Comment allons-nous vivre ensemble ? C’est à cette question éthique que se doit de répondre l’éducation pour la santé.
Prendre au sérieux la question de la santé, c’est améliorer la réponse du système de soins à la douleur des détenus. C’est aussi, entendre leur souffrance et les aider à reprendre comme sujets singuliers - pas seulement comme assujettis à la sanction pénale - la direction de leur histoire, le cours du récit de leur vie, qui depuis leur jugement, leur avait été en quelque sorte confisqué, figé dans un dossier, marqué du sceau d’une condamnation, dévoilé aux yeux de tous.
Conçu ainsi, le soin apparaît dans sa double exigence, politique, en ce qu’il se fixe comme projet, les modifications institutionnelles indispensables pour créer les conditions de la santé ; relationnelle dans sa visée de restauration de la personne, appelée à prendre sa place de sujet de son histoire personnelle, et à tisser les liens avec les autres.
Le corps du détenu, surface d’expression de la douleur en mal de soin, nécessite l’intervention de la médecine. Le corps support de la souffrance sert d’appel à une action éducative.
Philippe Lecorps
Psychologue enseignant