“ Clairvaux, le 29 Août 1880,
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous exposer que le 28 Avril 1877 la Cour d’Assises de Reims m’a condamné à 5 années d’emprisonnement pour vol.
Un moment d’oubli m’étant survenu, je paie bien cher ce manque à mes devoirs, aussi, ma famille m’a mis de côté : c’est malheureux.
Connaissant les travaux de Chemin de fer et de canaux (J’en ai surveillé plusieurs), je viens vous prier, Monsieur le Ministre, à l’expiration de ma peine de me transporter dans une colonie française quelconque, ou je passerai à l’étranger.
Daignez agréer,
Monsieur le Ministre
L’hommage de mon profond respect
Baudouin
Ex piqueur des Ponts et Chaussées ”
“ Maison d’arrêt d’Evreux, le 10 Avril 1876
A Son Excellence Monsieur le Ministre de la Marine et des Colonies Françaises
Monsieur le Ministre
Le soussigné Bayart, Jacques, ayant pour résidence obligée Boulogne sur Mer, à l’honneur de solliciter de votre bienveillance sa résidence obligée dans une des colonies pénitentiaires ;
Le décret du 27 mars 1852 est applicable.
Il est encore sous la surveillance de la haute police pour 18 ans ; il a passé onze années déjà dans les colonies comme condamné, où il était occupé à la culture des terres, sans qu’une seule punition lui ait été infligée ;
Il sollicite cette faveur car, en France il ne pourrait que vieillir dans les prisons, tous les ateliers lui étant fermés ;
C’est pourquoi il vient implorer votre générosité afin de lui accorder la permission de résider obligatoirement dans une des îles Françaises.
Il s’efforcera toujours par sa bonne conduite à mériter la faveur que vous voudrez bien lui accorder ; et il espère en outre mieux servir son pays dans un endroit éloigné de sa disgrâce par la société qu’en restant en France.
Il vous prie très humblement
Monsieur le Ministre
D’agréer ses sentiments très respectueux et très sincères ”
“ A Monsieur le Ministre de la Marine à Paris,
Monsieur le Ministre,
Je prends la respectueuse liberté de vous adresser cette lettre.
Voici le motif.
Je subis actuellement une condamnation de deux ans d’emprisonnement peine qui expirera le 22 avril 1882.
Etant sur le poids de la surveillance, obstacle qui empêche uniquement de gagner sa vie en France.
Je viens vous supplier Monsieur le Ministre de vouloir bien me déporter à la nouvelle Calédonie.
Agé de 38 ans, fort et vigoureux, désireux de rentrer au bien, je crois que le seul moyen est celui d’aller reconquérir l’homme que ma fatale jeunesse m’a fait ravir, et le lieu sûr, c’est notre nouvelle France.
En attendant de Monsieur le Ministre cest éclatant bienfait,
Je suis,
Avec un très profond respect
Votre très humble et très dévoué serviteur,
Signé Berdoulat
Eysses, le 12 juin 1881 ”
“ Paris le 22 Mai 1874
Monsieur
Vous exuserez la libertté que prend un prisonnier de vous écrire. Malheureusement je suis forcé de vous faire cette demande pour me retiré de la fautte ou je suis tombé. Car en liberté ne pouvant trouver du travaille rapport à ma surveillance ni resté dans paris, qui est mon pay ; obliger d’errer sur les routte sans argent, enduré la faim et le froid, ce qui mest tres penible. car a vingt deux an alléz demandé un morceau de pain c’est bien triste pour moi ; Je vous demanderai donc de vouloir bien macorder d’allez alla Nouvelle Caledonnie ; ou en Algerie au frai de l’età vu que je nai pas dargent ni parents pour payer mon passage ; je tacherai de me rende Util a bord car jai deja servit a bord des paquebot Anglai qui son a Cherbourg ; Monsieur Ne rejetez pas la demande d’un Malheureu afin de revenir honnête homme car j’ai bonne envie de travaillez.
Je vous salut
Votre tres humble serviteur
pour la vie
Collin Alphonse François Detenu ”
“ Maison Centrale de Beaulieu, le 8 Juin 1873
A Son Excellence Monsieur le Ministre Secrétaire
d’Etat de l’Intérieur,
Monsieur le Ministre,
Le soussigné Pitois Pierre détenu en la maison centrale de Beaulieu (Calvados) expose humblement à Votre Excellence :
Qu’étant à la veille d’être libéré de Fontevrault il y a quelques mois, il demanda à fixer sa résidence à Nîmes (Gard) et fut envoyé à Caen (Calvados) où n’ayant pu trouver des moyens d’existence, il rompit son ban et fut condamné en 13 mois de prison.
Qu’il ne possède actuellement ni parents, ni amis et que, puisqu’il est loisible à l’autorité administrative de l’envoyer à Caen lorsqu’il désire se rendre à Nîmes, il sollicite instamment d’être transféré à la NC et s’y fixer à l’expiration de sa peine.
Monsieur le Ministre, il est peut être indispensable de se prémunir contre les tendances subversives d’une catégorie de repris de justice, mais il est certain qu’un grand nombre de ces parias sociaux n’accourent se ranger sous l’étendard de l’anarchie que parce que la surveillance les place dans la cruelle alternative de mourir de faim ou de faillir à nouveau.
L’exposant sollicite instamment d’être transféré à la Nouvelle Calédonie.
Il a l’honneur d’être, avec le plus profond respect,
Monsieur le Ministre,
De Votre Excellence,
le très humble serviteur,
[Signé : P. Pitois]
détenu à Beaulieu n° 23826 de l’écrou. ”