6. Discussion
Les limites de l’étude ont trait à deux domaines, celui de la méthode et celui de la démarche théorique.
Concernant la méthode, nous noterons, en premier lieu, que les questionnaires utilisés, ne construisent que des réalités statistiques. Par exemple, ce que l’on appelle, burnout est une traduction sous forme d’échelle, d’une définition en trois dimensions développées par Maslach et Jackson (1986) or cette définition diffère pour partie de la première définition évoquée par Fruedenberger (1987). Ces définitions différent elles même du vécu de chaque personne. Ainsi, ce que l’on appelle épuisement professionnel dans cette étude, n’est jamais qu’une construction statistique.
D’autre part, la construction de l’échantillon ne nous permet pas de généraliser nos résultats à l’ensemble de la population. En effet, les méthodes d’échantillonnage utilisées, sont des méthodes non représentatives. Par ailleurs, nous avons déjà soulevé une sous représentation des surveillants les plus âgés et des femmes. Nous précisons également que parmi les personnes ayant le grade de surveillant et surveillant principal, il y a ceux qui travaillent à l’entretien de l’établissement, ceux que l’on appelle les "techniques". Ces derniers, n’ont pas étés pris en compte dans l’étude.
De plus, les personnes considérées comme étant en accomplissement personnel ne correspondent pas nécessairement à la définition statistique de cette dimension. Si ils ont en effet un niveau d’épuisement professionnel élevé sur le MBI, leurs niveaux de dépersonnalisation et d’épuisement émotionnel ne sont pas forcément bas.
Enfin, le niveau moyen de chaque groupe d’entretien en dépersonnalisation est élevé, or cet échantillon se distinguant du niveau moyen de la population, l’étude de son discours aurait pu s’avérer pertinente.
Concernant la démarche théorique, cette étude repose sur un ensemble de définitions et de présupposés théoriques qui n’éclairent qu’une partie du domaine étudié. Par exemple, nous présupposons que l’épuisement professionnel procède d’une usure des ressources de la personne face à un stress prolongé et intense. Mais nous écartons ainsi l’étude de phénomènes qui peuvent également intervenir dans l’usure professionnelle, tels que le harcèlement moral décrit M.F Hirigoyen (1998) comme étant une source de stress. Nous pensons également au stress post traumatique, évalué à 5% de la population des surveillants en Belgique (De Coninck et Loodts, 1999-2001).
Par ailleurs, les références bibliographiques sur ce sujet, ne permettent pas de disposer d’un cadre théorique explicite et validé. La majorité des études, notamment quantitatives, sont réalisées sur des populations anglo-saxonnes ou étrangères. Or le système pénal varie de façon importante entre les pays et les dynamiques qui s’exercent sur le personnel ne sont pas les mêmes.
Enfin, le corpus recueilli n’a pas fait l’objet d’une exploitation exhaustive. Certaines dimensions n’ayant pas été explorées auraient pourtant pu apporter un éclairage sur le domaine étudié. Nous pensons en outre à la représentation de l’Administration Pénitentiaire, à celle des anciens, ou de l’image sociale des surveillants. Nous pensons également à la question du secret médical ou du rapport à l’encadrement.