Un détenu se pend en cellule
Paru aujourd’hui, lundi 16 novembre 2009
Hier après-midi à la maison d’arrêt de Nice, un détenu âgé d’à peine 21 ans a été retrouvé sans vie dans une cellule du bâtiment A. Vers 16 h 30, Ovidiu Datcu a été découvert pendu par la ceinture de son peignoir à un barreau de la fenêtre. Un peu plus tôt, ce jeune Roumain n’avait pas souhaité se rendre en promenade. Il aurait mis à profit l’absence de son compagnon de cellule, descendu dans la cour se dégourdir les jambes, pour mettre fin à ses jours. La thèse du suicide, en effet, ne ferait guère de doute même si le malheureux n’a laissé aucun écrit expliquant son geste. Enfermé dans la pièce par le surveillant au moment de la promenade, il y est resté seul jusqu’au retour de l’agent qui n’a pu que constater le décès.
Arrêté en possession de drogue en septembre dernier, Ovidui Datcu était passé devant le tribunal correctionnel dans le cadre d’une comparution immédiate. Ayant renoncé à demander un délai pour préparer sa défense, il avait été condamné à un an de prison et n’avait pas fait appel. Le jeune Roumain était libérable en juin 2010, peut-être même plus tôt en cas de remise ou d’aménagement de peine. Alors qu’il pouvait espérer un élargissement dès le printemps prochain, pourquoi avoir mis fin à ses jours ?
Sans ami ni proche famille
Selon les premiers éléments de l’enquête ordonnée hier par le vice-procureur Jean Coutton, Ovidui Datcu souffrait de solitude. Dans l’incapacité de communiquer avec son entourage, faute de parler le français, il n’avait pas reçu de visite depuis son incarcération et n’avait d’ailleurs déclaré à l’administration aucune personne à prévenir en cas d’accident. Sans ami ni proche famille pour le soutenir, a-t-il succombé au désespoir ? À moins qu’il n’ait absorbé des médicaments susceptibles de le pousser à l’acte fatal ? Une autopsie a été ordonnée par le vice-procureur Jean Coutton qui a avisé le parquet général d’Aix, lui-même informant la Chancellerie, comme il est d’usage en matière de suicides intervenant en milieu pénitentiaire.
Il n’était pas signalé comme dépressif
Le jeune Roumain n’avait pas été signalé comme dépressif et n’était pas placé sous surveillance particulière. « Le surveillant d’étage n’a rien pu faire » indique Johann Bataillé, le représentant de l’UFAP, le syndicat majoritaire. « D’ailleurs, les mesures de prévention des suicides concernent principalement le service de nuit, avec quatre inspections nocturnes des détenus à risque. » Vétuste et surpeuplée, la prison de Nice favorise-t-elle les actes de désespoir ? L’année 2007 a pu le laisser penser avec sept décès. 2008 a connu deux suicides et 2009 se hisse à ce dernier chiffre en comptant le drame d’hier.
Source : Nice Matin