Est-ce à cause des lourdes années d’internat vécues, cette « prison scolaire », que Léon Lefébure s’intéresse à la cause humaine ? Ou peut-être par les cours suivis à l’Université de Munich où les salons des professeurs et des savants le mettent au courant des incidents de la vie politique ? Toujours est-il que cet homme, haut fonctionnaire, essayiste et sociologue, voue sa vie à l’amélioration de ceux qui restent comme un tabou pour la société.
Extrait de la notice historique sur la vie et les travaux de Léon Lefébure par le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, René Stourm : « En portant, cette année, nos études sur Léon Lefébure, nous mettrons en relief les mérites d’une vie, qui eût pu, comme tant d’autres, grâce à la fortune héréditairement acquise, s’écouler dans la quiétude, mais que notre ami consacra, au contraire, passionnément, à l’amélioration du sort de ses semblables. »
Léon Lefébure livre un combat pour la liberté et surtout celle des prisonniers qui sortent de détention. Comment les réinsérer dans la société ? Comment accroître leur confiance en eux et en la vie qui continue ? Anne-Marie Davau, spécialiste de l’histoire sociale et économique, nous parle d’un parcours désintéressé et dédié à autrui. Elle nous explique les conditions difficiles auxquelles l’académicien a fait face tout au long de sa vie et de son implication à la Société générale pour le patronage des libérés créée en 1872 par Jules Lamarque.
Aujourd’hui l’héritage de Léon Lefébure se perpétue au travers de l’association Aurore qui étend ses actions à l’ensemble des problèmes de l’exclusion et pas seulement ceux des prisonniers. Elle propose notamment un accueil d’urgence pour les femmes, un centre de soins spécialisé aux toxicomanes, un centre pour adultes handicapés psychiques.
Léon Lefébure (1838 - 1911) a été élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1903. Il fut député, sous-secrétaire d’État aux Finances, créateur en 1890 de l’Office central des œuvres de bienfaisance (l’OCOB) et membre de la Société générale pour le patronage des libérés.
Les livres de Léon Lefébure sur la question sociale
1876 Les questions vitales
1880 La science pénitentiaire au Congrès de Stockholm
1880 Le prisonnier libéré. Sa condition dans la société contemporaine
1890 Le devoir social
1900 L’organisation de la charité privée en France, histoire d’une œuvre