A la découverte d’une profession : Surveillant de prison
« La prison change, changez-la avec nous »
Ce slogan a illustré la récente campagne de recrutement de surveillants lancée par le Ministère de la Justice.
Cette profession est-elle si peu recherchée qu’elle nécessite un tel déploiement ? Cela tient-il à la dangerosité du métier ? Ne serait-il pas sécure, alors que l’accent est porté sur la sécurité… de l’emploi ?
Une campagne télévisée relayée par la presse départementale : C’est ainsi que le Journal de Saône et Loire dans son édition du 9 avril dernier a consacré sous sa rubrique « C’est quoi ce boulot ? » un reportage aux personnels de surveillance pénitentiaire avec un article présentant la formation et les fonctions de surveillant.
Une profession qui est aussi une corporation importante de l’administration. Ce qui explique que les surveillants, appelés encore « gardiens » ou « matons », termes hérités d’une longue tradition, se confondent avec l’histoire des prisons.
Le recrutement s’effectue à l’issue d’un concours de niveau « BEP admis », le postulant est ensuite intégré à l’Ecole National de l’Administration Pénitentiaire (ENAP), située à Agen. La formation dure sept mois, elle est rémunérée. Elle se compose de cours théoriques (Droit pénal, psychologie…) et de stages sur le terrain, en prison. Le futur surveillant est en doublure avec un titulaire. A l’issue de cette formation, un examen a lieu et permet aux stagiaires les mieux classés de choisir leur lieu d’affectation.
Une profession qui se féminise :
L’excellente émission franco-belge « Strip-tease », diffusée sur France 3 le 22 avril dernier, a également consacré un reportage à une surveillante en formation.
Cette dernière, âgée de 37 ans, dénommée Pascale, évoqua sans détour les problèmes inhérents à sa profession : dialogue avec les détenus, volonté de maintenir l’ordre, le respect, la sécurité…
Autre aspect évoqué : celui de la réinsertion. Depuis quelques années, la profession de surveillant se féminise, en effet de plus en plus de femmes se dirigent vers cette carrière. Il n’est pas inutile de rappeler que l’un des objectifs assigné par les textes législatifs à l’administration pénitentiaire est la recherche de l’amendement du détenu mais aussi sa réinsertion sociale et professionnelle. L’ensemble des personnes citées dans les différents reportages relève « l’aspect relationnel qui est primordial ».
Autre aspect que développent les postulants aux fonctions de surveillants : celui de la condition physique et la maîtrise de soi qui sont des atouts non négligeables.
En milieu carcéral, pas de week-ends ni de jours fériés, les personnels affectés à la surveillance des détenus travaillent en postes sur 3 tranches horaires (matin, après-midi, nuit) 365 jours par an. Après trois jours de travail, le surveillant a droit à deux jours de repos.
En première ligne
Après les différentes étapes judiciaires, le surveillant est souvent le dernier maillon d’un long parcours pour un détenu. Néanmoins, c’est cette corporation qui accueille, écoute et accompagne le prisonnier durant toute sa détention. De surcroît, c’est cette unique profession qui partage la vie des détenus 24 heures sur 24. Ainsi, elle possède, de part ses observations, un regard important sur l’évolution du détenu, sur la perception de sa peine mais aussi sur les projets de celui-ci. Des atouts importants qui à l’heure actuelle paraissent insuffisamment pris en compte pour une demande de permission, une remise de peine, une libération conditionnelle…
C’est peut-être cette nouvelle vision auxquelles seront confrontés les surveillants dans un proche avenir, tel est sans doute la réelle signification du slogan de recrutement des personnels.
Daniel
Travailleur social
Membre d’une association de réinsertion
71100 Chalon sur Saone