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"L’accès à la culture en milieu carcéral et le rôle d’un animateur socioculturel dans cet espace" d’Amandine Vilette

5 Conclusion

Mise en ligne : 26 avril 2005

Texte de l'article :

Conclusion

Les activités socioculturelles qui sont aujourd’hui proposées dans les centres de détention sont les aboutissements d’une prise de conscience progressive de la part des ministères et de l’administration pénitentiaire. Les collaborations interministérielles ont vu le jour il y a une vingtaine d’années mais les dispositions qui ont été prises par les signataires ne sont toujours pas appliquées dans l’ensemble des établissements.
L’administration pénitentiaire est une institution qui à tendance à se renfermer. Elle met en application les directives ministérielles, peu nombreuses en terme d’accès à la culture, et entreprend peu de démarches au niveau national. Les intervenants culturels et quelques directeurs d’établissement agissent à leur échelon pour tenter de faire émerger la culture dans les centres de détention mais ils se heurtent rapidement aux contraintes administratives, politiques et financières. Cependant, nous pouvons constater que lorsque les acteurs acceptent de travailler ensemble dans le sens du développement artistique et culturel, les projets fonctionnent et permettent d’aboutir à des réinsertions positives.
Mais, la place de la culture en milieu carcéral reste un sujet de débat pour nombre d’institutions car elle constitue un outil à double tranchant. Suite aux inégalités d’accès en terme de temps et de capacités intellectuelles, les ateliers socioculturels se révèlent être des lieux où naissent de nouvelles tensions interpersonnelles ; mais dans un autre sens, ils permettent une prise de conscience de la part des détenus concernant leur détention, leur acte qui va susciter une revalorisation du moi et va être un pas vers la réinsertion sociale. Ces deux idées antagonistes sont peut être le résultat d’une mauvaise utilisation des outils et d’une organisation déstructurée.
Par conséquent, nous pouvons dire que la présence d’un animateur socioculturel en milieu carcéral est une nécessité dans la mesure où il serait le mettre d’œuvre des projets socio-éducatifs et le maillon central du développement culturel et artistique dans les centres de détention. En intégrant ces professionnels dans le milieu carcéral, les activités socioculturelles auraient un impact plus important dans la mesure où les animateurs les ont conçus selon des thématiques et des perspectives pédagogiques. Toutefois, les moyens humains et financiers manquent pour mettre en place ce type de projets et ces établissements ne constituent, ni une priorité pour les gouvernements, ni pour les citoyens en général.
C’est pourquoi, nous pouvons conclure que la culture est un élément fondamental, constitutif de la vie carcérale. Si les démarches en vue de développer l’accès à la culture en milieu pénitentiaire s’arrêtent, on diminue voir, on supprime toutes les possibilités de réinsertion des détenus.
Cette étude a été axé sur l’étude des centres de détention car ce sont les établissements qui accueillent des détenus les plus susceptibles de se réinsérer car leur peine est comprise entre cinq et dix ans. Cependant la question de l’accès de la culture en milieu carcéral ne doit pas se limiter à ces seuls établissements. Les maisons d’arrêt, les maisons de semi-liberté, les centres éducatifs renforcés sont autant de lieux où la culture doit avoir sa place et dans lesquels les travailleurs sociaux, les intervenants culturels et les animateurs socioculturels doivent avoir les moyens de donner toutes les chances aux personnes incarcérées de retrouver la société en ayant des bases de resocialisation en terme culturel.