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(2006) CQFD : Seuil de tolérance

Mise en ligne : 27 janvier 2006

Dernière modification : 21 juillet 2007

Texte de l'article :

SEUIL DE TOLERANCE

Cyril Khider était en grève de la faim depuis plus d’un mois, ayant perdu douze kilos, il avait été transféré d’urgence dans l’unité médicale de Bois-d’Arcy.
En détention provisoire depuis 2001, pour avoir tenté, à bord d’un hélico, de délivrer son frangin Christophe, condamné à trente ans de cabane pour divers braquos et la mort accidentelle d’un homme. Comme lors de cette tentative d’arrachage, ils ont pris en otage deux matons et en ont blessé un, l’engeance matonne en fait voir des vertes et des pas mûrs à Cyril depuis qu’il est encage. Il a d’ailleurs été accueilli lors de son arrivée à la zonz’ de Nanterre par ce préambule lapidaire : « Ce que tu as fais aux collègues, tu vas le payer amèrement, tôt ou tard on te crèvera... ». Et depuis, ça n’a pas arrêté : pour des motifs fallacieux (préparation d’une hypothétique évasion), on le jette au quartier d’isolement, il se fait baluchonner, insulter et provoquer maintes fois par les matons qui vont jusqu’à l’empêcher de dormir. Et ce n’est pas tout : linge de corps souillé, blocage du courrier, vol d’effets personnels, crachats et autres immondices dans la gamelle, fouille de cellule et fouille au corps quotidiennes, parloir souvent supprimé, éloignement familial. Ce qui était recherché, arriva : Cyril pète les plombs, insulte et menace, ce qui lui vaut une peine intérieure de cinq mois. Lors du jugement, un magistrat lui lance : « Votre seuil de tolérance est peu élevé ! ». Par la suite, Cyril décide de retourner à l’isolement « Pour sauver ma vie. » il y reste quatre-vingt quinze jours, dans 4m2, sans un seul jour dehors, alors que, dans les textes de loi, la période d’isolement ne peut dépasser quarante cinq jours. Peu de temps après, il refuse une énième fouille au corps (à poil devant les portes-clefs, penché pour exposer son cul et tousser pour voir si quelque chose en sort). Il est alors, qu’il est plaqué au sol par une dizaine de matons et se fait écarter les fesses de force. Il vit cette agression comme un viol. Cyril convaincu par sa mère, décide en juin dernier de porter plainte contre l’Administration Pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Plainte qui, comme toujours, reste sans réponse. On rappellera qu’en principe la prison n’est qu’une privation de liberté, et non un lieu où l’arbitraire et la torture blanche sont érigés en système de vengeance corporatiste.

Marius Fréhel
Source : CQFD