Lettre de David Acerbis - Fresnes
Comme tout autre discours
Liberté, liberté, liberté … Ce mot m’accompagne jour et nuit, il remplace ma compagne … Il berce mon sommeil et résonne encore autour de mon réveil. Ce nom, je le lis partout ; ce nom rempli de charme, je l’écris partout et mon esprit verse des larmes. Certains disent : « Les jours passent, la prison reste à sa place »…Mais que faire pour rompre l’ennui et briser cette monotonie ? Dormir ? Peut être … Mais ne pas fléchir ! D’ailleurs je dors …je ne fais plus que ça…aussi tout m’énerve rien ne va ! J’essaie de me fondre dans ces rêves perdus pour dire dans mes pensées avec ou sans vertu : « Même s’il t’est arrivé de plier le genou, montre-leur que tu es et resteras toujours debout ! » Comme si ça valait tous mots, comme si ça valait tout autre discours …
J’ai des maux de tête, j’ai l’impression qu’elle va éclater ! Je somnole en diluant mes alphabets tout en pensant à la liberté, je l’unis avec l’amitié. Par son seul nom, j’exprime le plus doux des sentiments et l’associe aux orients pour signer mes serments. Je mâche les mots et les oraux de la vie en suivant les sillons de la folie humaine et avec tout un jeu de mots sans haine, je fais parti du clan destin qui s’appelle justice et qui entrave mes mains. Les dés tenus par la pénitentiaire font de notre vie un calvaire et un avenir inconnu ; certains ne le supportent pas et baissent les bras aussi, j’aimerai être le vent qui souffle sur la peau des cœurs pour que jamais plus personne ne soit en pleurs. Sans frayeur, je marque le mot ESPOIR dans tous les coins, sur les gorges de ce monde où l’on peut sentir de la rancœur. Comme si ça valait tous mots comme si ça valait tout autre discours…
J’écris au milieu de ce chant désespéré pour chanter le mot SOLIDARITE ! Et si je peux, je danse … je parle de l’amitié avec des mots intenses. J’écris dans la torpeur, voisin de la transe ; tout près de mon cœur … Le plus près de la ligne imaginaire pour que jamais mes pensées ne s’enterrent. J’écris dans l’invasion des mots sous l’empire des chutes, avec la patience des ruines contre cette insomnie toujours brute afin de forcer ma faiblesse à se débattre face à cette pression de misère … Enfin, j’écris pour ne plus me taire ! Comme si ça valait tous mots, comme si ça valait tout autre discours …
Ecoutez compagnes et compagnons de la mistoufle, forçats de la République … un murmure s’est changé en souffle face à cette administration cynique pour dire tous ensemble : Plus jamais ça ! Et pour toujours !!! Car ça vaut mieux que tous mots, ça vaut mieux que tout autre discours !