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Prisons dans le monde

La population carcérale dans le monde

Mise en ligne : 9 novembre 2003

Dernière modification : 23 janvier 2011

Texte de l'article :

"Dans les prisons du monde"
Extrait de l’Atlas 2002 du Monde Diplomatique

En l’absence des peines de substitution, les prisons restent des lieux de non-droit où les conditions de détention se détériorent alors que croit la surpopulation carcérale. C’est particulièrement vrai pour les pays pauvres, mais des atteintes aux droits des détenus son également fréquentes. La lutte pour l’abolition de la peine de mort demeure d’actualité sur tous les continents.

La violence est présente dans les établissements pénitentiaires de nombreux pays. Des tortures et mauvais traitements perpétrés par des membres de la police, de l’armée ou des surveillants sont souvent signalés. Les suicides sont fréquents. De nombreux incidents opposent des prisonniers entre eux : aux Etats-Unis, par exemple, 70% des détenus en sont victimes. Les personnes les plus vulnérables sont victimes de viols-en Afrique du Sud, c’est le cas de 70% à 80% des nouveaux arrivants. La corruption fréquente ne fait qu’accentuer les tensions entre détenus et avec le personnel surveillant. Ces brutalités sont manifestes dans les pays d’Amérique latine, où se multiplient mutineries et assassinats.

On observe une corrélation entre le degré de pauvreté et la durée des conditions de détention. Dans les pays pauvres, celles-ci sont particulièrement difficiles : surpopulation carcérale constante, insalubrité et délabrement des locaux, insuffisance des soins médicaux, manque, voire absence d’eau ou de nourriture, carences graves en matière d’hygiène…

Human Rights Watch fait était d’une vingtaine de pays où les prisonniers souffrent de malnutrition. En Ouzbbékistan, 10 à 15 prisonniers s’entassent dans des cellules prévues pour 4. A la prison centrale de Karachi ( Pakistan ), la surpopulation est telle qu’on ne compte qu’une toilette pour 100 détenus. La prison est en outre un lieu de propagation d’épidémies transmissibles ( sida, tuberculose, etc. ). Au Canada, on estime que le sida est 50 fois plus répandu dans les prisons qu’à l’extérieur. Au Kazakhstan, la tuberculose touche 12% des détenus.

De nombreuses personnes sont placées en détention préventive : 64 000 en Afrique du Sud, soit un tiers des prisonniers. La proportion atteint 59% en Amérique centrale-87% au Honduras.

Même dans les pays développés, malgré l’existence de réglementations diversifiées, les droits élémentaires des personnes incarcérées ne sont pas toujours respectés. Les droits à l’éducation, à l’alimentation, à la santé font l’objet de nombreuses violations. De multiples cas répertoriés de suicides laissent parfois soupçonner de meurtres. Grâce à un mouvement mondial prônant l’abolition de la peine de mort, le nombre de pays ayant mis en œuvre un moratoire sur les exécutions ou ayant aboli la peine capitale ne cesse d’augmenter. D’autres continuent néanmoins à exécuter des condamnés. Ce fut le cas, en 2001, de 3 048 personnes dans les 31 pays, dont 90% en Chine, en Iran, en Arabie saoudite et aux Etats-Unis. La peine capitale reste légale et utilisée dans 84 pays. Dans nombre d’autres, la tendance à la remplacer par une, voire plusieurs ( dans les pays où le cumul des peines est autorisé) condamnations à perpétuité va à l’encontre de la prétendue fonction de réinsertion de la prison.

Privatisation
Bien que la Convention des droits de l’enfant prévoie que l’emprisonnement d’un mineur ne doit être qu’une « mesure de dernier ressort », un nombre important de mineurs sont incarcérés. Ils ne sont souvent pas séparés des adultes, reçoivent rarement des visites et font fréquemment l’objet de violences physiques et d’humiliations. Le nombre de femmes détenues ne cesse d’augmenter, engendrant des problèmes de surpopulation. Outre les violences, les femmes souffrent particulièrement de l’éloignement familial et social et de l’absence d’activités formatrices.

Depuis une quinzaine d’années, des prisons privées se multiplient dans le monde, sous l’impulsion d’une poignée de sociétés multinationales. Opérant dans le secteur carcéral, elles sont structurées pour répondre à des objectifs de rentabilité et reproduisent les atteintes aux droits de la personne humaine observée dans les prisons publiques.

Face à l’échec de la fonction de la réinsertion des prisons, des associations se mobilisent pour la généralisation des peines non privatives de liberté. Elles réclament l’application des mesures d’aménagement de peine déjà pratiquées dans de nombreux pays, qui se traduisent par diverses formes de libération anticipée : placement à l’extérieur de la prison, réductions de peines ou libération conditionnelle. Certains pays proposent un travail d’intérêt général. Enfin, le placement sous surveillance électronique est utilisé aux Etats –Unis, au Canada et dans cinq pays européens, parfois encore à titre expérimental.

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