Communiqué de presse de la section de Toulon
de la Ligue des droits de l’Homme
Un nouveau centre pénitentiaire à Toulon
Le Ministre de la Justice, Dominique Perben, vient à Toulon mardi 20 avril 2004, afin d’inaugurer le nouvel établissement pénitentiaire de Toulon - La Farlède. Ce nouveau centre pénitentiaire remplacera la Maison d’arrêt Saint-Roch, prison vétuste, souvent montrée du doigt par les observateurs ; elle détenait le record de France pour le taux d’occupation : 340 détenus pour une capacité théorique de 144 places - un taux de 230 % !
Le nouvel établissement est présenté comme une « prison à visage humain ». Nous profitons de l’occasion pour rappeler qu’un condamné subit une peine de privation de sa liberté, mais ne doit pas se voir privé de ses droits d’être humain.
Le nouveau centre devrait accueillir 600 détenus. Mais combien de personnes recevra-t-il effectivement ? La question se pose si on observe l’inquiétante progression du nombre des détenus en France : en 4 ans, il est passé de 51 700 à 62 500 (soit + 21%), alors que les prisons françaises ne disposent que de 48 572 places.
En fait la construction de nouvelles places amène toujours plus de détenus, sans résoudre le problème de surpopulation.
Cette augmentation importante du nombre des détenus a plusieurs causes et notamment : le recours trop fréquent à la détention provisoire (35 à 40 % des détenus sont dans l’attente d’un jugement), l’incarcération de personnes qui n’ont rien à faire en prison - des "sans-papiers", des consommateurs de drogues douces, des jeunes délinquants qui pourraient bénéficier de peines de substitution, des personnes souffrant de troubles psychiatriques ...
Depuis deux ans, le gouvernement a développé une politique répressive, faisant de la sécurité l’un des axes majeurs de son action. Tout se passe comme si la Justice avait pour fonction de pallier l’incapacité de la société d’établir une véritable égalité et la justice sociale.
Pour la Ligue des droits de l’Homme, la solution au problème des prisons passe par l’abandon de la politique répressive actuelle et par la lutte contre les inégalités profondes de notre société.
Toulon, le 19 avril 2004