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(2008) 6 suicides de surveillants recensés

Mise en ligne : 2 mai 2009

Texte de l'article :

Surveillants pénitentiaires : « le mal-être s’accentue »

Recueilli par Bastien Hugues
Source : lefigaro.fr 10/04/2009

Après le neuvième suicide d’un surveillant de prison depuis janvier, jeudi à Luynes, David Besson, secrétaire général adjoint de l’UFAP, dénonce un manque de moyens grandissant et les « fumisteries de Dati ».
 
Lefigaro.fr - Nous avons appris aujourd’hui le suicide d’un surveillant pénitentiaire de la maison d’arrêt de Luynes. C’est le deuxième en une semaine. Quel est votre sentiment ?

Une fois de plus, la famille pénitentiaire est triste et endeuillée. Mais se donner la mort sur son lieu de travail n’est jamais anodin… Derrière ces suicides, il y a une réalité : en 2008, on a recensé six suicides. Là, rien que depuis le début de l’année, on en est à neuf.

Comment expliquez-vous cette série noire ?

Expliquer des suicides est toujours difficile, et je ne veux pas que l’on m’accuse de les instrumentaliser. Maintenant, il faut ouvrir les yeux sur nos conditions de travail. De plus en plus, on nous presse comme des citrons. On fait des horaires pas possibles, on nous attribue de plus en plus de tâches, alors que les moyens humains et financiers ne suivent pas. Quand on ouvre une porte, et qu’il y a cinq détenus entassés dans une cellule, ce n’est pas évident humainement. Cela fait des années que l’UFAP [ndlr, premier syndicat du personnel pénitentiaire] dénonce la surpopulation carcérale et que rien ne change. Au contraire, le mal-être s’accentue, et la situation va de mal en pis. Et dans l’administration pénitentiaire, quand on se met en arrêt maladie, on peut perdre jusqu’à 600 euros par mois. Alors certains, surtout en ce moment, préfèrent prendre sur eux, au détriment de leur santé…

Devant votre menace de blocage des centres de détention à l’automne dernier, la ministre de la Justice Rachida Dati vous avait pourtant donné un certain nombre de garanties, et vous avait promis un audit ainsi qu’un groupe de travail… Qu’en est-il ?

Ces garanties ne sont que des fumisteries. On a voulu se mettre autour de la table et on a cru être entendu : en réalité, on a été pris pour des cons. C’est pour cela que nous souhaitons relancer un mouvement national, bien qu’on n’en ait pas le droit [1]. Nous savons que nous risquons des sanctions, mais il y a un moment où nous devons être écoutés pour de bon.

Notes:

[1] Avec les magistrats, les militaires ou encore les policiers, les personnels de l’administration pénitentiaire font partie des professions tenues à un droit de réserve strict