« QUELLE INDÉPENDANCE DES SOINS EN MILIEU CARCÉRAL ? »
Session ST1 convention nationale
Participants :
Marc Dixneuf,
Atiqa Chajai,
Marc Bessin,
Dr Denis Lacoste,
Rosine Réat,
Armand Totouom
Croiser les regards pour avancer
Aujourd’hui, deux groupes de travail planchent pour dégager des pistes visant à améliorer les soins dans les prisons franciliennes. Ce qu’explique Christine Barbier, médecin inspecteur de santé publique à la Drass Île-de-France, notamment chargée de décliner le plan national VIH au niveau régional.
Vous avez mis en place un groupe de travail sur le VIH et les hépatites en prison. Qui y participe et quel est son rôle ?
Le groupe « détenus », qui s’est déjà réuni deux fois, comprend des médecins de Ddass et d’Ucsa, des directeurs de maisons d’arrêt, des professionnels de services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip), ainsi que des représentants d’associations intervenant en milieu carcéral en Île-de-France, telles Act Up, Aides, Migration santé ou Sida Paroles. La présence de ces dernières me semble indispensable car elles apportent un regard complémentaire à celui des soignants. Nous effectuons aujourd’hui un diagnostic sur la prévention : les informations données aux détenus à leur entrée en prison, l’accès au matériel de prévention (préservatifs, eau de Javel), l’organisation du dépistage, la continuité des soins, les préparations à la sortie... Il s’agit de réaliser un état des lieux, de dégager des pistes et de mettre en oeuvre des solutions.
Qu’avez-vous constaté en matière de dépistage ?
À leur arrivée, les détenus doivent se voir proposer un dépistage du VIH et des hépatites. Le moment ne nous semble pas forcément bien choisi. Les personnes sortent en effet de garde-à-vue, sont accablées par ce qui leur arrive... Si, en plus, elles apprennent une séropositivité, cela peut être très lourd. Nous allons discuter afin que ce dépistage soit reproposé au cours de la détention et intégré à des bilans globaux. Nous avons par ailleurs constaté que, selon les établissements, ce sont les Ucsa ou des CDAG qui gèrent cette question. Or l’intervention des CDAG est problématique : la confidentialité n’est pas préservée puisqu’ils sont assimilés au VIH.
En outre, comme leur présence n’est pas quotidienne, le dépistage n’est pas proposé à tous les détenus. Une autre question est de savoir ce qu’il se passe après.
Concernant le VIH, les détenus semblent bien pris en charge, mais, en matière d’hépatite C, ce n’est pas le cas. Les personnes infectées ne bénéficient pas toujours du bilan complémentaire d’indication à un éventuel traitement, notamment car cela implique des extractions. Quant au VHB, si le dépistage est négatif, les personnes doivent pouvoir accéder à une vaccination, or celle-ci n’est pas organisée. Les dépistages ne débouchent donc pas systématiquement sur la prise en charge nécessaire, ce qui, en termes de santé publique, est problématique.
La Drass Île-de-France participe également à un groupe de travail portant sur l’organisation des soins en prison aux côtés de l’Agence régionale d’hospitalisation, qu’en est-il ?
L’idée est d’essayer d’avoir une démarche conjointe en vue d’élaborer des préconisations à faire valoir aux Ucsa franciliennes, lesquelles sont présentes au sein du groupe. Nous avons un contrat avec le ministère de la Santé pour améliorer les soins en milieu carcéral. Plusieurs sujets sont débattus : le dépistage, l’attractivité des postes pour motiver infirmières et médecins à travailler en milieu carcéral, la continuité des soins à la sortie. Trop souvent, une insuffisante coordination entre Spip et Ucsa oblige en effet des sortants de prison à se retrouver dehors sans ordonnance ni traitements. Ce à quoi il faut remédier.