Vous ne nous connaissez pas et pourtant nous sommes un demi million à sillonner la France de part en part portés par l’amour, l’amitié ou la fraternité.
Assis dans les trains, dans les bus ou les métros qui sont notre quotidien, sur un palier voisin, à l’usine ou au bureau vous ne nous voyez pas.
Nous sommes un demi million et on ne parle jamais de nous ou alors on parle à notre place.
Faut il s’immoler pour être enfin entendu ?
En revanche, on parle souvent de ceux que nous allons voir et pour lesquels nous tenons debout lorsqu’ils se suicident, qu’un drame intervient en prison mais, ils continuent de mourir à un rythme effréné et nous ne l’acceptons pas.
Personne ne se soucie du choc que nous vivons lorsqu’on nous annonce, souvent sans ménagement, la mort d’un fils, d’un père, d’un frère ou d’une sœur en prison.
Vous jugez, vous condamnez ou bien vous détournez les yeux sans nous connaître, sans rien connaître de nos sentiments ou de ce qui nous anime.
On dit que nous sommes les meilleurs garants de la réinsertion de nos proches et de cela nous sommes conscients, mais au lieu de nous soutenir on nous méprise, on nous bafoue, on nous piétine.
Nous avons décidé de sortir de l’ombre en refusant l’obscurité dans laquelle nous vivons, nous demandons à être vus, écoutés et entendus afin de faire valoir notre droit au respect et à la dignité.
Nous sommes les proches de personnes détenu(e)s.
A.R.P.P.I (Association pour le Respect des Proches de Personnes Incarcérées)
Charte de l’A.R.P.P.I
1) Je refuse définitivement que l’on me traite comme du bétail lorsque je me rends au parloir d’une prison et d’être considéré comme un rebut de la société, simplement parce que j’aime ou soutiens un disqualifié social.
2) Je refuse que ma dignité soit bafouée, d’être jugée, humiliée et l’accepter comme une fatalité insurmontable parce que je suis proche d’une personne détenue.
3) Je refuse que l’on mesure ma valeur et que l’on m’exclue du système en fonction du délit ou du crime dont est accusé mon proche et m’engage à mon tour, à ne pas juger les autres sur ces critères.
4) Je refuse catégoriquement et en toute objectivité, de nier la réalité des choses, de fermer les yeux ou de m’en faire complice, à chaque fois que cela s’impose face à une situation jugée inacceptable, de la dénoncer sans céder au chantage carcéral pouvant s’exercer sur les transferts, les remises de peines, les permissions de sorties, la libération conditionnelle ou l’ UVF par exemple.
5) J’accepte avec cette charte de mettre en œuvre les ressources de l’amitié, de la fraternité, de l’amour et de la responsabilité partagée pour réfléchir, concevoir, oser et tisser des liens afin de faire valoir mes droits, ma dignité et me faire respecter en tant que personne et proche de personne détenu(e).
La présidente
Claude Charles-Catherine