Dès l’annonce faite par le gouvernement de la création des Centres Educatifs Fermés, notre collectif a engagé des actions de communication contre ce projet. De multiples tracts et affiches ont été réalisés, ainsi que des actions tel que notre participation à un mouvement de grève des éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse avec rassemblement dans les locaux de la Direction Départementale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse de la Drôme, ainsi qu’un rassemblement devant le Palais de Justice de Valence.
L’un des quatre premiers Centres Educatifs Fermés a été ouvert à Valence au début de l’année 2003. Mais jamais, le débat sur la « punition éducative » n’a été abordé ; certainement pour conforter une notion digne du XIXe siècle. Il nous semble important et surtout nécessaire que chacun d’entre nous se positionne clairement et dénonce activement, d’une part les effets sociaux d’une politique « ultra-sécuritaire » qui s’attaque aux populations les plus fragilisées par « l’insécurité sociale », et d’autre part cette notion de « punition éducative » dont la fonction essentielle est de soumettre ces populations et de leur faire accepter les régressions sociales par la force ou par le « formatage social ».
Le lundi 29 septembre 2003 à 17 heures 45, une quarantaine de personnes du Collectif Régional contre l’Enfermement se sont rassemblées devant le Centre Educatif Fermé de Valence pour protester contre l’enfermement des mineurs. Cette protestation est indissociable de notre critique d’une société qui éduque pour soumettre, d’une société qui désocialise, d’une société qui refuse toute contestation, toute réflexion (au point de passer en conseil de discipline des directeurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse pour n’avoir pas interdit des débats dans leurs locaux sur les Centres Educatifs Fermés).
Aujourd’hui, les immigrés, les prostitués, les jeunes des banlieues (et très prochainement les chômeurs)…. font les frais de la politique de l’intolérance (dite « tolérance zéro »). Ainsi, notre société s’engage dans la pente dangereuse des « démocraties policières » qui exigent la soumission du peuple en utilisant toutes les armes de la démagogie. Cette démagogie devient dénonciation préalable des salariés licenciés comme en Ardèche où la direction départementale du travail de l’emploi et de la formation professionnelle de Privas ose écrire à un employeur que "l’attribution aux salariés licenciés d’une indemnité de licenciement supérieure -aux- obligations conventionnelles […] pourrait s’avérer de nature à dissuader les salariés de rechercher rapidement un nouvel emploi…".
Après la manifestation de ce lundi contre l’enfermement des mineurs, les pouvoirs policier et judiciaire condamnent deux jeunes du centre éducatif fermé de Valence « selon une procédure très rarement utilisée de “comparution à délai rapproché” pour une simple protestation contre des policiers (« [Ils] les ont surtout traités de tous les noms d’oiseaux »). Ils seront jugés pour ces faits le 12 novembre. Devant cette intolérance qui frise le ridicule, et qui utilise la contestation ouverte pour punir des jeunes enfermés derrière des grilles, nous appelons toutes les organisations syndicales, associatives, politiques, mais aussi toutes celles et tous ceux qui le désirent à manifester leur solidarité à ces deux jeunes.
Nous ne pouvons rester inactifs devant de tels dérapages !