Ma prison... ou la prison, telle que je la voudrais...
1019 Jours de détention... en Centre de détention
Extrait de la correspondance adressée à ma fille, pour lui présenter mes conditions de détention et mon « nouveau » cadre de vie
Rajout 2 :
Ma prison... ou la prison, telle que je la voudrais...
Comme je vous l’ai déjà dit, la durée de détention est souvent trop longue et de ce fait, elle est destructrice de l’individu. De plus, elle le rejette d’une façon irrémédiable, hors de la normalité et il est vain de prétendre qu’une réinsertion est possible. Les séquelles sont tels que l’ancien détenu ne sera plus jamais le citoyen qu’il était avant sa détention, sa délinquance.
Pour moi, la durée maximale de détention devrait être de 6 mois, quelque soit le délit ou crime. Pendant ce laps de temps, la Justice aura tout le loisir de trouver des peines (hors prison) pour punir le délinquant.
Les statistiques disent que la durée moyenne de détention est de 8 mois, ce qui veut dire qu’en fait, il y a beaucoup de petits séjours en prison... donc je devrais être satisfait.
Mais, je ne le suis pas, car ces séjours courts en prison, à l’heure actuelle, son tout à fait inopérants dans leur fonction punitive.
Le détenu n’y trouve pas des contraintes susceptibles de le faire réfléchir, susceptibles de lui faire regretter sa présence en ces murs.
Il vit, il attend que le temps passe dans des conditions matérielles si elles ne sont pas bonnes, pour le moins, elles ne sont pas traumatisantes.
De plus, une fois dehors, la prison ne lui laisse pas de souvenir assez déplaisant pour le persuader qu’il ne doit pas y retourner.
Pour moi, si on est reconnu coupable, on doit aller en prison, ne serait-ce que quelques temps.
Ainsi, les jeunes « petits » délinquants sont condamnés à la prison avec sursis de nombreuses fois avant d’y rentrer... Si à la première condamnation, il allait en prison... (dans ma prison), il n’y retournerait plus ou pour le moins, il redouterait un retour... ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Donc ce passage obligé court (pas plus de 6 mois) permettrait aux juges de trouver des peines complémentaires en fonction de la nature du délit ou crime commis. Je leur en donnerai quelques pistes.
Pourquoi pas plus de 6 mois ?
6 mois me semblent, tout d’abord, largement suffisant pour trouver des peines complémentaires.
Pour celui qui est dedans, le régime que je lui propose devrait le dégoûter assez pour ne pas avoir envie d’y retourner...
Pour lui-même, s’il avait un employeur, ce dernier peut l’attendre (s’il en a besoin) 6 mois, au-delà, c’est du mécénat... Si la détention est longue, il sera difficile à l’ancien détenu de retrouver du travail (cf. trou dans le CV, les techniques ont évoluées, etc), de plus, l’ancien entourage professionnel l’aura oublié et ne sera pas enclin à l’aider dans sa recherche professionnelle.
S’il a une famille, avec l’aide d’amis et de leur famille, elle devrait pouvoir survivre et supporter l’éloignement de celui qui est souvent le chef de famille, celui qui apporte la meilleure paie.
De plus un éloignement long va le marginaliser dans sa propre famille, on se sera organisé sans lui, sa place ne sera plus la même.
D’un point de vue plus personnelle, la détention s’accompagne souvent d’une crise au sein du couple même, qui fait que celui-ci éclate à la sortie même si pendant la détention, les apparences ont été maintenues.
Si je veux que le maximum de délinquants passe par la prison, cela implique que les juges, sur la seule accusation (procureur), sur les seuls faits concrets connus (délit caractérisé, pris sur le fait, accident, meurtre, viols, etc), sur les seules investigations de la police judiciaire, décident qu’il y a faute et que celle-ci, au nom de la société, doit être suivie d’une punition.
Pour découvrir la gravité des faits, 6 mois sont largement suffisants dans la majorité des cas, si on s’occupe du dossier sans le faire traîner dans un placard... Alors, en fonction de ladite gravité, il sera possible de déterminer les peines complémentaires applicables en l’espèce. Dans l’absolu, je pense même que celles-ci pourraient être « choisies » en accord avec le délinquant.
Parmi les peines les plus efficaces, pour éviter la récidive, à mes yeux, et qui, souvent, peuvent aussi soulager la ou les victimes, je mettrai en premier : le déplacement du délinquant, en l’obligeant à quitter sa région d’origine. En second, je mettrai l’obligation de travailler et pas de chômage et de RMI possible (autorisé) pendant x mois ou années. Le reste suivra sans difficulté : dédommagement des victimes, interdiction de fréquenter telle ou telle personne, en rapport avec l’origine du délit, , port du bracelet, interdiction de fréquenter certains lieux, etc...
Tout cela ne se fera pas au bon gré du délinquant, mais sous la surveillance et avec l’aide d’un tuteur (éducateur) qui ne s’occupera que d’une dizaine d’individus.
Il faut une aide, une écoute et un soutien permanent, aide à la recherche d’emploi et de logement, aide aux observations et à l’exécution des peines complémentaires. 10 surveillés - protégés, cela ne fait qu’une vingtaine d’heures par mois maxi, pour chacun, cela me semble bien peu... mais on peut partir avec l’idée que le nouveau « protégé » aura / sera plus demandeur d’aide que celui qui est sur les rails depuis plusieurs mois, cela devrait faire un équilibre.
Pour éviter la récidive, il y a deux choses qui me semblent fondamentales : exiger l’éloignement et mettre en place le tuteur, présent à chaque instant, aussi bien pour aider et conseiller que pour surveiller et mettre en garde.
Ces peines, au-delà des 6 mois, doivent être acceptées par le délinquant, s’il refuse de s’y soumettre ou s’il dérape malgré les mises en garde, c’est le retour en prison pour une durée fixée d’avance et qui ne pourra être réduite (pas de RP - RPS - Grâces).
MA PRISON...
Je pense qu’elle ne plaira pas à tout le monde.
Nota : pour ne pas alourdir mon texte, je vous ferai des renvois pour expliquer pourquoi je pense que cela doit être comme cela.
Cellule individuelle [1] de 7 à 9 m² avec un lit, une table, une armoire, une chaise, un cabinet de toilette [2] avec lavabo et eau froide, WC [3],
Toute décoration, toute personnalisation interdites [4],
Pas de TV, pas de poste de radio ou CD, pas de DVD, pas de Playstation [5],
Musique de fond (ambiance), flash d’informations audio, chaque heure ou 3 fois par jour, avec possibilité pour le détenu de l’éteindre [6],
Bien sûr, porte fermée 24 h/24, sauf pour certaines activités,
Interdiction de fumer en cellule [7],
Interdiction d’y cuisiner, pourraient être toléré une bouilloire, du nescafé, sucre, etc et un peu de nourriture (type biscuits),
Au niveau confort et hygiène, bien sûr, il faut un lit correct et une literie propre, désinfectée entre chaque occupant, draps changés chaque quinzaine, maxi,
Si le coût n’en était pas trop excessif, j’envisagerai bien le retour au vêtement banalisé, type bleu de travail, avec seule possibilité de linge personnel dans les sous-vêtements, chaussettes et chaussures [8],
Cet environnement, quelque peu spartiate, devrait produire un effet d’isolement, un sentiment de non - bien-être avec cependant un confort digne du XXI° siècle.
Il est important que la prison ne soit pas un facteur de dé-sociabilisation. Donc, je pense qu’il faut y créer une vie sociale, et la possibilité de côtoyer d’autres individus, sans pour cela favoriser la trop bonne cohabitation - confraternité.
Ainsi, je pense que toute prison devrait être divisée en secteur regroupant au maximum 20 à 25 cellules.
Dans chaque secteur, on trouverait douche individuelle à laquelle chacun pourra aller une fois par jour, une salle d’activité-fumoir, un réfectoire.
Attenante à cette salle, parce que chacun doit se prendre en charge, à disposition, évier pour la vaisselle, machine à laver et sèche-linge. On peut même imaginer que les draps et serviettes sont lavés par le détenu [9].
En effet, dans ma prison, tous les repas (les 3) sont pris en commun, par table de 4 ou 6, pour un semblant de cellule familiale où parler est possible [10]. Dans cette salle, on pourrait y trouver des casiers (comme dans les gares) où le détenu mettrait ses couverts, serviette, sel, poivre, etc... et son tabac. Il serait autorisé à fumer qu’après les repas, pendant un laps de temps court. La pose repas + rangement + tabac serait limité à 30 + 15 minutes.
Parmi les activités possibles : 1 h maximum le matin, et 1 h l’après-midi.
Ce qui est proposé ; promenade à l’extérieur (air libre),
salle d’activité avec jeux de société,
sport individuel (muscu),
sport collectif [11],
En sus de ces activités, seraient possible l’accès à la bibliothèque (2 ou 3 fois par semaine), les activités scolaires et bien sûr, l’accès à tous les soins - suivis médicaux nécessaires, et aux activités cultuelles.
J’envisage de réduire la possibilité d’échanges avec la famille : un seul parloir d’une demi-heure par semaine (pas de prolongation) [12], courrier libre et contrôlé (si vous voulez), pas d’accès au téléphone sauf nécessité et donc sous contrôle du travailleur social (et avec lui). Pas d’échange de linge, que des apports, rappel : le détenu lave son linge.
Au niveau des cantines : tabac [13], produits d’hygiène (de qualité, mais pas forcément de marque prestigieuse), produits alimentaires dits de confort : nescafé, sucre, gâteaux secs.
Le non respect du règlement, des consignes et de la sécurité serait sanctionné par la suppression de toute activité collective (y compris douche [14], parloir, activités, courrier), les repas seraient pris en cellule [15].
Ce régime d’isolement devrait être limité à une semaine.
Voilà ma prison idéale...
Je pense qu’elle vous a bien choqué et que vous n’avez pas envie d’y goûter...
Pour ma part, j’ai bien déliré (comme disent les jeunes), mais je pense qu’il y a du bon là dedans et qu’une telle prison serait efficace...
Avant de conclure et pour répondre à certains qui ne jurent que par la détention préventive.
Je ne suis pas contre la détention préventive, mais contre la forme qu’elle a aujourd’hui. Elle peut se justifier si les faits reprochés sont très graves et les preuves quelque peu minces, mais les présomptions grandes.
Cependant, si détention il y a, le prévenu doit avoir la possibilité de présenter tout ce qui peut être en sa faveur et avoir la possibilité de communiquer avec l’extérieur (téléphone, courrier fermé) et même on doit lui donner la possibilité de « sortir ». Pour cela le bracelet électronique (avec GPS) est tout à fait adapté. Le prévenu fait son itinéraire et le respecte.
A ce jour, ce qui est catastrophique, c’est que le prévenu n’a pas accès à son propre dossier, il ne lui est pas possible de rechercher par lui-même documents, témoignages, etc...
Actuellement, l’instruction se fait à charge, souvent mal, mais jamais à décharge, même les affirmations ne sont pas vérifiées.
Comme il s’agit de détenu, non encore reconnu comme coupable, on pourrait imaginer leur accorder un régime de type centre de détention, c’est-à-dire, régime ouvert (sauf nuit) et libre circulation.
Il est indispensable qu’il soit isolé des autres détenus condamnés qui purent leur 6 mois (maximum).