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L’accusé aux deux visages

Mise en ligne : 1er avril 2006

Texte de l'article :

L’accusé aux deux visages
 
La cour d’assises de la Moselle juge en appel jusqu’à vendredi Sébastien Simonnet, 30 ans, accusé d’avoir entre décembre 1999 et janvier 2000 torturé l’un de ses codétenus à la maison d’arrêt Charles-III de Nancy. 
 
Dans le box, Sébastien Simonnet, 30 ans, n’a pas l’air de prendre la mesure des faits qui lui sont reprochés. De temps à autre, il lance un sourire à ses proches qui sont dans le public. Son regard devient noir lorsqu’il le pose sur la cour ou sa victime, détenue actuellement dans le cadre d’un autre affaire. Simonnet n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, plutôt agressif, plutôt impulsif, même si ses proches le décrivent comme une "crème".

Il comparaît en appel pour avoir torturé et commis des actes de barbarie à l’encontre d’un de ses codétenus, entre décembre 1999 et janvier 2000 à Charles-III, à Nancy. Cyril était devenu du jour au lendemain sa tête de Turc, lorsque son agresseur a appris qu’il était bisexuel. Dès lors, il s’est déchaîné sur le jeune homme en lui infligeant d’incroyables sévices. Certains à caractère sexuel, des simulacres de pendaison, sans compter les coups portés au visage et les soirs où il utilisait le jeune homme comme cible pour jouer aux fléchettes.

Quinze jours durant, où le malheureux ne sortait plus de sa cellule sur ordre de Simonnet, où chaque matin il léchait la cuvette des WC, buvait de l’urine...

Une mesure de séquestration pour éviter que le personnel de l’administration pénitentiaire ne découvre quelque chose. A chaque intrusion d’un gardien, Cyril se cachait sous les draps ou s’enfermait dans les toilettes. Jusqu’au jour où un fonctionnaire a découvert les blessures. Cyril a tout caché par peur de représailles. Mais quelques mois plus tard, il avouait à un autre prisonnier le calvaire qu’il avait vécu.

Simonnet a tenté, devant les enquêteurs et auprès des siens, de minimiser sa participation. Simonnet, un gosse sans problèmes particuliers, a-t-on pu entendre à la barre. Un jeune homme modèle qui tendait la main aux plus pauvres, dévoué, de bonne composition, généreux. Pourtant, les autorités avaient déjà mis la main à plusieurs reprises sur une autre facette de Simonnet. Un délinquant notoire poursuivi pour vol, pour des actes de violence.

"Je ne le crois pas capable d’avoir fait ce pour quoi on l’accuse", pense son ex-concubine avec qui il a eu une petite Lolita. "C’est pas possible, ce n’est pas lui". Simonnet ne bronche pas et, à chacune de ses interventions, lorsque les magistrats lui demandent d’évoquer ses précédentes condamnations, il noie le poisson en se présentant comme une victime d’erreurs judiciaires. "Un jour, il va falloir expliquer tout cela à votre enfant", lance le président, Mme Munier, à l’ex-fiancée. "Tout ça, c’est faux et je dirai la même chose à notre fille". "Mais il a reconnu les faits dans un autre dossier", relève le juge. Désarçonnée, la jeune femme : "Quel dossier ?" Celui où Johnny Agasucci a été retrouvé mort à Charles-III, dans la nuit du 24 au 25 août 2004, au cours d’une ronde nocturne.

Délinquant primaire mis en examen dans un petit trafic de stupéfiants, Johnny Agasucci, 26 ans, avait été enfermé avec Sébastien Simonnet. Il était devenu son souffre-douleur et avait subi simulacres de pendaison, mutilations sexuelles, coups et estafilades, humiliations d’une rare cruauté avant de rendre son dernier souffle. Dans cette affaire, Simonnet a été mis en examen pour meurtre, torture et actes de barbarie.

Romuald PONZONI
 

Source : Républicain lorrain du 30/03/06