à la MA de LUYNES où les conditions se sont dégradées et ont pour conséquence que certaines familles ne peuvent même pas obtenir un parloir par semaine.Enfin, pour terminer par une note positive, les établissements de DRAGUIGNAN et de BORGO sont, paraît-il, bien appréciés par les détenus !
Les correspondants relèvent que dans de nombreux établissements, les efforts de l’Administration Pénitentiaire pour améliorer les conditions de détention sont fortement limités par le niveau des moyens qui leur est affecté.
En conclusion de ce rapport, je constate et je souligne l’engagement et l’investissement de chacun.Je constate aussi que là où les équipes sont soudées, là où le partenariat associatif est effectif, là où les rapports avec les représentants de l’Administration Pénitentiaire sont corrects, la mission des visiteurs de prison est reconnue et de qualité.Je constate également que des équipes ont besoin de se sentir soutenues et demandent à être accompagnées pour atteindre cette reconnaissance et cette qualité : c’est une attente envers le siège.Il est nécessaire que le sentiment d’appartenance à l’ANVP, loin d’être incompatible avec un engagement individuel, soit une réalité pour chacun et qu’une volonté commune nous permette d’atteindre nos objectifs.

* La nouvelle affiche est à présent disponible