14600 articles - 12260 brèves

Il faut tellement les mettre au trou ! - Communiqué de presse de Syndicat Sud-Justice

Mise en ligne : 2 avril 2003

Dernière modification : 15 août 2010

Texte de l'article :

Il faut tellement les mettre au trou !

Albert Martin* appelons le Albert Martin, pour bien marquer son côté gaulois comme ils disent, est en fugue de chez son père dans la banlieue parisienne depuis la mi-septembre 2002… Monsieur Martin, en bon père de famille a fait une déclaration de fugue pour son fils. En plus, il se décarcasse, monsieur Martin, il cherche son fils. Pendant ce temps, Albert voyoute sur la lande…En virée avec des copains à Rouen, ils échangent quelques coups avec des autochtones et se retrouvent embarqués au commissariat. Mais, il se passe parfois des choses bizarres dans la tête d’un môme de 14 ans, peut-être parce qu’il a raconté une fable à ses copains…

Albert, déclare s’appeler, Mohammed Mezoug*, avoir 18 ans et ne pas avoir de papiers…La police va t-elle faire son travail ? Que nenni ! elle prend pour argent comptant les déclarations du gamin et on présente tout le monde au parquet de Rouen qui les renvoie en comparution immédiate sous 15 jours et incarcère toute la bande en attendant…
15 jour plus tard, Mohammed alias Albert, se fait condamner à trois mois de prison ferme par un tribunal le jugeant sous le doux vocable de « X se disant Mohammed Mezoug »… Et Mohammed purgera ses trois mois en quartier majeur, avec ses copains, à « Bonne Nouvelle » la prison de Rouen !…

Ayant purgé sa peine, il s’évaporera dans la nature, mais se fera prendre quelques semaines plus tard…Il se trouve que cette fois, malgré le bulletin de sortie de prison et le dossier pour une demande de papiers d’identité, un flic normalement intelligent, se doutera de la supercherie et grâce aux petits cailloux semés par le gamin. Il fera le lien entre Mohammed et Albert… Comme quoi c’était possible sans trop se fatiguer…

Cette histoire nous apprend quand même quelques petites choses :

  •  On peut-être blond, ne pas se dire adopté, ne pas se dire kabyle et s’appeler Mohammed Mezoug sans que cela choque personne…Cela signifie que l’intégration est en plein boom même dans la police… ???...!!!...
  •  On peut raconter qu’on a 18 ans, alors qu’on est à peine pubère (et malgré des fouilles à corps), à la police, au substitut, à l’éducateur de la POP, à l’avocat, au président du tribunal, aux gardiens, au médecin ou au CIP de la maison d’arrêt et personne ne s’interroge…
  •  On « responsabilise », voire condamne, les parents pour défaut de surveillance… Or, malgré une déclaration de fugue en bonne et due forme, un certain nombre de services sont pris en flagrant délit de défaut de vigilance !
    Quelles seront les poursuites ?
  •  La police et la justice, ordinairement si prompt à contrôler l’ossification, n’ont pas jugé utile cette vérification ! Serait-elle strictement réservée aux Africains ou autres Roms ? Le contrôle osseux ne permet-il de vérifier uniquement qu’un majeur se déclare mineur est et non l’inverse ?

La volonté de réprimer est telle qu’on ne s’embarrasse même plus avec les procédures minimales : Il faut enfermer la jeunesse. C’est sans doute cela l’état de droit sauce Sarkhozy…

- * les noms attribués à l’enfant ont été changés.

Syndicat Sud-justice.
2 rue henri Chevreau - 75020 Paris
tel 01 40 33 85 00 - fax 01 43 49 28 67
mèl :
sudjus@netscape.net