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Fiches techniques de livres sur le thème carcéral

Badinter Robert - l’Abolition

Mise en ligne : 30 juin 2005

Dernière modification : 28 août 2005

L’abolition de Robert Badinter, Fayard, 2000, 326 p., 134F.

Texte de l'article :

L’ABOLITION DE ROBERT BADINTER
OU PLAIDOYER CONTRE LA PEINE DE MORT

L’abolition de la peine de mort en 1981 grâce à Robert Badinter alors Garde des Sceaux fut l’une sinon la plus importante loi de notre XX° siècle. Pour une fois le législateur était en avance sur la société car encore aujourd’hui il reste beaucoup de monde à convaincre que la peine de mort n’est pas une solution. Je ne suis pas sûr qu’un référendum sur la question soit favorable à l’abolition.

Dans son livre, Robert Badinter nous raconte toutes les épreuves par lesquelles il est passé pour réussir enfin à faire accepter le principe de l’abolition aux députés et aux sénateurs.

Tout commence après l’exécution d’un de ses clients ; les avocats doivent y assister. M. Badinter décrit alors l’horreur de voir un être humain coupé en deux. Il décide alors de faire de l’abolition de la peine de mort son combat premier.

Puis, il va prendre part à la défense de Patrick Henry. Mais comment le faire échapper à l’échafaud dans un climat social de haine envers les tueurs d’enfant ? La société n’a aucune pitié et pour elle la seule sanction possible pour « ce monstre », c’est la mort. C’est grâce à une brillante plaidoirie mais aussi aux excuses de Patrick Henry qui devint tout à coup humain que ce dernier évitera de justesse la peine capitale. Par la suite, M. Badinter grâce à son talent permettra à d’autres prévenus d’échapper à l’échafaud.

Puis il faut se battre avec les politiques. Certains sont abolitionnistes mais n’osent pas le dire pour ne pas déplaire à l’opinion publique qui n’est pas prête. Les ambitions passent en premier et il ne fait pas bon dans les années 1970 se prononcer contre l’abolition. Malgré plusieurs propositions de loi du courant abolitionniste, le gouvernement de l’époque a toujours trouvé une parade pour éviter d’avoir à discuter cette épineuse question. Ainsi, il est certain qu’il faudra attendre les élections de 1981.
Ensuite, petit pas par petit pas le courant abolitionniste va être reconnu. Tout d’abord, avec le prix Nobel de la paix qui est décerné à Amnesty International. En second, c’est l’épiscopat français puis les grandes instances religieuses, les organisations de défense des droits de l’homme, le Syndicat des avocats de France et le Syndicat de la magistrature qui s’expriment en faveur de l’abolition. 

Comment la France, pays des Droits de l’Homme peut-elle être le seul pays européen à encore appliquer la peine capitale en 1980 ?
On peut sans doute reprocher des choses à la politique qu’a mené François Mitterand pendant son mandat mais lors de la campagne présidentielle de 1981 c’est le seul candidat d’un grand parti politique qui s’est prononcé fermement pour l’abolition de la peine de mort. 
Enfin, c’est la consécration pour Robert Badinter lorsqu’il accepte de devenir après l’élection de François Mitterand le Garde des Sceaux du gouvernement. Il va pouvoir enfin réaliser son rêve et abolir la peine de mort. Le vote de la loi se fera rapidement, le 30 septembre 1981 et libèrera enfin la France de la guillotine.

Ce livre est un formidable témoignage de cette lutte acharnée contre l’un des plus grands fléaux du XX° siècle. J’encourage tous ceux qui ne sont pas encore convaincus que l’abolition est une bonne chose à lire cet ouvrage.

Il faut tout de même se rappeler qu’encore aujourd’hui des hommes sont tués dans les prisons chinoises et américaines. Les chinois vont même plus loin en revendant les organes des condamnés à mort.

 La société a commis et commet encore beaucoup de meurtres dans les prisons de tous les pays du monde. On le voit en France avec les suicides toujours plus nombreux et les prisonniers malades que l’on ne veut pas laisser sortir. Il paraît que l’on voit l’état de démocratie d’un pays à la façon dont il traite ses prisonniers. La France a par consequent beaucoup de travail à faire sur ce plan là.

Non, la lutte de Robert Badinter n’est pas terminée, il reste encore des choses à changer : que la peine de mort soit abolie dans tous les pays du monde et que les prisonniers français soient traités comme des humains.
Je garde espoir qu’un jour ce monde presque parfait existe.

Coralie