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décès d’un détenu à la prison de Toulon

Mise en ligne : 24 octobre 2004

Texte de l'article :

27 juin 2003 : décès d’un détenu à la prison de Toulon

Communiqué de presse de la section LDH de Toulon
Toulon, le 2 juillet 2003

La section de Toulon de la LDH exprime son émotion après le décès, vendredi 27 juin 2003, d’un détenu à la maison d’arrêt Saint Roch.

Cet homme, âgé de 45 ans, père de deux enfants, était en détention provisoire depuis une dizaine de mois. Les informations dont nous disposons évoquent l’éventualité d’un suicide.

Sans préjuger des résultats de l’enquête, ce drame rappelle l’importance du nombre des suicides en prison : il est passé de 104 en 2001 à 120 en 2002. Mais on peut craindre qu’il continue à progresser. En effet, depuis deux ans, le nombre de détenus est en augmentation importante en France. En juin dernier, la France comptait plus de 60 000 détenus, le record depuis la Libération en 1945 ; parmi eux 37 % sont en détention provisoire.

L’explosion du nombre de détenus est le résultat d’une plus grande sévérité des juges, elle-même encouragée par les lois "sécuritaires" Sarkozy-Perben. Ce n’est pas ainsi que l’on résoudra les problèmes qui se posent à notre société !

article de Libération, samedi 19 juillet 2003

Mort sans ordonnance à la prison
A Toulon, un samedi soir, les secours ont mis une heure avant de se rendre au chevet d’un détenu.
par Alice GERAUD

Il est mort entre 19 h 11 et 20 h 38, dans une cellule de la maison d’arrêt de Toulon. C’était un samedi. Un jour non ouvrable, durant lequel l’infirmerie de l’établissement est fermée. A partir de 19 heures, on est en horaire de nuit à la prison. Le nombre de surveillants est réduit. Le nombre de détenus, lui, reste le même : 344 pour 150 places, soit un taux d’occupation de près de 230 %, le plus fort taux de surpopulation carcérale de la région.

Lorsqu’il y a un problème, le délai d’intervention des surveillants peut être plus long. Parfois trop long. Les deux codétenus de X (ils étaient trois dans une cellule de 9 mètres carrés) disent avoir tambouriné à la porte « au moins une demi-heure », avant que des surveillants finissent par ouvrir. X était secoué de spasmes. A 19 h 11, les gardiens ont appelé le 15. Sur la fiche du régulateur qui gère les appels au Samu, il est signalé un simple cas de « patient endormi ». Le régulateur a envoyé une ambulance privée. Il n’y avait pas de médecin à bord, ce type de véhicule étant destiné au transport vers les services d’urgences des hôpitaux. A son arrivée à la prison, l’ambulancier a constaté que l’état de santé du patient, inconscient, ne relevait pas de sa compétence. L’ambulancier a dû faire rappeler le Samu. Une équipe médicalisée est partie à 19 h 39. Elle arrive, trop tard. X était mort. Il avait 45 ans et était père de 2 enfants. Sa famille envisage aujourd’hui de porter plainte pour non-assistance à personne en danger.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Toulon. Selon les premiers éléments, X s’est probablement suicidé. En détention préventive depuis dix mois pour une affaire de viol, il était sous antidépresseurs. Son avocat le décrit comme « un homme fragile ». Les causes du décès - une intoxication médicamenteuse - ne font d’ailleurs guère de doute pour la justice. Les circonstances sont en revanche plus obscures. Ce samedi 28 juin, vers 18 heures, X aurait expliqué à ses codétenus qu’il se sentait fatigué. Il est monté sur sa banquette, à l’abri de leur regard. Puis il les a finalement appelés à l’aide, expliquant qu’il ne se sentait pas bien parce qu’il avait avalé des cachets. Entre l’alerte des codétenus et l’arrivée du médecin du Samu, il s’est écoulé près d’une heure. « Avec une prise en charge médicale plus rapide, on aurait peut-être pu le sauver », avance Jean-Claude Guidicelli, l’avocat du détenu.

Et bien des questions se posent : pourquoi a-t-on d’abord envoyé une simple ambulance sur les lieux ? Les surveillants ont-ils mal évalué, voire minimisé l’état du détenu ? Ou l’erreur d’appréciation provient-elle du médecin régulateur du 15 ? Le docteur JA, chef du Smur de Toulon, rappelle que les équipes sont envoyées « en fonction du signalement fait par téléphone ». « C’est plus simple lorsqu’on peut parler directement au patient. Mais, en prison, ce sont les surveillants, voire le surveillant en chef, qui nous donnent les éléments », regrette-t-il. Le syndicat CGT pénitentiaire assure que les agents présents ce soir-là « ont déclenché la procédure d’alerte ». Et déplore surtout l’absence de personnel médical à l’intérieur des prisons durant la nuit et le week-end, comme c’était le cas avant 1994. « Cela permettrait de réagir plus rapidement. »

Il y a trois ans, une nuit d’août 2000, à la maison d’arrêt de Toulon, des détenus avaient alerté les gardiens parce qu’un de leurs compagnons, diabétique insulinodépendant, se trouvait mal. Il n’y avait pas d’infirmier. Le détenu est décédé dans la nuit. L’instruction est toujours en cours.

section de Toulon de la LDH