« Elles trient, elles lavent, elles étendent, elles repassent, elles parfument, elles plient, elles rangent avec soin le linge qu’elles vont ensuite porter à leur fils en prison. Puis elles rentrent chez elles, les bras chargés de linge sale. Et le cycle recommence : trier, laver, étendre, repasser, parfumer, plier, ranger…
Ma longue expérience de chroniqueuse judiciaire m’a conduite vers ces mères de détenus. J’ai été profondément impressionnée par toutes celles que j’ai vu témoigner en cour d’assises, capables d’aimer leur enfant envers et contre tout, quelle que soit l’horreur du crime commis.
Hors de l’enceinte judiciaire, j’ai découvert le ballet des sacs de linge, et tout le scénario du film s’est construit autour de la lessive.
Peu d’images de prison, aucune image des fils détenus, nous nous centrons sur les mères, sur leurs gestes, sur leurs mains. Je veux rendre compte de toutes ces heures qu’elles passent à toucher, caresser, manipuler, contrôler le linge. Toutes ces heures qu’elles ne peuvent passer avec leur fils, ces heures volées à la justice, à la prison, à la société.
Plutôt que se demander : quel crime a commis le fils ? je voudrais qu’on en vienne à s’interroger différemment : qui est cette mère ? quelle relation entretient-elle avec son fils ? que se raconte-t-elle pour pouvoir continuer à l’aimer ? de cet amour – ou de cet aveuglement – sommes-nous tous capables ?
Ces mères, je ne les considère ni comme des victimes, ni comme des héroïnes. Ces sont des femmes simples et dignes, issues de tous les milieux sociaux. »
Le film, est produit par Richard Copans (Les Films d’Ici),
Le scénario des Lessiveuses a obtenu l’aide à l’écriture et au développement du CNC en 2007. (Lire à ce propos l’entretien avec Yamina Zoutat sur le site du CNC)
Prix de la Création attribué par la Société Suisse des Auteurs (SSA/Suissimage) au festival Visions du Réel 2011