Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas de façon significative, avec une moyenne d’un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison, soit 7 fois plus qu’en milieu libre.
On se donne également 7 fois plus la mort au quartier disciplinaire qu’en détention ordinaire.
Par la création de son observatoire des suicides et des morts suspectes en avril 2002, sur son site http://prison.eu.org/ , Ban Public souhaite interpeller l’opinion publique.
2002 : 122 suicides
2003 : 120 suicides
En décembre 2003, Jean-Louis Terra, dans son rapport de mission à la demande du garde des Sceaux, ministre de la Justice et du ministre de la Santé de la Famille et des Personnes Handicapées, fixait un objectif de diminution de 20% du nombre de suicides dans les 5 années à venir...
2004 : 114 suicides
2005 : 122 suicides
La circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires stipule :
"L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers :
la période correspondant au jugement ;
le placement au quartier disciplinaire ;
la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation."
Comment le personnel pénitentiaire peut-il faire autre chose que surveiller avec 62 009 personnes détenues au 1er décembre 2007 pour 50 705 places opérationnelles, (source : statistique mensuelle de la population écrouée et détenue, ministère de la Justice) ?
Le nombre de personnes incarcérées atteintes de troubles mentaux est en augmentation. L’irresponsabilité pénale est de moins en moins prononcée : on enferme dans les prisons des personnes qui devraient voir reconnaître leurs troubles et se voir proposer des soins. Les personnes qui bénéficient d’une expertise psychiatrique pré-sentencielle ne subissent pas toujours les effets positifs supposés de l’application du 2ème alinéa de l’article 122-1 du nouveau code pénal.
En cas de troubles mentaux avérés d’une gravité "relative", les personnes sont livrées à elle-même durant l’incarcération, avec comme principal soin un traitement psychotrope anxiolytique, parfois un traitement antidépresseur. Mais la prescription d’anxiolytiques ne doit pas dépasser 12 semaines (arrêté du 7 octobre 1991), du fait de leur fort potentiel de dépendance, et doit être strictement encadrée. De leur côté, les antidépresseurs ont un certain potentiel désinhibiteur, favorisant, dans certains cas, le passage à la violence contre soi (suicide) ou contre autrui. Les réactions paradoxales de violence toucheraient plus particulièrement les sujets ayant des antécédents agressifs ou un faible contrôle pulsionnel et certaines personnalités fragiles. Elles seraient favorisées par les situations de frustration. Or la frustration est la règle en prison, institution basée sur un fonctionnement non négocié.
La rédaction
Ban Public
Janvier 2008