Villeneuve
Suicide en prison : pouvait-on éviter le drame ?
LES FAITS
Un détenu à risque s’est donné la mort, samedi, à la maison d’arrêt. « On ne peut pas être partout » ,
dit un surveillant La mort d’un détenu âgé de 36 ans qui s’est pendu, samedi dernier, dans sa cellule de Villeneuve-lès-Maguelone (Midi Libre du 10 février), aurait-elle pu être évitée ? Du côté de l’enquête sur l’origine du décès, le parquet de Montpellier a exclu définitivement toute hypothèse autre que le suicide. Et du point de vue de l’administration pénitentiaire, il semble qu’aucune faute ne puisse être imputée aux surveillants ou au fonctionnement de l’établissement.
Accusé d’avoir tué sa compagne et mère de ses trois enfants de 2, 6 et 10 ans, à coups de couteau, lors d’une dispute le 29 décembre dernier, près de Millau, ce Millavois était incarcéré en détention provisoire depuis un gros mois. Il avait alerté l’administration de son état dépressif.
« Lors de l’entretien d’entrée, il avait évoqué ses soucis psychologiques et ses intentions suicidaires », révèle un fin connaisseur des arcanes de la maison d’arrêt. Du coup, comme l’a voulu le ministre de la Justice Rachida Dati, en septembre dernier, après l’hécatombe de suicides dans les prisons françaises en 2008 (115 morts recensés), l’homme faisait l’objet d’une attention spécifique. La nuit, toutes les deux heures, les gardiens venaient s’enquérir de sa santé. Samedi dernier, vers 11 h, le détenu a profité du fait qu’ils surveillaient la promenade pour mettre fin à ses jours en se pendant avec ses draps, dans les toilettes de sa cellule individuelle. Il a été retrouvé à midi, lors de la distribution des repas. Mais les personnes à risque ne doivent-elles pas être systématiquement mises dans des geôles avec un autre prisonnier ? « C’est ce que l’on essaye de faire effectivement mais, là, il avait demandé à être seul et ça ne peut pas lui être refusé, sauf sur décision du service médical, ce qui n’était pas le cas », décrypte le spécialiste.
Reste la question de la surveillance le jour, toutes les deux heures, de ces sujets sensibles, comme le veut la toute récente directive du garde des Sceaux. Et là, les syndicats montrent les dents : « C’est effectif à partir d’aujourd’hui (hier, ndlr) mais, vu la quantité de personnel, ce n’est pas imaginable, on ne peut pas être partout, déplore Patrick Cayeul, du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Chaque gardien doit surveiller 70 à 80 détenus, il faut vraiment augmenter les effectifs. » Évacuation Fait assez rare à la maison d’arrêt de Villeneuve, hier, en début d’après-midi. Un petit incendie accidentel s’est déclaré sur le toit des ateliers en cours de réfection. 5 m 2 de fibre de verre ont été détruits. Si le feu a rapidement été maîtrisé avec un extincteur, la logistique déployée a été conséquente, tant en terme de pompiers que de gendarmes parce que 50 détenus ont été évacués des ateliers. Tout s’est déroulé dans le calme.
Yanick PHILIPPONNAT