Sur la scène très médiatique des conditions de détention, Catherine détonne : alors que son fils aîné Christophe Khider est incarcéré pour une longue peine à la prison de Lyon Corbas, son cadet Cyril vient de sortir de prison et a remporté un
procès historique contre l’administration pénitentiaire pour maltraitance. A partir de l’expérience sensible de cette mère et de son action, le réalisateur interroge le système carcéral français et replace cette question au cœur du débat démocratique.
« Moyenâgeuses », « inhumaines ». Cela fait des années que les conditions de détention en France sont pointées du doigt. Auteur d’un précédent documentaire sur le même sujet (Tous coupables), Guillaume Estivie s’appuie cette fois sur l’histoire de Catherine Charles - dont les fils Christophe et Cyril Khider ont été condamnés à une lourde peine - pour ausculter à nouveau l’état du système carcéral.
Fil rouge du récit, cette mère qui milite, via son association et une émission de radio, pour une meilleure prise en charge des détenus, répercute ici la parole de familles confrontées à la dépression ou au suicide de proches. Plus largement, ce solide dossier donne la parole à des spécialistes (avocats, criminologues, travailleurs sociaux...), pour amorcer une réflexion, passionnante, sur les limites d’un système qui, en privilégiant la répression à la réinsertion, crée un cercle vicieux dont les effets se répercutent sur la société. « Plus on traite les gens en bêtes fauves, rappelle l’un des intervenants, plus ils deviennent des bêtes fauves. » Démonstration implacable qui, au lieu de s’en tenir au constat, amorce en toute fin de film quelques pistes alternatives, glanées chez nos voisins canadiens.
Hélène Marzolf
Télérama n° 3171
En coproduction avec Télessonne, avec la participation de Planète Justice, du CNC et de la Procirep.