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(2012-03) Abdelhamid Hakkar va recouvrer la liberté après 27 ans de prison

Mise en ligne : 17 mars 2012

Texte de l'article :

Abdelhamid Hakkar va recouvrer la liberté après 27 ans de prison

Abdelhamid Hakkar, un des plus anciens détenus de France, a été relaxé vendredi à Colmar dans une complexe affaire de carte d’identité frauduleuse, dernier épisode du parcours judiciaire hors norme de cet homme qui sortira de prison mardi, après 27 ans derrière les barreaux.

M. Hakkar, franco-algérien de 56 ans, est incarcéré depuis 1984 pour le meurtre d’un policier à Auxerre, un crime qu’il a toujours nié. Il était poursuivi vendredi pour avoir obtenu frauduleusement une carte d’identité française, un motif apparemment futile mais qui avait toutefois bloqué une de ses demandes de libération conditionnelle en 2010.

"Je me demande ce qu’on fait là, c’est totalement incongru mais tout ce qui concerne Abdelhamid Hakkar au plan judiciaire est complètement hors norme", a souligné son avocate, Marie-Alix Canu-Bernard.

La présidente du tribunal et la procureur n’ont d’ailleurs pas fait durer le suspense en affirmant dès le début des débats qu’elles iraient dans le sens d’une relaxe de M. Hakkar. Son avocate a malgré tout fait citer deux témoins et plaidé durant de longues minutes.

"On me refixe cette audience juste avant sa libération conditionnelle, cela m’a rendue perplexe et j’avais quelques inquiétudes", a expliqué Me Canu-Bernard.

Abdelhamid Hakkar, actuellement détenu à Ensisheim (Haut-Rhin), a lui aussi pris la parole durant l’audience. Ce petit homme fluet portant moustache, qui a longuement étudié le droit durant sa détention, a montré une bonne connaissance des questions juridiques, malgré une certaine nervosité.

Sans surprise il a été relaxé car l’intention frauduleuse dans sa demande de carte d’identité n’a pu être prouvée. "Merci, bonne journée", a-t-il dit à la présidente du tribunal après l’énoncé de sa décision.

Sa carte d’identité lui est indispensable pour pouvoir travailler durant sa liberté conditionnelle.

A l’issue de l’audience, M. Hakkar a pu passer quelques minutes avec ses proches venus le soutenir.

Abdelhamid Hakkar doit sortir de prison mardi. Il sera placé sous bracelet électronique au sein de sa famille à Besançon et travaillera dans une association de réinsertion de détenus, où ses connaissances juridiques lui seront utiles.

Il a été condamné à trois reprises à la perpétuité pour le meurtre d’un policier à Auxerre en 1984, puisqu’il avait notamment obtenu de la Cour européenne des droits de l’homme d’être rejugé après un procès où ni lui ni son avocat n’étaient présents.

Durant sa détention il aussi été condamné à quatre reprises pour des tentatives d’évasion. Cela lui a notamment valu de passer 12 ans à l’isolement et d’être transféré à 45 reprises.

"Au début il essayait de s’évader, après il s’est battu au niveau juridique", a noté son avocate, en rappelant les innombrables recours déposés par son client.

Celui-ci s’était aussi signalé en signant en 2006 en compagnie de neuf autres détenus de Clairvaux (Aube) un texte réclamant "le rétablissement de la peine de mort", qu’ils disaient préférer à la "perpétuité réelle" les faisant "crever à petit feu".

En 2008 il avait également observé une grève de la faim durant 42 jours pour "dénoncer l’acharnement de la justice française contre lui".

"Cela fait plus d’une dizaine d’années que rien ne se passe normalement concernant Abdelhamid Hakkar", a encore regretté Me Canu-Bernard. "Sans être fan de la théorie du complot, on sait que M. Hakkar n’est pas apprécié du fait de ses nombreuses procédures. Et il y a encore des gens qui craignent qu’il sorte, 27 ans plus tard", a-t-elle ajouté.

"Lui ne demande qu’une chose, être paisible pour sa réinsertion", a-t-elle assuré.

Source : Nouvel Observateur