Prison : un suicidé sur deux n’avait pas encore été jugé
Un détenu de la maison d’arrêt d’Angers, condamné à une courte peine, s’est pendu dans sa cellule lundi 16 mars. Vendredi, un mineur de 17 ans s’est étranglé avec sa ceinture à la maison d’arrêt de Moulins-Yzeure. Deux jours plus tôt, c’est un détenu condamné à une longue peine qui s’était pendu dans sa cellule au centre de détention de Montmédy. Dimanche 8 mars, un prévenu de 45 ans s’est donné la mort à la maison d’arrêt d’Arras alors qu’il était en attente de jugement.
Infographie Nombre de suicides dans les prisons françaises
Un tous les trois jours en 2008
Depuis le début de l’année, vingt-huit personnes se sont suicidées dans les prisons françaises, selon les chiffres de l’Observatoire international des prisons (OIP). A ce rythme, le chiffre de 115 suicides recensés en 2008 devrait largement être atteint, soit un mort tous les trois jours.
En mai 2008, l’administration pénitentiaire croyait constater une "baisse des suicides en prison depuis 2002". En réalité, mis à part une chute notable en 2006 et 2007 (voir graphique ci-dessous), le nombre de suicides est stable depuis une dizaine d’années.
Plus inquiétant, la moitié des personnes qui mettent fin à leurs jours n’ont pas encore été jugées, et ce alors qu’elles ne représentent que 28 % de la population carcérale. Le taux de suicide des prévenus est ainsi deux fois supérieur à celui des condamnés. "Les moments à haut risque se situent peu après l’incarcération, à cause du choc, dans les moments qui entourent le procès ainsi que lors des placements en quartiers disciplinaires", explique François Bès, coordonnateur de l’OIP en Ile-de-France. "Ces suicides sont une preuve supplémentaire de la trop grande utilisation qui est faite de la détention provisoire."
Source : Le Monde