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Je me suis inventé une maladie pour protéger les autres

Mise en ligne : 3 avril 2006

Dernière modification : 3 avril 2006

Détenu, Didier Robert est séropositif au VIH et atteint de l’hépatite C depuis vingt ans. Pour ne pas être mis à l’écart par les autres détenus, il garde secret son état de santé. Extraits de son témoignage.

Texte de l'article :

Dans l’établissement dans lequel je me trouve, la prévention du sida n’est pas totalement assurée : seul des préservatifs sont à disposition à l’infirmerie et il est proposé de faire un test de dépistage à votre arrivée. Mais aucune information n’est proposée. Etant moi-même séropositif, j’estime que je dois me protéger, prévenir tout risque pour les autres dans le secret absolu sous peine d’être mis à l’écart définitivement. Je dois prendre mes médicaments sans éveiller les soupçons de mes co-détenus et bien cacher ma brosse à dents, mon coupe-ongles et mes rasoirs, sources possibles de contamination dans l’absolu, même si les risques sont infinitésimaux. Je me suis dnc inventé une maladie. Je suis diabétique avec un problème rénal. Le jour de la douche, j’en profite pour me raser et par précaution, je jette mon rasoir, que je casse, à la poubelle. Je me cache pour me servir de mon coupe-ongles car j’ai peur qu’on me l’emprunte. Refuser de prêter un coupe-ongles n’est pas acceptable en prison face à l’indigence qui rend la solidarité entre co-détenus obligatoire. Mais, je n’ai pas envie de les contaminer, de me surcontaminer ou de m’infecter avec je ne sais quel microbe. Je n’ai qu’une vingtaine de CD4, ce qui témoigne de ma fragilité.

Didier Robert

Revue INPES - La santé de l’homme n°379 / septembre - octobre 2005