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(2008) Un détenu se suicide dans le Nord

Mise en ligne : 11 janvier 2009

Texte de l'article :

Un détenu se suicide dans le Nord
L’homme d’une cinquantaine d’années a mis fin à ses jours dans sa cellule, à la maison d’arrêt de Sequedin (Nord). L’Observatoire international des prisons dénonce la dégradation des conditions de détention.

C’est dans la journée de dimanche que le détenu, d’une cinquantaine d’années, s’est suicidé dans la journée de dimanche dans sa cellule de la maison d’arrêt de Sequedin (Nord), près de Lille. L’homme, en détention provisoire, s’est étouffé à l’aide d’un sac en plastique, a annoncé le parquet de Lille. « Il a été découvert à mi-journée et les interventions pour essayer de le réanimer ont toutes échoué ».

La mort du détenu de Sequedin porte à 115 le nombre de suicides dans les prisons françaises depuis le début de l’année.

Déjà dénoncées par le commissaire aux Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, les prisons françaises sont dans le collimateur de l’Observatoire International des Prisons (OIP). Rencontre avec Marie Crétenot, membre de l’OIP.

115 détenus se sont suicidés en prison en 2008. C’est un nombre plus élevé qu’en 2006 (94) et 2007 (96). Que vous évoque ce chiffre ?

Ce chiffre, c’est le témoin de la dégradation des conditions de détention dans les prisons françaises. Il y a des lacunes en terme de prévention des suicides. On reste toujours dans la même logique : on veut empêcher les suicides plutôt que de répondre aux souffrances des détenus. La surpopulation carcérale, l’allongement des peines, la rétention de sûreté, contribuent à tout un climat de dégradation des conditions de détention.

Cette dégradation est-elle générale en France, ou concerne-t-elle des établissements en particulier ?

Non, c’est un phénomène général, on a constaté des suicides un peu partout en France. Il y a effectivement des établissements qui reviennent. Mais il y a eu des suicides dans les petites comme dans les grandes maisons d’arrêt.Ce qu’on sait, c’est que plus il y a de personnes dans une prison, plus il y a de risques.

Comment appréhendez-vous la nouvelle année, dans les prisons françaises ?

Difficile de se projeter, mais il faudrait une prise de conscience générale, et changer les méthodes employées. L’important serait de limiter le recours à l’incarcération. Il faudra voir en fonction de la loi pénitentiaire, examiné en janvier. Nous considérons que le projet n’est pas bon, les rapporteurs de la loi comme les associations le disent. Alors si cette parole est entendue... On pourrait réfléchir à des alternatives à la prison. Tout dépend du choix qui sera fait. 2009 est une année charnière, il n’y a pas eu d’examen de loi pénitentiaire depuis 1987. On verra ce qui en débouchera.

Recueilli par FLORENT PECCHIO
Liberation.fr (avec source AFP)