Aujourd’hui, à cette chambre d’extradition, nous assistons à un processus historique.
Ici, dans la France de la "liberté, égalité, fraternité", et à la demande de la garde civile tortionnaire espagnole, du juge prévaricateur Garzon et du gouvernement fasciste espagnol, vous jugez, pour la première fois depuis le régime de Vichy, une communiste espagnole, héritière de ces autres communistes et républicains espagnols qui, pendant la IIe Guerre Mondiale, luttèrent à côté du peuple français pour libérer la France envahie par les nazis allemands et trahie à Vichy par les collaborationnistes français.
Ici, devant cette chambre d’extradition, aujourd’hui, moi, Josefina Garcia Aramburu, militante du Parti Communiste d’Espagne (reconstitué), veux rappeler un français vraiment démocrate, vraiment honnête, vraiment défenseur de la JUSTICE (avec majuscules) : M. Emile Zola.
Aujourd’hui, comme il fit autrefois, J’ACCUSE :
J’ACCUSE le juge Garzon et le gouvernement fasciste espagnol de tenter, à travers ma personne, de condamner un Parti politique, le PCE (r), seulement parce que son existence suppose un péril politique pour la survivance du régime monopoliste et fasciste espagnol. C’est pour cela qu’ils mentent quand ils disent que je suis membre de la "Commission Politique du PCE (r)-GRAPO" ou quand ils falsifient des citations de textes, comme celle d’un document des GRAPO qu’on peut simplement comparer avec l’original pour se rendre compte des manipulations de toutes ces 4000 feuilles, vides de toute logique, sans une accusation vraie, précise, concrète. Cela, je crois, on appelle prévariquer. Peut-être je me suis trompée, mais dans quelque cas, c’est un délit. Et tout ça, avec l’unique intention de faire croire à ce Tribunal-ci que le PCE (r) et les GRAPO sont la même chose, quand ils savent fort bien que le PCE (r) et les GRAPO sont deux organisations bien différenciées.
Le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué), dont je suis militante, est un Parti de classe, le Parti de la classe ouvrière ; c’est un Parti Communiste, marxiste-léniniste, avec un fonctionnement basé sur le centralisme démocratique. Notre travail est un travail politique, exclusivement politique. C’est un travail d’éducation politique et idéologique de la classe ouvrière des peuples d’Espagne et d’autres secteurs populaires, tels que la jeunesse, les femmes travailleuses, les étudiants, les paysans, les intellectuels progressistes. Un travail qui s’effectue parmi l’agitation, la propagande et l’organisation politiques. Ce sont nos seuls utiles : la parole et la plume. Rien de plus ! Nos objectifs révolutionnaires sont le renversement du pouvoir de la bourgeoisie capitaliste et son Etat fasciste pour en finir et construire une société sans l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme, une société sans classes : la société communiste.
Par contre, les GRAPO sont une organisation armée, pas un Parti politique ; antifasciste, pas communiste ; avec une discipline militaire, pas de centralisme démocratique. Leurs objectifs sont de devenir l’Armée Populaire des peuples d’Espagne pour renverser le régime politique fasciste et construire la République Populaire des Travailleurs, comme elle exista déjà dès le 16 février 1936 jusqu’au 1939, tous ces trois années en luttant, les armes en main, contre Franco et les contre-révolutionnaires fascistes qui se levaient en armes contre un gouvernement libre et démocratiquement élu par les urnes : le gouvernement du Front Populaire. Là, se trouvent les racines politiques de cette résistance armée antifasciste.
J’ACCUSE le juge Garzon et le gouvernement fasciste espagnol d’avoir envoyé à cette chambre d’extradition des fausses preuves, des mensonges, des manipulations et des inventions, avec l’unique intention que ce Tribunal fasse le sale travail de nous extrader et, ainsi, pouvoir eux-mêmes commencer une chasse aux sorcières contre les organisations, les collectifs, les partis politiques et contre toute personne soupçonnée de tenir une idéologie de gauche ou simplement de n’être pas d’accord avec leur "pensée unique" ; c’est-à-dire de vouloir imposer, parmi des décrets-lois et des mandats judiciaires manichéens et répressifs, l’Etat de siège dans tout le territoire espagnol, comme ils sont en train de faire, déjà, en Euskal Herria avec l’interdiction de l’organisation légal Batasuna et la fermeture de ses sièges et des Herriko Tabernak sous la menace des mitrailleuses.
Des décrets-lois et des mandats judiciaires si manichéens et répressifs comme cette Commission Rogatoire, ces 4000 feuilles manipulatrices où on dit, entre autres aberrations, que l’Association Libre d’Avocats d’Espagne, la deuxième en importance par son nombre et sa réputation, appartient à l’environnement légal du PCE (r) et qui suppose, si on lui donne crédibilité, la possibilité d’incarcérer tous les avocats qui y appartiennent, soient-ils de gauche, de droite ou sans idéologie définie.
Et J’ACCUSE le juge Garzon et le gouvernement fasciste espagnol de vouloir imposer, avec le recours à la manipulation et au mensonge, ses lois tortionnaires à cette Chambre et même au gouvernement français quand ils demandent, par exemple, l’extradition de Juan Maria Olano, seulement pour appartenance à une organisation d’appui aux prisonniers politiques basques. Pourquoi maintenant ? Ou quand ils demandent, avec toute sa prépotence et des menaces voilées contre la France, pareilles à celles de Bush de "ou avec nous ou contre nous", l’interdiction de Batasuna dans l’Etat français. Pourquoi maintenant ? Ou, comme aujourd’hui, quand nous, les militants communistes espagnols, sommes menacés d’extradition. Pourquoi maintenant ? Il faut s’interroger sur cela, parce que, comme en 1939, les fascistes espagnols veulent imposer à feu et à sang l’Etat de siège en Espagne, enfermant toute la dissidence politique, sociale ou syndicale en camps de concentration, mais pas seules sinon, comme autrefois, en utilisant un autre Etat souverain, la France, laquelle, avec cette extraterritorialité qui cherchent Garzon et CIA, deviendra, en fait, une colonie espagnole. Et tout ça, en s’appuyant sur les collaborationnistes qui, comme aux temps de Vichy, aujourd’hui, nous maintiennent, les communistes espagnols, dans les camps de concentration modernes, sans preuves, sous de fausses accusations et, en plus, avec l’application de la torture blanche en nous isolant de nos proches et nos amis, et en nous imposant l’interdiction entre nous tous, y compris les autres prisonniers communistes et antifascistes qui ne sont pas impliqués dans la même affaire. Cette mesure, vous le savez bien, est illégale.
M. Le Juge :
Je suis une communiste. Et c’est vrai, je ne le nie pas. Mon Parti, le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué) appuie politique et moralement la résistance armée antifasciste qui se développe en Espagne depuis les années 40. Et ce n’est pas un délit ; c’est un devoir pour tout vrai démocrate et révolutionnaire, puisqu’il s’agit d’une lutte juste et légitime, un droit consacré pour toute Constitution démocratique : le droit qu’ont les peuples à se lever en armes contre la tyrannie. Nous, les communistes d’Espagne jamais ne renoncerons à ce droit. C’est pour cela que mon Parti appuie aussi la lutte de résistance du peuple palestinien contre la barbarie des sionistes israéliens et ses alliés, les impérialistes yankees. Et la lutte de résistance des organisations et des partis révolutionnaires qui, en Turquie, s’affrontent au gouvernement fasciste lequel, dans ces deux dernières années a tué plus de 100 prisonniers politiques :: Et c’est pour cela, enfin, que nous soutenons la lutte des ouvriers et travailleurs exploités dans tout le monde, la lutte des peuples opprimés, de toutes les personnes qui résistent, qui luttent conséquemment contre la barbarie, l’oppression nationale, l’exploitation sauvage des patrons, le chômage... et tous les lacres générées par le système capitaliste. Si on doit me condamner, sin on doit m’extrader pour cela, je n’ai rien à dire. Mais soyez clairs. Osez et condamnez-moi seulement pour ce que je suis et ce que je fais ; c’est-à-dire : pour être militante du PCE (r) et faire un travail politique.
Mais si c’est vrai ce que me disait le Procureur le jour où j’ai été amenée devant le Juge des Libertés, si c’est vrai que le PCE (r) n’est pas interdit en France, alors, vous ne pouvez pas nous condamner ni nous extrader. Donc, vous devriez nous absoudre en refusant ce mandat et, en plus, vous-même et votre gouvernement devraient nous donner, à tous les militants du PCE (r) emprisonnés en France, le droit d’asile politique, parce que c’est pour cela qu’on nous poursuit, torture et assassine en Espagne : pour notre militantisme politique. Seulement pour cela.
C’est tout.
Quoi qu’il arrive, je continuerai à lire et à admirer la valentie d’Emile Zola.
Josefina Garcia, octobre 2002.