JEAN-MARC ROUILLAN RÉINCARCÉRÉ, CHACUN DE NOUS EST CONCERNÉ !
Le 16 octobre, le tribunal d’application des peines siégeant à la prison des Baumettes à Marseille a décidé, après seulement cinq minutes de délibération, la révocation du régime d’aménagement de peine appliqué à Jean-Marc Rouillan depuis décembre 2007 après 21 ans de prison. L’appel sera jugé dans les quarante jours.
Alors que le Service pénitentiaire d’insertion et de probation était favorable au maintien du régime de semi-liberté de Jean-Marc Rouillan, la décision prise par les juges satisfait entièrement aux demandes du parquet, qui aujourd’hui se félicite bruyamment d’avoir mis fin au « scandale » que constituait pour lui ces dix mois de semi-liberté, même assortie de conditions très restrictives.
Le pouvoir politique, opposé depuis des années à toute mesure d’aménagement de peine pour Jean-Marc Rouillan, vise ainsi à empêcher sa libération conditionnelle qui était prévue en fin d’année. Il a donc orchestré cet emballement médiatique au cours duquel les propos tenus ont été déformés voire falsifiés.
En réalité, s’il était interdit à Jean-Marc Rouillan d’évoquer les faits pour lesquels il avait été condamné, il ne lui était aucunement interdit de rencontrer des journalistes, de donner des interviews ni de s’exprimer sur la situation politique d’aujourd’hui et sur son nouvel engagement militant. D’autre part, Jean-Marc Rouillan n’a pas parlé des faits, il n’a fait que commenter l’interdiction d’en parler.
Enfin, rappelons qu’il n’y a aucun fondement juridique à lui imposer aujourd’hui un chantage aux regrets, alors que ceux-ci n’ont pu être exigés de lui pour le placer en semi-liberté. De fait, la notion de repentance n’existe pas en droit français.
Mais il fallait interdire à Jean-Marc Rouillan toute expression politique. Il ne fallait pas qu’il parle et que sa parole puisse être écoutée de tous ceux qui subissent aujourd’hui une crise aux conséquences dramatiques. Jean-Marc Rouillan a parlé, il doit donc retourner en prison.
Ceux qui ont hurlé avec les loups, mais aussi ceux qui n’ont pas eu l’honnêteté intellectuelle de dénoncer hier l’amalgame mensonger répandu par certains médias, ceux qui sont restés frileusement dans leur niche et n’ont pas voulu « se mouiller » pour défendre Jean-Marc Rouillan peuvent maintenant se demander quelle part de responsabilité ils ont dans sa réincarcération.
Des juges ont décidé de mettre un militant politique en prison non pour des actes accomplis, mais pour une seule phrase prononcée, c’est-à-dire pour ses opinions. Ces juges n’ont même pas pris la peine de motiver leur jugement.
Ailleurs, d’autres militants doivent payer de fortes amendes sous le prétexte d’« outrage », utilisé pour faire taire toute opposition. Des travailleurs sont condamnés par la justice pour avoir défendu leurs droits. Des sans-papiers, enfants et adultes, sont raflés et expulsés avec la plus grande des violences. Des jeunes sont poursuivis pour avoir seulement sifflé la Marseillaise. Et tous, nous sommes de plus en plus surveillés, fichés, contrôlés par Edvige ou son avatar Edvirsp.
Aujourd’hui, laisser se développer sans réagir de telles atteintes aux libertés serait lourd de conséquences pour l’expression démocratique de tous. Face à l’arbitraire, nous appelons à l’unité pour défendre nos droits.
C’est ensemble que nous pourrons sortir Jean-Marc Rouillan de prison !
Sans oublier Georges Cipriani ni Régis Schleicher.
Le Collectif « Ne laissons pas faire ! »
Paris, le 17 octobre 2008