CONCLUSION
La logique de deux mondes en perpétuel conflit, celui des sédentaires et des Voyageurs, n’est malheureusement pas qu’une simple image d’Epinal. Les confrontations visibles au sein de la société ne doivent cependant pas avoir pour effet d’enfermer cette population dans des stéréotypes. La richesse de ces populations, tant au niveau culturel qu’au niveau de traditions ancestrales perpétuées, ne se dévoile que lorsque le premier pas est franchi. Les cadres qui conditionnent ces rencontres sont notamment le champ institutionnel, où la cohabitation est souvent inévitable.
Nous avons, à travers l’institution pénitentiaire, étudié l’adaptation des Tsiganes à l’enfermement et la mise en œuvre des missions du Conseiller d’Insertion auprès de ce public. S’il existe réellement des difficultés dans la prise en charge d’un tel public, elles sont souvent liées à des méconnaissances et des incompréhensions génératrices, de part et d’autre, de blocages et parfois de conflits. Pour les dépasser, la connaissance des traits culturels des Tsiganes est fondamentale de la part du CIP, mais la compréhension des comportements de ces derniers en détention, et le sens qu’ils donnent à leur peine sont déterminants. C’est dans ce cadre que la mise en œuvre des missions du CIP est pertinente et efficace. Et c’est ainsi que la prévention de la récidive prend tout son sens, celui de l’intégration au sein de la société, sans négation de son identité et de ses valeurs.
Au cours de cette étude, j’ai validé en partie mes hypothèses, concluant à une adaptation spécifique des Tsiganes à la détention, sans pour autant s’exclure des outils à leur disposition. Mais cette enquête aura également été l’occasion de rencontrer des professionnels de l’Administration Pénitentiaire, des professionnels du secteur social, et de me rendre réellement compte de la transversalité de nos missions, et de la nécessité d’un travail en partenariat pour les mener à bien.
J’ai également eu l’occasion de réfléchir à ma propre pratique professionnelle. Il m’est apparu nécessaire de prendre du recul quant à nos affects et conceptions personnelles, de tendre vers le plus d’impartialité possible dans notre profession. Je mesure cette difficulté, et ne prétend pas avoir de solutions clefs en main pour y parvenir. Les pistes de réflexion entamées ici ne sont pas une fin en soi, elles permettent d’ouvrir un débat qui ne sera jamais clos, car nécessitant des remises en cause et des ajustements permanents.
Le dernier enseignement retiré de cette étude est la richesse de la profession de Conseiller d’Insertion et de Probation. Véritable acteur de l’insertion sociale, il se trouve au carrefour de plusieurs intervenants et doit faire preuve d’une capacité de synthèse et d’analyse sur des situations sociales souvent complexes. Toujours dans l’objectif de remplir au mieux nos missions