Construite sous Charles V pour la défense de l’Est parisien, la forteresse a toujours joué le rôle de lieu d’incarcération ; mais c’est à partir du règne personnel de Louis XIV qu’elle devient cette « Bastille de droit divin », prison politique fonctionnant sur le mode du « bon plaisir » et du secret. Loin d’être réservée à une élite sociale et intellectuelle, comme on l’a souvent imaginé, la Bastille accueille des prisonniers de toutes classes, depuis les plus grands personnages jusqu’au petit peuple « maldisant ». L’exposition entend montrer au public l’écart entre les réalités dont témoignent les archives et les légendes qui sont attachées à la forteresse, donnant l’image réelle de la société d’Ancien Régime, jusqu’en ses dernières années.
Plusieurs pièces spectaculaires sont présentées, comme la maquette monumentale de la Bastille ou la « chemise » du célèbre prisonnier Latude portant un texte écrit avec son sang, mais surtout de fascinantes pièces d’archives. De ces documents souvent encore souillés de la boue des fossés, revêtus de signatures illustres ou couverts des humbles écritures des prisonniers, émane une émotion presque palpable.