Jérôme, intervenant à Cabiria et ancien détenu
« J’ai connu la prison, il y a quelques années. J’ai été incarcéré dans deux établissements : l’un super moderne, à Villefranche-sur-Saône ; l’autre, des plus vétustes, Saint-Paul-Saint-Joseph à Lyon. Je n’ai jamais été malade, mais j’ai pu constater combien la question des soins était problématique pour les détenus ayant des ennuis de santé ou sous substitution. Certes, cela diffère selon les prisons. À Lyon, les surveillants respectent plus les détenus, dont ils savent les conditions de vie exécrables, qu’à Villefranche, où règnent un climat délétère et un racisme énorme. Pour obtenir des soins, il faut en faire la demande par écrit. Ce qui, pour des personnes illettrées comme certains migrants, est impossible. Je me suis ainsi retrouvé en cellule avec un Géorgien qui ne connaissait pas le français et avait des rages de dents épouvantables. J’ai écrit tous les jours des mots pour lui. Il a dû attendre un mois et demi pour rencontrer un dentiste ! Une fois, il a dû tambouriner à la porte de 17 heures à minuit pour qu’un surveillant se déplace, qu’il appelle son chef, et que celui-ci prenne sous sa responsabilité de lui donner une boîte de paracétamol. Un acte qui, à Villefranche, aurait été totalement impossible ! »