AIDES intervient en prison depuis 1991.
Dès lors, nos actions ont pris trois formes : les actions collectives d’échange d’expériences et d’informations avec des personnes détenues, la sensibilisation des professionnels intervenant en milieu carcéral et le soutien individuel lors de rencontres en parloir. AIDES n’a pas abandonnée les missions qu’elle s’est donnée à cette époque. Elle les a poursuivies, développées, étoffées.
Cependant AIDES fait face, comme beaucoup d’autres associations, aux obstacles récurrents des interventions en milieu carcéral. Parce que le temps de la mise en place et de l’obtention des autorisations est long, terriblement long. Parce qu’il est difficile, voire impossible, d’entrer quand les intervenants ont eux-mêmes un passé carcéral. Parce que pour chaque établissement des questions différentes se posent et qu’il est compliqué de mutualiser nos expériences. Et parce que quand un acteur de AIDES quitte l’association, suspend ses activités ou tombe malade, bien souvent, il nous faut repartir à zéro, au bon vouloir de la direction de l’établissement de la prison.
Nous intervenons en milieu carcéral en tant qu’association de lutte contre le sida et les hépatites. L’objectif de nos interventions n’est pas le même que celui des travailleurs sociaux ou des visiteurs de prison et nos relations avec les équipes médicales se calquent sur celles que nous pouvons avoir lors de permanences hospitalières. Cela suppose évidemment d’être en capacité de travailler avec les UCSA ce qui n’est pas toujours aisé là où nos actions peuvent être perçues comme une remise en cause de leurs compétences ou de leur investissement auprès des personnes malades.
Conscient des dysfonctionnements existants en prison, nous nous efforçons de mener un plaidoyer actif sur les conditions de détention des personnes malades et des personnes malheureusement susceptibles de le devenir. C’est pourquoi nous militons pour un large accès à l’information sur le VIH et les hépatites, un large accès à l’information sur les droits des malades incarcérés et un accès aux outils de prévention disponibles en milieu libre tel que le proposent déjà beaucoup de nos voisins européens.
Nous plaidons pour que les personnes détenues aient enfin accès à du matériel stérile de consommation de drogues (matériel d’injection, pailles, pipes à crack), aux préservatifs et au gel lubrifiant en dehors des UCSA, au traitement d’urgence et pour que la loi dite de suspension de peine soit appliquée.
Nous plaidons pour que les personnes détenues porteuses du VIH et/ou d’une hépatite puissent avoir accès non seulement aux traitements mais aussi à l’accompagnement s’ils en éprouvent le besoin, aux produits dits de confort pour faire face aux effets secondaires, à une alimentation adaptée à leurs besoins.
Au-delà de tous ces points, AIDES entend bien rappeler que les personnes incarcérées ont une parole propre sur leur vécu et que nous sommes là pour la relayer. Nous voulons bien entendre, admettre que nous faisons peu ou pas assez mais attention, il ne faut pas non plus se tromper de combat : les conditions de détention sont inacceptables, nous n’avons de cesse de le répéter, nous et les autres intervenants en milieu carcéral. Nous le répétons, dans l’indifférence quasi générale, effectivement !
Cet article apporte un autre éclairage sur le témoignage de Didier Robert, incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé. Le témoignage est accessible au lien suivant http://prison.eu.org/article.php3?id_article=10823).