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Collectif Pour En Finir Avec Toutes Les Prisons

Mise en ligne : 15 novembre 2001

Dernière modification : 12 décembre 2002

Texte de l'article :

Novembre 2001

Les matons là-bas,ils m’assassineront !
" Je n’attends rien de l’issue de tout ça. Ce dont j’ai besoin c’est de liberté et ça vous ne pouvez pas me la donner. Ce soir, comme demain, dans un mois, dans un an, les matons là-bas ils m’assassineront. L’issue je la connais. Vous nous parlez de réinsertion, Monsieur l’avocat général. Si vous nous faites passer des années avec de tels tarés, vous attendez quoi ? J’ai une absence, en France la peine de mort a été abandonnée depuis 1981, en réalité elle continue sauf qu’elle est plus subtile. Si vous continuez à condamner et à laisser torturer les gens dans les prisons, ne vous étonnez pas que les mecs s’évadent. Nous tous, les évadés, nous avons une vision de la vie et de la liberté… "
Michel Ghellam

En 1992, après de nombreuses années de détention, Michel Ghellam s’évade de la Centrale de Clairvaux en compagnie de 7 autres prisonniers. Lors de cette évasion, les matons ont ouvert le feu : un taulard est tué ainsi qu’un gardien pris en otage. Court moment de liberté… tous seront repris et incarcérés à nouveau.
En novembre 1999, ils passent en procès à Troyes. L’instruction n’apporte quasiment aucun élément permettant de prouver leur culpabilité sur la mort du maton. Il y a même une forte probabilité pour que ce dernier ait été tué par un de ses collègues… Pendant ce procès, Michel Ghellam a assuré lui-même sa défense. Il sait que quoiqu’il dise il est déjà condamné, il profite donc de ce moment pour parler des conditions de détention, et explique pourquoi un homme tente de s’évader après tant d’années à l’ombre. Il dira aussi que si le tribunal ne l’a pas condamné à mort (" juste " à 20 ans d’emprisonnement) l’administration pénitentiaire, elle, l’a fait.

Depuis qu’il est retourné en prison, bientôt neuf ans de torture blanche, il a visité tous les QI de la région parisienne. De plus, quasiment à chaque transfert, un comité d’accueil de matons le reçoit pour un passage à tabac, et profère à son encontre des menaces de mort, histoire de bien lui faire comprendre qu’une condamnation à vingt ans ne leur suffit pas et qu’ils feront tout pour le tuer. Malgré tout, il a continué à résister à l’intérieur, essayant toujours de briser l’isolement, de dire ce qu’il se passe derrière les murs des prisons. Son courrier est bien sûr systématiquement censuré. Abonné à l’Envolée, journal sur les prisons publiant des textes de prisonniers, et voyant que le numéro 2 ne lui était pas parvenu, il a immédiatement, avec l’aide de son avocate, fait un recours administratif.Comme par hasard, du QI de la Santé il vient d’être transférer à celui de Fresnes… Transfert disciplinaire.
A son arrivée, 50 matons en tenue anti-émeute l’attendent. Après l’avoir tabassé et piétiné, ils l’envoient au mitard. Comme il faut quand même justifier un minimum le passage au prétoire, ils l’accusent d’avoir refusé la prise d’empreintes lors de son écrou à l’établissement. Pourtant ils ont reconnu eux-mêmes qu’il n’avait opposé aucune résistance physique, et la prise d’empreinte n’est absolument pas imposée par le Code de Procédure Pénale.
Son avocate qui venait le défendre lors du passage au prétoire s’est vu déchirer sa convocation par un maton et au lieu des deux heures légales de préparation elle n’a eu la possibilité de voir son client que pendant dix minutes. Elle a immédiatement déposé une plainte.Résultat des courses : encore une fois condamné à la torture blanche et à la mort lente, on le place en quartier d’isolement.

Abolition du mitard et du prétoire
Abolition des longues peines
Rétablissement des libérations conditionnelles
Abolition des Quartiers d’Isolement

 

Collectif Pour En Finir Avec Toutes Les Prisons
Région parisienne, novembre 2001
21ter rue Voltaire, 75011 Paris.

N’oubliez pas d’écouter L’Envolée, émission de radio à l’adresse des prisonniers et de leurs proches,
tous les vendredi de 19h à 20h30 sur FPP, 106.3.