Un détenu de 16 ans s’est suicidé dans une prison pour mineur
C’est le premier cas de suicide dans ce type d’établissement.
Un adolescent de 16 ans s’est pendu lundi à l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) du Rhône à Meyzieu, ce qui constitue le premier cas de suicide dans ce nouveau type d’établissement ouvert en juin 2007.
« Agé de 16 ans, ce détenu, qui bénéficiait d’un suivi psychiatrique, a mis fin à ses jours par pendaison », a indiqué mardi un communiqué de l’administration pénitentiaire. « Il avait déjà eu des comportements "à risques". Mais ce suicide a été un peu inattendu car il avait passé une matinée tout à fait normale (ndlr : le jour de son décès) », a précisé lors d’un point-presse Paul Louchouarn, directeur interrégional adjoint des services pénitentiaires de Rhône-Alpes-Auvergne.
Ecroué depuis le 17 décembre dernier, l’adolescent a été retrouvé dans sa cellule individuelle, attaché avec un drap au conduit d’aération. Malgré l’intervention des secours, « il est décédé dans les heures qui ont suivi sa découverte », a ajouté M. Louchouarn. « Ca a été un grand choc et une surprise pour les professionnels de l’établissement », a-t-il poursuivi en relevant que « depuis 2003, l’administration pénitentiaire s’est fortement engagée dans une politique de prévention du suicide ».
La proportion des suicides en milieu carcéral a baissé de 30% depuis 5 ans, souligne dans son communiqué l’administration pénitentiaire, qui relève « 96 suicides de majeurs en 2007 ». « Sur cette même année, aucun mineur n’a mis fin à ses jours malgré 72 tentatives de suicide relevées et déjouées par l’intervention des personnels pénitentiaires », précise-t-elle.
Une enquête judiciaire et une enquête administrative sont en cours après ce suicide. « Ce suicide, on le ressent comme un échec mais cela nous pousse à être encore plus vigilant face à la détresse des jeunes détenus », a indiqué Pascal Rossignol du syndicat UFAP Rhône-Alpes-Auvergne.
« Les éducateurs font de trop longues journées qui ne sont pas du tout adaptées à un travail d’encadrement serein et approfondi », a-t-il estimé en dénonçant « un manque d’effectifs » et des « incidents à répétition » à l’EPM du Rhône. L’établissement de Meyzieu, premier d’une série de sept inauguré en avril 2007 par l’ancien garde des Sceaux Pascal Clément, accueille près de 150 agents, surveillants et éducateurs, qui encadrent 44 garçons et trois filles. Ouverts depuis juin 2007, les EPM sont aujourd’hui au nombre de quatre en France : Meyzieu, Lavaur (Tarn), Quiévrechain (Nord) et Marseille. Cent soixante sept mineurs y sont actuellement incarcérés.
Plusieurs établissements avaient été touchés l’an dernier par un mouvement de grève chez les éducateurs, destiné à obtenir plus de moyens financiers et humains. L’annonce mardi du suicide à l’EPM de Meyzieu intervient après l’évasion dimanche de deux détenus de l’EPM de Marseille mais aussi au moment où débutent les 12e Journées nationales pour la prévention du suicide.